Quand la lâcheté politique tue
Un Kosovar a assassiné son épouse au moyen d’un fusil de chasse à canon scié jeudi dernier dans le canton de Fribourg. Le personnage avait été détenu durant deux mois en demi entre septembre et décembre 2024 dans le cadre d’une procédure pour violences domestiques. Il avait été relâché sous conditions. Interdiction d’approche et de contact, suivi thérapeutique de gestion de la violence et suivi de probation. Pareil laxisme laisse perplexe. La dangerosité du personnage était connue comme le démontre la durée de son séjour carcéral. On ne reste pas en détention durant une dizaine de semaines pour quelques propos malheureux. Et pourtant, en pratique, le criminel a été remis sur rue sans contrainte aucune. Tout dépendait de son bon vouloir. Avec le résultat qu’on connait.
Notre société porte une très lourde responsabilité dans ce drame. Nous n’avons toujours pas voulu nous doter de moyens efficaces permettant de protéger les victimes de violences, qu’elles soient domestiques ou autres. On reste toujours sur la bonne vieille vision gauchiste selon laquelle les auteurs ne sont en fait que les victimes du système. On ne leur donne pas les moyens de réussir leur vie, leur intégration. S’ils sont violents, c’est juste pour se défendre face à une société hostile. S’ils s’attaquent volontiers à plus faibles qu’eux, c’est simplement pour attirer l’attention sur leur difficile situation, un appel à l’aide en quelque sorte. Vu comme ça, l’indulgence s’impose en dépit du bon sens.
La naïveté des autorités vient de tuer une fois de plus. Car oui, la victime méritait notre protection. Elle n’y a pas eu droit. Parce qu’à Berne, depuis quinze ans, vous avez bien lu, depuis quinze ans, on s’interroge sur l’utilité du bracelet électronique. Le principe fonctionne depuis 2009 en Espagne avec des résultats spectaculaires à telle enseigne que dix ans plus tard, pas une seule femme protégée par la surveillance électronique n'avait été assassinée comme le faisait savoir la Ministre de la Santé. En Suisse, on s’interroge encore tandis que le sang coule. Mais promis, les autorités feront enfin leur travail, cet assassinat sera le dernier. Comme tous les autres.
Yvan Perrin, 12.04.2025
Les magistrats ont le privilège unique au sein de la société de ne répondre devant personne pour leur prise de décision. En effet, il est même interdit d’en parler.