Le nouveau Premier ministre danois, Lars Løkke Rasmussen, a annoncé le 28 juin la formation d'un gouvernement libéral très minoritaire. Les négociations pour une coalition avec la droite ont échoué.
Une alliance de partis de droite a remporté les élections générales danoises du 18 juin, marquées par la percée spectaculaire du Parti populaire danois d'extrême droite, devenu la deuxième force politique du pays.
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L'alliance, composée des Libéraux, de l'Alliance libérale, des conservateurs et du Parti populaire danois, a obtenu les 90 sièges nécessaires pour représenter la majorité au parlement danois. Mais les négociations pour former un gouvernement se sont avérées compliquées. Le Parti populaire danois, qui a obtenu 37 sièges, a refusé d'y participer, laissant peu d'options aux forces modérées. Mais les plus petits partis de l'alliance électorale ont également été écartés, les centristes décidant au final de gouverner seul.
Le gouvernement libéral de Lars Løkke Rasmussen sera ainsi le plus faible depuis 40 ans ; certains prédisent déjà qu'il ne tiendra pas 18 mois. Avec seulement 34 sièges au parlement, le gouvernement devra obtenir près de 60 autres voix à chaque fois qu'il voudra faire adopter une loi.
« Je suis bien conscient que le gouvernement libéral est un petit gouvernement minoritaire, et même très minoritaire », a déclaré Lars Løkke Rasmussen le vendredi 26 juin.
Lars Løkke Rasmussen voulait d'abord former une coalition avec le Parti populaire danois, ce qui aurait pu renforcer son gouvernement, mais les deux partis se sont avérés trop divisés sur plusieurs sujets : l’immigration, la politique étrangère eurosceptique, notamment les contrôles systématiques aux frontières, les dépenses publiques accrues et l’aide sociale.
Même si Lars Løkke Rasmussen était prêt à accepter un renforcement des règles sur l'immigration, les partis n'auraient pas pu se mettre au diapason sur les politiques sociales et sur les changements radicaux au sein des affaires européennes.
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Durant les négociations, le Parti populaire danois a réclamé la réintroduction du contrôle des frontières, établi en 2010 par le dernier gouvernement libéral au pouvoir. Transgressant les accords de Schengen sur la libre circulation transfrontalière, les contrôles aux frontières ont été éliminés un an plus tard, lorsque le gouvernement de centre gauche prit le pouvoir.
Le parti libéral n'est pas en faveur de ces contrôles frontaliers, qui vont à l'encontre des règles de Schengen, a affirmé Lars Løkke Rasmussen.
« Nous devons respecter les accords de Schengen. Sachant cela, nous ne pouvons pas répondre à la proposition du Parti populaire danois et nous devons nous conformer à nos obligations légales européennes », a poursuivi Lars Løkke Rasmussen.
Il n'en reste pas moins qu'avec 37 sièges sur 179, le Parti populaire danois sera très influent ces quatre prochaines années.
Le parti d’extrême droite s’oppose aussi à la volonté du gouvernement libéral d’organiser un référendum en 2015 pour transformer sa clause d’exemption en matière de justice européenne en une clause de participation plus souple. Le gouvernement danois craint en effet que le pays soit exclu de la coopération policière européenne, Europol, dont il est membre depuis 17 ans.
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La tenue d’un référendum a été annoncée lors de la publication du programme de travail des Libéraux le 28 juin. Un programme beaucoup moins eurosceptique que prévu, puisqu’au vu des résultats des élections, de nombreux Danois s’attendaient à un renversement de la politique pro-européenne du pays.
Les Libéraux veulent soutenir les demandes de réformes du Premier ministre britannique, David Cameron, qui souhaite limiter l'accès des migrants européens à l'aide sociale. Reste à savoir à quel point le gouvernement danois soutiendra les propositions britanniques.
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