Extraits
Ephéméride
Le 14 novembre 1967, Guy Debord publiait "La société du spectacle", un essai fondamental pour la compréhension de l'époque post‑soixante‑huitarde. L'auteur s'y livrait en effet à une critique radicale de la marchandise et de son despotisme. Debord, disparu en 1994, a conceptualisé ce que Marx avait déjà annoncé dans "le Capital" et dans "les Manuscrits de 1844". Reprenant chez Marx deux concepts fondamentaux, "le fétichisme de la marchandise" et "la théorie de l'aliénation", qu'il appliquait à la société de consommation, Guy Debord mettait en évidence l’individualisation dans les processus post‑industriels. Le spectacle s'impose à nos sens et à notre conscience via un ensemble de manifestations culturelles, politiques et économiques dont le but premier est d'asseoir la dictature marchande. Ainsi, tout récemment, de la comédie du "Mariage pour tous", derrière lequel se cachent les juteux marchés de la PMA et de la GPA ; ce n'est finalement que le stade achevé du despotisme marchand et de la vampirisation des êtres. Depuis mai 68, l'histoire contemporaine, dans son tropisme ultra‑libéral, a en tout point validé les analyses pessimistes de Guy Debord.
Grands sujets
Un rapport du Sénat ravive le communautarisme
Un rapport de lutte contre les discriminations a été adopté dans la douleur mercredi dernier au Sénat, et ravive l’épineux problème du communautarisme en France
Adopté au milieu des plus vives contestations, le rapport de lutte contre les discriminations n’en finit pas de faire polémique. Car ceci aurait pour effet de donner un statut juridique aux communautés en France. Ses auteurs préconisent en effet la mise en place de statistiques sur l’origine ethnique des Français lors du recensement quinquennal ; ils militent pour un agrandissement des carrés musulmans dans les cimetières ; ils suggèrent enfin de créer une action de groupe pour les minorités discriminées : ainsi, les tribunaux verront se déchirer entre eux les communautés qui composent aujourd’hui le pays. La justice deviendra le théâtre d’une guerre civile larvée.
Le point le plus houleux du rapport concerne l’enseignement du « fait religieux » à l’école publique
Le rapport Benbassa suggère d’enseigner, je cite : « Le fait religieux au cours de la scolarité en dispensant la formation nécessaire aux enseignants ». Selon les auteurs du rapport, sera ainsi mise en place « une laïcité de tolérance, d'ouverture, de connaissance, et pas une laïcité rabougrie, de repli sur soi et d'ignorance ».
Il semblerait donc que le gouvernement veuille changer son arme d’épaule en matière de laïcité
Si des cours sur les religions étaient institués à l’école, cela prendrait le contre‑pied apparent du laïcisme forcené d’un Vincent Peillon, promoteur de l’enseignement d’une morale laïque en classe. Pour autant, ce serait la même idéologie qui serait à l’œuvre : celle qui veut faire de l’enseignant de l’Education nationale un catéchiste, armé d’un bréviaire laïque, ou religieux. La religion serait alors à la portée des interprétations des professeurs, en proie à toutes les déformations et ce au détriment de l’enseignement des parents, et des représentants attitrés des Eglises. L’adhésion à une religion construit l’enfant ; elle lui donne des repères, lui trace la route, le munissant d’une grille de lecture du monde. Mais l’apprentissage superficiel d’une science des religions comparées est stérile, brouille les cartes et mène au relativisme absolu. Ainsi le « laissez venir à moi les petits enfants » de l’Evangile serait révolu ; l’Etat deviendrait l’intermédiaire obligé entre Dieu, et les enfants. Après s’être institué Providence, et puis chef de famille, l’Etat français voudrait‑il devenir prêtre ?
L’affaire Sagnol, énième victoire de la bien‑pensance médiatique
L’affaire Sagnol : quand la dictature de la pensée l’emporte sur le bon sens
Les propos de Willy Sagnol, entraîneur de l’équipe de football de Bordeaux, n’ont pas fini de faire jaser. Le 3 novembre dernier, il déclarait aux lecteurs de Sud‑Ouest : « L'avantage du joueur, je dirais typique africain : il n'est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n'est pas que ça, c'est aussi de la technique, de l'intelligence, de la discipline. Il faut de tout. Il faut des Nordiques aussi. C'est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité. Une équipe de foot, c'est un mélange ». Fin de citation. Dès le lendemain, la plupart des médias français se sont saisis de cette déclaration en hurlant au racisme. Chacun y est allé de sa petite phrase, de Pape Diouf traitant Sagnol de « sous‑Zemmour », au Parti Socialiste, réclamant des sanctions exemplaires à l’encontre de l’intéressé.
Le 5 novembre, au milieu de ce concert de bien‑pensants, une voix s’est élevée, la voix d’un membre de la communauté noire, une voix très concernée. Et pas des moindres puisqu’il s’agissait d’Hapsatou Sy, chroniqueuse sur « Le Grand 8 »
Mme Sy a affirmé ne pas comprendre la polémique, et n’avoir trouvé aucune dérive raciste dans les propos de l’entraineur. Pour elle, il ne s’agissait que de considérations techniques touchant à un domaine particulier : celui du football. Mais ce mardi 11 novembre, sous la pression d’une véritable chasse aux sorcières sur les réseaux sociaux, Mme Sy s’est rétractée. Elle a affirmé ne pas se renier, mais elle s’est rétractée. Quelques heures avant, subissant le même type de pression, Willy Sagnol s’était publiquement excusé, lisant les larmes aux yeux un texte qu’on lui avait écrit.
Ce double épisode est particulièrement révélateur de l’emprise qu’ont certains lobbies sur le monde médiatique, et de la dictature qu’ils font régner sur la pensée, en dépit du bon sens
Toutes proportions gardées, les régimes communistes appliquaient exactement les mêmes méthodes pour imposer leurs idées : dépistage des « traîtres », pression psychologique et médiatique, obligation pour les coupables de se confesser publiquement, et finalement une grande mise en scène théâtrale ayant pour but d’endormir le public. Et pourtant, pour qui s’y connaît, les propos de Sagnol étaient justes. Mais ce n’est plus ça le problème aujourd’hui.
Brèves françaises
Le premier djihadiste condamné en France ?
Flavien Moreau est un Français de 28 ans, délinquant converti en prison à l’islam radical. Il avait rejoint un groupe djihadiste en Syrie, et a été arrêté alors qu'il tentait d'y retourner. Il a été condamné hier, par le tribunal correctionnel de Paris, à sept ans de prison ferme.
Le jeune homme affirme toutefois n'avoir pris part à aucun combat. Il a assuré n'être resté en Syrie qu'une dizaine de jours. « J'ai eu beaucoup de mal à ne pas fumer », raconte‑t‑il, « parce que fumer, c'était interdit dans la katiba (...) Alors j'ai laissé mon arme à mon émir et je suis parti ». En réalité, Flavien a été mis à la porte du bataillon à cause de son incompétence dans le maniement des armes…
Il est ainsi le premier djihadiste à être jugé et condamné en France ! Ce n'est toutefois qu'un djihadiste en herbe, pas très malin de surcroît, (qui se dit pour Al‑Qaida…, mais contre la violence).
A ce jour les autorités n'ont pas encore condamné de véritable combattant islamiste.
Les couacs du gouvernement autour d’une promesse de pause fiscale
Y aura‑t‑il de nouvelles hausses d'impôts en 2015 ? Christian Eckert, secrétaire d'Etat chargé du budget, ne l'a pas exclu. François Hollande assurait pourtant le 6 novembre qu'« à partir de l'année prochaine, il n'y aura pas d'augmentation d'impôts sur qui que ce soit ».
Jeudi matin, Christian Eckert s'est montré beaucoup plus prudent, estimant, je cite : « Qu'on ne peut pas graver dans le marbre une situation qui dépend d'un contexte international que nous ne maîtrisons pas ».
Quelques minutes plus tard, le porte‑parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a tenu à démentir les propos de M. Eckert. « Il n'y aura pas de hausse d'impôt décidée l'année prochaine, en 2015, par le gouvernement, a‑t‑il affirmé sur i>Télé. Pour moi, la décision est gravée dans le marbre. La porte est fermée ». Fin de citation.
Ces multiples errements de communication du gouvernement sur une énième annonce de pause fiscale illustrent la légèreté d’une telle promesse ; ils annoncent l'amertume des renoncements à venir.
La peine de perpétuité réelle validée par l’Europe
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a validé hier la condamnation à la réclusion à perpétuité incompressible, applicable en France. Cette peine, appelée "perpétuité réelle", écarte les aménagements qui permettraient d'écourter l'incarcération à vie de certains condamnés dangereux. En 2007, le tueur Pierre Bodein, le troisième condamné à la peine incompressible, avait contesté sa condamnation. Il se disait victime d’un traitement "inhumain et dégradant".
La décision de la CEDH instaure une meilleure justice pour les victimes, et leurs familles. Comme le dit Philippe Bilger, « la perpétuité des victimes et des familles, elle, est réelle. Elle est illimitée ».
Brèves internationales
La Bundesbank autorise la première planche à billets européenne
Depuis la terrible crise financière de septembre 2008, l'Allemagne avait résisté aux pressions des marchés financiers : elle interdisait toujours à l'Union européenne toute monétisation par impression de billets de banque. Mais la planche à billets américaine arrive aujourd’hui à son terme. Il faut donc bien des acquéreurs crédules pour racheter les bons du Trésor des Etats européens, afin d'éviter la banqueroute des pays de l'Union. Puisque le dollar n'y suffit plus, la BCE va donc imprimer 1 000 milliards d'euros dans le seul but de remonter les places financières. Pour l'économie réelle, c'est l'hyperinflation qui menace à plus ou moins court terme. L’Allemagne, qui redoutait tant l’inflation, a failli à ses principes : à quand une République de Weimar européenne ?
Moscou dénonce la présence de l’OTAN le long de ses frontières
Arguant de la nécessité de garantir la sécurité des alliés, l’OTAN a dépêché des renforts en mer Baltique et en Méditerranée. Des avions de reconnaissance de l'Alliance survolent régulièrement les Etats Baltes, la Pologne et la Roumanie. L’OTAN a en outre annoncé l'augmentation des effectifs, l'élargissement du programme d'exercices militaires, le renforcement de son système d'alerte précoce et de ses forces de réaction rapide.
Le porte‑parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch, a dénoncé hier ce comportement. Selon lui, l’Alliance cherche à justifier le renforcement de sa propre présence militaire près des frontières de la Russie par des accusations exagérées. Le diplomate a déclaré, je cite : "On entend des déclarations fracassantes des représentants de l’OTAN sur la soi‑disant présence de militaires russes en Ukraine. A quoi cela sert‑il ? (…) A attiser la tension, à argumenter le comportement de l'Alliance elle‑même qui n'hésite pas à instrumentaliser la crise ukrainienne pour justifier ses démarches, qu'il s'agisse d'exercices d'envergure ou de l'accroissement de son potentiel militaire à proximité des frontières russes".
La bonne nouvelle du jour
est cosmique
Jean‑Yves Le Gall, président du Centre national d'études spatiales (le CNES), a confirmé hier que les conséquences fâcheuses de l’atterrissage un peu chahuté du robot Philae sur la comète « Tchoury » semblent dorénavant maîtrisées. De son côté Marc Pircher, directeur du CNES à Toulouse annonce une moisson de données extraordinaires. La mission de Philae est proprement prométhéenne : il s’agit ni plus ni moins de percer le mystère de l’origine du système solaire, et de l’apparition de la vie sur Terre.
Deux événements d’importance peuvent retenir notre attention dans les prochains jours :
‑Demain, à Paris, se tiendront les grandes assises de la Remigration ; le retour au pays de manière pacifique et concertée d'une grande partie des immigrés y sera envisagée par des universitaires, des responsables politiques et associatifs prestigieux. Le rendez‑vous est donné de 14 à 19 h, au 13 quai de Grenelle.
‑Par ailleurs, l’association pour l’Histoire organise ce lundi 17 septembre un colloque intitulé : « Rwanda, un cas de désinformation historique ?». A 20 heures, à la Maison des Mines, au 270 rue Saint‑Jacques, à Paris, des historiens de qualité menés par Philippe Conrad et Bernard Lugan rétabliront la vérité sur ce cas de désinformation historique concernant l’armée française.
Demain, samedi 15 novembre votre rendez‑vous avec votre kiosque courtois, qui vous sera présenté par Jean‑Yves Le Gallou et Anne Dufresne.
Et vous, qu'en pensez vous ?