“Monsieur Cuche a du perdre le bon sens du paysan s’il porte du crédit aux déclarations de Mme Leuthard qui répète à qui veut l’entendre que la Suisse dispose suffisamment de zones à bâtir mais que ces zones ne sont pas bien placées.”
Sous la plume de Vincent Donzé, Fernand Cuche déclare sans nuance que « le Valais reçoit la nouvelle loi en pleine face parce que ce canton n’a mené aucune réflexion sur son territoire pendant vingt ans » et d’ajouter : « Les terrains constructibles situés en zone d’avalanches, j’espère bien qu’on va les déclasser ! »
Un ancien magistrat, parce qu’il jouit d’une crédibilité particulière, a aussi une responsabilité plus étendue qui devrait l’inciter à vérifier la qualité des informations sur lesquelles il fonde ses affirmations. Ainsi, avec un tant soit peu de curiosité bien placée, Monsieur Cuche aurait appris que le Valais dispose depuis 27 ans d’un service cantonal du développement territorial. Que ce service, sous l’autorité des gouvernements successifs, a largement contribué à faire en sorte que le 61 % de la population valaisanne est devenue propriétaire de son propre logement, ce qui en fait la championne suisse de la propriété privée et la première population a bénéficier au mieux des bienfaits de l’article 108 de notre Constitution helvétique qui demande à la Confédération d’encourager l’accès à la propriété de son propre logement et des terrains nécessaires à la construction.
Ces excellents résultats ont été atteints grâce également à une politique fiscale favorable à une très forte démocratisation de la propriété du sol. Quant aux réserves de terrains à bâtir, elles sont certainement excessives par endroit, mais dans l’ensemble, elles donneront sans aucun doute, dans les 30 prochaines années, la possibilité à la prochaine génération de se loger à un prix raisonnable dans son canton, plutôt que de devoir aller chercher logement dans d’autres cantons ou en France voisine.
Quant « aux terrains constructibles situés en zone d’avalanches » que Monsieur Cuche appelle à déclasser, c’est un peu comme si aujourd’hui nous reprochions aux victimes du Tsunami d’avoir construit en bord de mer. En 1999, dix-sept personnes au total ont perdu la vie dans les quelque 1200 avalanches survenues dans nos Alpes. Certaines de ces avalanches ont emporté des bâtisses datant de plus de 500 ans ! Il a donc fallu revoir et agrandir ces zones de danger ce qui a parfois provoqué cette situation particulière de chevauchement entre zones avalanches et zones à bâtir. Ne pas l’expliquer c’est laisser croire au lecteur que le valaisan serait assez stupide et surtout cupide pour s’accommoder de telles situations. Intellectuellement pas très honnête et surtout méprisant pour les populations de montagne.
Quant à la sauvegarde des terres les plus fertiles, Monsieur Cuche a du perdre le bon sens du paysan s’il porte du crédit aux déclarations de Mme Leuthard qui répète à qui veut l'entendre que la Suisse dispose suffisamment de zones à bâtir mais que ces zones ne sont pas bien placées. Il y en aurait trop dans les zones périphériques et rurales et pas assez dans les zones urbaines en fort développement. De ces propos, on peut légitimement penser que les zones à bâtir de nos grandes agglomérations devront profiter du dézonage des périphéries pour s'agrandir. Cela ne pourra se faire qu'au détriment des meilleures terres agricoles car ces agglomérations se situent toutes déjà au cœur de nos espaces les plus fertiles.
Nous avons le même problème en Valais car la plaine du Rhône s’urbanise à un rythme élevé. 70 % de la population valaisanne y vit déjà et c’est également sur ce même territoire que se trouvent les meilleures terres agricoles du canton. Notre gouvernement en est conscient puisqu’il déclare ne pas vouloir d’une agglomération continue entre Brigue et Monthey. Mais contrairement aux chambres fédérales, il ne propose pas de déshabiller Jean de la vallée, qui grelotte déjà, pour habiller Paul de la plaine qui, lui est en surchauffe.
Je me réjouis déjà d’en débattre de vive voix avec Monsieur l’ancien Conseiller Cuche le 13 février prochain à Saxon et le remercie d’avoir accepté cette invitation.
Jean-René Fournier
La première chose que Fernand Cuche devrait apprendre, c’est que c’est aux Valaisans de gérer le Valais. Le fédéralisme est la clé de voûte de la cosntitution suisse et il est attaqué de toutes parts. Que je sache, les Valaisans ne s’entremettent pas dans le débat Haut vs Bas du canton de Neuchâtel et si une loi fédérale obligeait à réduire le nombre d’hopitaux à un seul pour Neuchâtel – ce qui ne serait pas irrationnel – , il est probable que Fernand Cuche s’y opposerait…