L’enfant est l’avenir de l’homme, d’Azilis Le Corre

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Après Louis Aragon, Jean Ferrat chantait La femme est l'avenir de l'homme. Une jeune mère de deux enfants, Aziliz Le Corre, chante, elle, aujourd'hui, L'enfant est l'avenir de l'homme.

Elle n'est pas dans le tempo de l'époque: L'humanité n'a plus le coeur à la fête. Car l'humanité ne se voit plus d'avenir et ne voit pas de raisons de se reproduire. C'est du moins ce que l'auteure constate en France.

 

Pourquoi ne plus engendrer?

  • Pour sauver la planète.
  • Parce que les ressources de la terre sont limitées et qu'elle risque d'être surpeuplée.

Ce qui ne signifie pas abstinence sexuelle... mais sans que l'enfant paraisse.

D'aucuns, des hommes, sont même favorables à l'instauration d'un permis de procréer, qui se traduirait par un contrôle social à la chinoise et par une atteinte de l'État aux libertés individuelles.

Quoi qu'il en soit, pour un certain nombre de femmes qui ne veulent tout simplement pas enfanter, le sauvetage de la planète permet de se donner bonne conscience. L'une d'elles a confié à l'auteure:

Tant mieux si ça sert cette cause.

 

Pour l'auteure la maternité n'est pas une aliénation. Elle renvoie dos à dos les féministes universalistes et les nouvelles égéries:

  • Les premières parce qu'elles voient dans la maternité une construction sociale et qu'elles veulent déconstruire le donné naturel et abolir la différence des sexes.
  • Les secondes parce qu'elles rejouent le mythe de la ménagère moderne, en apparence parfaite, dévouée à leur famille sans jamais s'oublier.

 

En connaissance de cause, elle dit que la maternité est faite de joies et d'émerveillement, qu'elle n'est pas pour autant un chemin bordé de roses.

La société est devenue liquide, c'est-à-dire une société où il n'existe plus de structures solides, où le mouvement perpétuel a pris le pas sur le durable:

Tout doit être soumis au choix.

Et aux désirs:

La famille a été l'une des structures les plus malmenées par cette volonté de transformer le réel selon ses désirs.

Mais dans une telle société, où il n'existe plus de relations d'interdépendance, la relation parent-enfant demeure un des seuls attachements qu'on ne peut briser.

 

L'auteure rappelle que:

  • Être une femme, c'est avoir la capacité d'engendrer dans son propre corps. Quand l'homme engendre dans le corps d'autrui.
  • Être femme est à la fois un donné biologique, mais aussi phénoménologique: transformation du corps tout au long de la vie, révélation de l'autre sexe, apogée de la maternité.

Il y a donc bel et bien une différence des sexes. On ne devient d'ailleurs pas parent au même moment:

  • On devient mère dans sa chair avec la grossesse.
  • On devient père par reconnaissance de la mère, avant de reconnaître l'enfant.

 

Dans le cas de l'auteure, le père de ses enfants est associé à l'aventure et à la découverte du monde, tandis qu'elle demeure la matrice accueillante.

Pour les deux parents, l'enfant est un surplus de vie! Il [leur] permet de renaître à [eux-mêmes] pour devenir profondément libres.

Mieux, l'enfant est le trait d'union entre ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous serons. Il est la seule possibilité d'une renaissance.

Elle ajoute: C'est seulement parce que nous pouvons craindre la disparition de l'humanité que s'impose à nous l'évidence de la préserver.

 

Comment exercer cette responsabilité? En transmettant ce cadeau [de la vie] que nous avons reçu - sans le commander.

Comment le transmettre, sinon par l'éducation qui ne doit être ni spartiate, ni positive:

Tout parent est un éducateur. Il n'est pas là pour tirer le meilleur de son enfant, mais pour faire jaillir la vie sans la réprimer. Il est celui qui accueille: il répond à l'appel de son enfant et le prend en charge en acceptant de répondre de sa vie.

Tout parent doit donc faire de son mieux et apprendre de cette vie qu'il contribue à faire grandir: Éduquer c'est aussi s'éduquer.

 

Aziliz Le Corre n'oublie pas ceux qui ne peuvent avoir d'enfant: La fécondité ne se limite pas au fait d'être parent. Elle réside dans le soin et l'attention portés à l'autre: l'accompagnement des jeunes enfants, des personnes âgées, l'éducation, la transmission des savoirs et des savoir-faire.

La fécondité peut aussi être spirituelle, en transmettant la vie de l'âme et de l'esprit. Ce n'est pas un "lot de consolation" pour celles qui n'ont pas d'enfant: elle est simplement d'un autre ordre. Et nécessaire. Pour nous tous. À tout âge.

La fécondité est indissociable de l'amour, comme l'amour conjugal l'est de l'amour parental:

L'amour est "un". La cellule familiale est ce lieu exemplaire où s'éprouve la communion des personnes, où se conjugue le "Je" et le "Nous". Mais elle n'est pas un absolu, ni un espace clos. Elle est ce lien entre le particulier et l'universel. Aimer, c'est aussi avoir le monde en partage. Anthropologiquement, la cellule familiale est la matrice de notre civilisation.

 

Après avoir rappelé que la famille relève de la nature, plus encore que de la culture, elle conclut:

C'est à nous, désormais, qu'il incombe de perpétuer la civilisation de l'amour que l'Occident a érigée.

L'avenir nous regarde.

 

Francis Richard

 

PS

En fait le livre se termine par une Lettre à une amie qui ne veut pas d'enfant et qui ne sera peut-être jamais mère, mais qui est féconde et se réalisera sans doute autrement.

 

L'enfant est l'avenir de l'homme, Aziliz Le Corre, 256 pages, Albin Michel

 

Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

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