Il y a un lien démontré par tous les auteurs, philosophes, sociologues et économistes, entre les libertés économiques et la, ou les, libertés individuelles. La restriction des unes amène la destruction des autres.
La multiplication des interventions de l’Etat, de son Administration et de ses fonctionnaires a pour objectif et pour effet de vous obliger à faire ce que vous ne feriez pas spontanément. En fait, ils vous tordent le bras en continu. A la fin, être tordu devient une seconde nature.
Nos sociétés évoluent de façon perverse. Elles empilent règlements, lois, obligations, à un point tel que, même les plus vertueux sont incapables de vivre sans multiplier, à leur insu, les infractions, les fautes, les entorses. Toute personne qui gère ou a géré une entreprise en a fait l’expérience, il est devenu impossible d’être « dans les clous ».
Les pouvoirs, au fond, s’en fichent et je dirais même qu’ils le savent et que c’est pour cela qu’ils font semblant, de temps à autre, de « libéraliser », de promettre de réviser le carcan administratif, de simplifier, etc. Bien entendu, toute simplification et toute libéralisation n’ont pour effet que d’empiler une nouvelle couche de complexité et de coûts.
Les pouvoirs ne sont pas tous méchants volontairement, ils ne font pas le mal pour le mal, en toute connaissance de caus. Non, ce qui est à l'oeuvre, c'est la logique du Système, c’est sa logique cachée, inconsciente, non pensée. Le système pour survivre et se reproduire a besoin de « toujours plus » ; il dévore ses enfants comme Ugolin. Cela apparaît à l'évidence dans les deux domaines ou il est menacé, la crise financière et fiscale et la crise du terrorisme. L'objectif du Système, si on pouvait parler de lui comme d'une personne est inconnu, non su. Il a une logique sans finalité comme aurait pu dire Bergson. Cependant, tout se passe, objectivement, comme s' il en avait une et si on pouvait mettre un nom dessus on pourrait dire qu'il s'agit de perpétuer un Système de pouvoir. Le pouvoir est encore plus important que l'argent, même s' ils ont partis liés. Dans cet esprit, l'objectif n’est pas de faire respecter les règles de la vie en société, de la vie économique, non, son objectif est de faire de vous des sujets « obéissants ». Obeissant sans « s » serait plus pertinent.
Voilà le grand mot. Il faut fabriquer des sujets, des serfs, des gens qui intériorisent le fait que, quoi qu’ils fassent, ils sont en faute. On construit une nouvelle humanité qui, peu à peu, s’habitue à ne plus réaliser ses libres choix, une humanité qui s’habitue à être épiée, surveillée, et comme le dit Orwell, qui s’habitue à être vue quoi qu’elle fasse, au point que cela devient une seconde nature, craintive et que cela se substitue à l’instinct. L’homme nouveau se fabrique sous vos yeux, sous leurs caméras, sous leurs écoutes, sous le joug de leurs tonnes de lois et règlements. Mon Dieu, est ce que je suis bien passé devant le radar sous les 80 kms heure !
C’est en quelque sorte, la fabrication des Marines américains transposée à la société civile. Pour fabriquer un Marine, il faut briser l’homme, l’être humain qui est en lui: qu’il ne soit plus que « Yes Sir ». Il faut « mater » ce qui résiste, ce résidu de liberté. Ou sans être trop grandiloquent, ce résidu de libre choix. Nous ne sommes même plus dans des techniques, des conditionnements, nous sommes dans l’intrusion, la prise de possession de l’individu. Car ce qui nous constitue essentiellement, c'est ce qui nous échappe, nous tyrannise, c'est notre inconscient.
Ne vous y trompez pas. Quand vous dites, « mais moi je m’en fiche, je fais ce que je veux », c’est faux. Vous ne faites pas que vous voulez car, au fond de vous, vous savez que vous êtes en faute. Même ceux qui ne culpabilisent pas sont affectés parce que ces règles, nous ne pouvons les ignorer, elles finissent par nous être constitutives. Celui qui dit, moi je m’en fiche, n’est pas un être libre, cela devient, cela fait de lui, un être qui transgresse. Il perd cette sorte de légèreté de l’âme que donne la liberté.
Dans un système de liberté et de responsabilité fondé sur la confrontation des besoins, des désirs, des offres, des demandes, qui expriment les préférences des individus, il n’y a nul besoin de multiplier les directives, les lois, les plans, les contrôles et les punitions. Dans un système libéral, cela fonctionne sur l’adhésion alors que, dans les systèmes étatiques, cela fonctionne sur la coercition/contrôle/sanction. Le tout imposé par des Pouvoirs, censés savoir ce qui est bon pour vous.
Il est évident que l’adhésion des citoyens est une condition du fonctionnement du Système. Et la multiplication des déviances, des gens qui n’intériorisent pas les règles de la vie en société, des marginaux de toutes sortes, qu’ils soient nationaux ou importés, est un facteur de dislocation de la société. Un facteur de dislocation de la société qui donne prétexte aux dominants pour vous dominer encore plus, vous!L'existence du mal, de la déviance, de la tricherie, est toujours un prétexte à réduire les libertés, à réduire la sphère du privé, la sphère l'individu. Ainsi les espaces de liberté rétrécissent en peau de chagrin...toujours pour de bonnes raisons.
Même si vous ne buvez pas, vous êtes soumis aux contrôles d’alcoolémie, même si essayez de ne pas tricher le fisc, vous être contrôlé, même si vous respectez les autres et l’humanité qui est en chacun de nous, vous êtes abreuvés des insanités des francais comme Valls et Cazeneuve qui s’adressent à vous comme si vous étiez anti-arabes ou antisémites… même si… On peut énumérer ici tous les actes de votre vie.
Il y a un lien entre, d’une part, l’adhésion des citoyens aux règles sociales et, de l’autre, la capacité de la société à intégrer les déviants, les marginaux, les importés. Plus une société perd de sa capacité à intégrer et plus il faut faire de lois, de règlements, plus il faut imposer, contrôler et punir.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en multipliant les lois, les règlements, les contrôles, les sanctions, ils font de vous, d’un coup de crayon, d’un vote soit disant bien-pensant , ils font de vous des déviants. Des dissidents ou des serfs. Pour dominer, il suffit de baisser sans cesse la barre du tolérable.
Et s’il n’y en a pas assez, pas assez de déviants, « ils en importent », car c’est l’une des fonctions du Grand Remplacement des populations nationales. Importer des gens qui sont difficiles à intégrer et ainsi avoir la justification de nouvelles mesures. Le Grand Remplacement est un moyen de justifier de nouvelles lois, de nouveaux règlements, de nouveaux impôts, d’imposer de nouvelles façons de penser, bref, c’est une arme à leur disposition dans la grande panoplie, sous le grand Panopticon de la mise en servitude des peuples. Ils accueillent, ils fabriquent les in-intégrables.
C’est un processus, une technique, qui bientôt va donner aux Pouvoirs le droit de supprimer la liberté de parole sur Internet. Un processus qui commence à donner le droit d'intrusion dans la vie privée et la vie familiale. Il débouche sur l'autoroute de la transparence, rien ne doit plus échapper au regard, au grand œil. Haro sur les dissidents.
Ils fabriquent tout cela, tout comme ils fabriquent les fraudeurs en haussant les impôts au-delà du raisonnable.
Bruno Bertez, 18 février 2015
excellent article, et oui plus que jamais sous l.oeil de big brother !…
« Le voilà – l’homme qui refuse carrément de voir quelque menace pour notre société – qui estime que s’il fait sa routine quotidienne tranquillement, prend bien soin de la famille et ne prête aucune attention à toute sonnette d’alarme de ce qui est en dehors de sa petite vie, alors l’Organisation des Nations Unies, l’Union européenne ou la Déclaration universelle des droits de l’homme va garantir qu’aucune menace extérieure ne vienne jamais jusqu’à lui – pour lui, toute la réthorique sur le prix de la liberté qui est la vigilance éternelle est tout simplement démodée. Tout malin qu’il est, il sait pertinemment que s’il y avait la moindre conspiration, ou des dangers de corruption ou de subversion de la part du gouvernement, il en entendrait parler à la télévision. Il lit fidèlement ses journaux – acceptant à la fois les faits et les commentaires – et si ce n’était pas vrai, pense-t-il, pourquoi diable cela serait-il imprimé? Et comme toutes ces choses qui vous feraient dresser les cheveux sur la tête comme un contrôle centralisé ou un état policier totalitaire, on sait bien qu’ici, ça ne peut jamais arriver. Après tout, les (soit disant) démocraties occidentales sont le modèle de la tolérance et de la liberté ayant l’obligation d’apporter la paix et l’harmonie dans le monde et dont les médias et les représentants élus l’en ont convaincu. Ah, oublions tout ça ! Passons un bon moment ! Ce soir, il y a la Roue de la Fortune et Ruquier à la télé. Et demain le PSG affronte l’OM ! »
De J.S. Gibb, « The Lemming Folks » (Les crétins)
“Alors que l’on voyait notre défense submergée, et déjà quelques courages faiblir, nous fûmes quelques uns à penser qu’il faudrait sans doute continuer en nous plaçant dans la perspective de l’offensive.”
Guy Debord
CQFD. Bravo!