Suisse-Europe : on se calme !

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant
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Il paraît que l’Union européenne hausse le ton face à la Suisse, dans le dossier de la libre circulation. Le problème, ça n’est pas tellement que M. Juncker se chauffe la voix, mais que la moindre variation de tonalité de Bruxelles envers notre pays provoque immédiatement les gros titres et les éditos totalement alarmistes de notre bonne presse en Suisse romande. Encore et toujours, faire au peuple et aux cantons la morale, leur reprocher d’avoir mal voté le 9 février 2014. Toujours la même chanson : « Vous avez osé provoquer l’Union européenne, regardez comme elle se venge, ça va être terrible ».

 

Il existe, pourtant, une autre manière de réagir. Ne pas tant se focaliser sur les grondements sonores de Bruxelles, ne pas toujours parler d’eux. Mais placer, au centre de notre discours, la décision souveraine prise le 9 février 2014 par le corps électoral. Elle implique, très clairement, une régulation de l’immigration, et la mise en place de contingents. Ces éléments-là ne sont plus à discuter. Il s’agit de les mettre en application. Toute autre solution reviendrait à considérer le peuple et les cantons de notre pays, seuls organes de décision lorsqu’il s’agit d’une initiative populaire, comme mineurs, alors qu’ils sont ultimes. Ce serait, sans ambiguïté, bafouer notre démocratie. Et le Conseil fédéral, il lui appartient, calmement, courtoisement, mais avec une implacable fermeté, de l’expliquer à Bruxelles. L’affaire, que d’aucuns s’emploient à tarabiscoter à l’extrême, est aussi simple que cela.

 

Citoyens, ne nous laissons pas impressionner par la titraille d’Apocalypse de ces éditos de nos journaux. Laissons Bruxelles rugir. Et occupons-nous prioritairement de nous –mêmes : nous avons, le 9 février 2014, pris une décision, il s’agit qu’elle soit appliquée. Nous avons peut-être face à nous une machine prétendant représenter 28 pays, eh bien cette bureaucratie si loin des peuples a, en face d’elle, un tout petit pays, 8 millions d’habitants, bien fragile, c’est vrai. Mais un pays gouverné par le corps de ses citoyens, en qui réside la souveraineté. Chez eux, ça n’est pas comme cela, c’est leur droit, respectons-les. Mais chez nous, c’est ainsi.

 

C’est précisément pour résister aux puissances, aux pressions, aux menaces, aux arrogances des grands, à la superbe des empires, que la petite Suisse, au fil des siècles, s’est constituée. Pour ma part, je préfère concentrer mes attentions sur ce que nous sommes, plutôt que sur les émanations sonores d’une usine à gaz qui ne semble connaître ni notre système, ni notre Histoire, ni notre culture politique. Eh bien, renseignons-les. Mais de grâce, ne courbons pas l’échine.

 

Pascal Décaillet, Sur le vif,  30 avril 2015

 

14 commentaires

  1. Posté par coocool le

    Le problème fondamental que nous avons en effet, ce ne sont pas tant les pressions de l’UERSS, mais nos propres peurs, et notre cinquième colonne gauchisante/européiste/idiot utile, qui veut absolument nous faire entrer de force dans le machin bruxellois.

  2. Posté par Palador le

    Il y a une chose que semblent oublier l’UE et la Suisse: Une bonne partie du transit des marchandises en Europe passent par la Suisse, étape obligatoire pour le transit Nord-Sud et inversement. Alors s’ils veulent faire du chantage, on stoppe aux frontières les transports internationaux, c’est à dire ceux qui ne font que traverser le pays. Les détours qu’ils devront faire couteront un saladier aux compagnies de transport. Une arme redoutable, non ? Si on veut vous faire chanter renvoyer l’ascenseur.

  3. Posté par Madelaine le

    Merci Monsieur Décaillet! Votre billet est réconfortant… 🙂

  4. Posté par Marie-France Oberson le

    Je profite de cet excellent billet de M. Decaillet pour signaler la parution du No 78 (mai-juin 2015) du magazine français “La Nouvelle Revue de l’Histoire” qui fait sa Une avec la Suisse .
    “Identité et Démocratie. La Suisse de Guillaume Tell à Oskar Freysinger “
    Tout un dossier sur l’Histoire de notre pays avec un entretien avec notre Oskar national.. A lire sans modération !

  5. Posté par annik le

    Le danger ce n’est pas M. Juncker, ce sont certains suisses qui veulent à tout prix faire revoter sur l’immigration, en première ligne Widmer-Schlumpf qui, à Singapour, claironnait son opinion personnel à même temps que Simonetta Somaruga essayait en vain d’expliquer la démocratie directe à Bruxelles

  6. Posté par Un autre regard le

    Vous avez entièrement raison sur le fond. Le peuple est souverain. Que dit l’Europe ? que la libre circulation est un pilier non négociable donc pas envisageable en Europe. Ok. la Suisse ne fait pas partie de l’Europe. Mais nous avons des accords cadre avec l’Europe ( économique, culturel, sportive, éducatif…) Dans l’ensemble de ces accords il y a la libre circulation des biens et personnes. Et une clause qui est la cause guillotine qui dit que si un accord est rompu l’ensemble des accords devient caduc. Il n’ y a pas de grande Europe et de petite Suisse. Il y a juste deux contractants. Alors mettons fin à cette relation si c’est la conséquence du vote du peuple et assumons en les conséquences sans pleurer, ni geindre, en toute responsabilité .

  7. Posté par Cenator le

    Didier Burkhalter, interviewé hier soir à la radio romande (Forum), tenait essentiellement le même langage que Pascal Décaillet: parlons moins de Bruxelles et travaillons à réaliser le mandat confié par le peuple le 9 février. Un bon point pour lui.

  8. Posté par Philippe Boehler le

    .Merci et bravo à Pascal Décaillet, une plume …libre et authentique…Allez, on va faire rougir, et rugir M Junker, nous les petits Suisses, souverains légitimes de notre pays….

  9. Posté par SilvanaC le

    Merci M. Décaillet! Si seulement plus de politiciens avaient votre bon sens…..
    Une chose à ne pas oublier: si l’Autriche songe à quitter l’UE, pourquoi nos “dirigeants” semblent vouloir y rentrer sournoisement?

  10. Posté par Nicolas le

    En toute simplicité et sans envolée lyrique, le ton adéquat pour rappeler une réalité intransgressible. Bravo, Pascal Décaillet.

  11. Posté par Pierre H. le

    @François

    Et surtout, en plus, je n’accorde aucune légitimité à une union à qui nous n’appartenons pas et donc à des gens pour qui nous n’avons pas voté !

  12. Posté par R. Oppliger le

    Merci M. Décaillet, pour votre bon sens. La franchise de Jean-Claude Juncker est bien connue, et ses déclarations aussi. Par exemple : «Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » ou encore « quand ça devient sérieux, il faut mentir ».
    Avec un tel président, il n’est guère surprenant que l’UE n’accorde aucune importance à la volonté d’un peuple. L’UE ne possède aucune légitimité démocratique. Si elle présentait une sorte de despotisme éclairé, réellement soucieuse des intérêts du peuple, ce serait presque tolérable, mais ce n’est pas le cas, loin de là. Les élites dirigeantes cherchent à abolir tout contre-pouvoir et toute contradiction, et la Suisse est une contradiction démocratique, inacceptable pour M. Juncker.
    Puisse le discernement de M. Décaillet être entendu par nos autorités.

  13. Posté par François le

    100% d’accord avec l’analyse de Pascal Décaillet, nous n’avons pas à nous faire dicter nos choix politiques par une usine à gaz erratique foncièrement problématique qui ne comprend même pas comment elle fonctionne et dysfonctionne tant en son sein que dans le contexte de la mondialisation.

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