Ndlr. A ne pas manquer
La relation privilégiée de la Commission Bouchard-Taylor avec l’organisation islamiste Présence Musulmane de Tariq Ramadan
En marge du dixième anniversaire de la Commission Bouchard-Taylor
Publié le 12 septembre 2016 @12:07
Table des matières
PARTIE 1 – Introduction
PARTIE 2 – D’autres articles récents de Point de Bascule sur la Commission Bouchard-Taylor
PARTIE 3 – Youssef Qaradawi
PARTIE 4 – Les principales manifestations de proximité entre la Commission Bouchard-Taylor et l’organisation islamiste Présence Musulmane
PARTIE 5 – Chronologie / La Commission Bouchard-Taylor et Présence Musulmane
* * * * *
PARTIE 1 – Introduction
À l’approche du dixième anniversaire de la Commission Bouchard-Taylor (créée par le premier ministre Jean Charest le 8 février 2007), Point de Bascule a entrepris de publier quelques articles pour faire ressortir l’ignorance volontaire de la Commission face à la menace islamiste lorsqu’elle mena ses travaux en 2007-2008.
Après les attentats du 11 septembre 2001, après ceux de Londres en 2005, après l’arrestation des 18 de Toronto en 2006 et la condamnation de neuf d’entre eux pour avoir préparé plusieurs attentats terroristes en Ontario, après les arrestations d’Ahmed Ressam (1999), Momin Khawaja (2004), Sleiman el-Merhebi (2004) et Saïd Namouh (2007) pour des activités liées au terrorisme islamiste au Canada et leur condamnation subséquente, il n’y avait plus de raisons de douter de l’existence d’une menace islamiste au Canada et au Québec en particulier.
Après l’arrestation des 18 de Toronto en 2006, André Pratte de La Presse écrivait : «Les Canadiens doivent sortir de leur confort et de leur naïveté. Le terrorisme [est] bel et bien une menace qui pèse sur toutes les sociétés démocratiques. Dont le Canada. […] Le groupe fait partie de cette nouvelle forme de terrorisme qu’on pourrait baptiser ‘terrorisme islamiste maison’. […] Comme l’ont appris à leurs dépens les Britanniques lors des attentats dans le métro de Londres il y a un an, ce terrorisme-là est particulièrement sournois. Ces militants sont bien intégrés à la société dans laquelle ils vivent.»
Rien de tout cela n’ébranla Gérard Bouchard et Charles Taylor qui conclurent leur rapport de 2008 en affirmant que «[p.18] Quand on compare la situation au Québec avec celle de plusieurs pays européens, on s’aperçoit que plusieurs craintes qui peuvent être justifiées ailleurs ne le sont pas nécessairement ici».
Encore en 2013, Gérard Bouchard a affirmé au Maroc, lors d’une conférence organisée par l’ISESCO et l’Organisation de la francophonie que les craintes des Québécois sur la menace islamiste sont irrationnelles car elles sont «nourries de perceptions non fondées». À cette occasion, M. Bouchard avait également déclaré au Devoir que «le complot islamiste, craint par de nombreux Québécois, ne représente pas un risque réel au Québec».
L’ISESCO qui a accueilli Gérard Bouchard au Maroc en 2013, est une agence de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) qui regroupe les pays musulmans.
L’OCI refuse d’endosser la Déclaration universelle des droits de l’homme, notamment parce qu’elle s’oppose à son article 18 qui reconnait la liberté de changer de religion. En 1990, l’OCI a adopté sa propre Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en islam qui stipule aux articles 24 et 25 que les droits et libertés qu’elle reconnait sont soumis aux dispositions de la charia et que la charia demeure l’unique référence pour interpréter sa Déclaration des droits. L’article 22a, en particulier, stipule que «Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria».
Dans son rapport final, la Commission Bouchard-Taylor refusa également de considérer la dimension idéologique (pré-violente) de l’offensive islamiste. Avant même que la Commission Bouchard-Taylor ne soit créée en 2007, plusieurs leaders islamistes influents avaient pourtant encouragé leurs partisans à pénétrer les institutions pour faire appliquer progressivement des règles de charia.
Ainsi, en 2004, dans une interview au magazine Egypt Today, le leader de Présence Musulmane, Tariq Ramadan, avait enjoint les islamistes opérant spécifiquement au Canada d’utiliser le cadre légal canadien («un des plus ouverts dans le monde», avait-il souligné) pour faire passer discrètement les principes de charia un à un. À l’époque, Tariq Ramadan avait fortement enjoint ses partisans de ne pas mentionner ouvertement leur appui à la charia : «Le terme charia est mal vu dans l’esprit des Occidentaux», avait déclaré Ramadan. «Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus», avait-il ajouté.
En 2007, un journal pro-iranien de Montréal rapportait que le même Tariq Ramadan avait animé un séminaire au Québec lors duquel il avait expliqué, citations du Coran et des hadiths à l’appui, comment ‘utiliser’ (sic) les ‘accommodements raisonnables’ pour atteindre l’objectif d’islamisation progressive et insidieuse de la société qu’il avait présenté trois ans plus tôt.
En 2013 à Detroit, Tariq Ramadan déclara devant ses partisans que «le jihad c’est la façon par laquelle nous faisons appliquer la charia» et il les encouragea à devenir journalistes «pour influencer les perceptions».
Au début des années 2000, Jamal Badawi, a incité les musulmans à devenir juges et fonctionnaires et à utiliser leur discrétion dans l’application des lois pour ne pas appliquer les dispositions des lois actuelles contraires à la charia.
Jamal Badawi a été désigné «comme étant l’un des meilleurs sinon le grand spécialiste de l’Islam en Amérique du Nord» par le directeur exécutif du Conseil national des musulmans canadiens (CNMC / appelé CAIR-Canada à l’époque) devant un comité du Sénat canadien en 2004. Jamal Badawi et Tariq Ramadan sont membres de l’Union mondiale des savants musulmans dirigée par le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi. Le CNMC / CAIR-Canada et Présence Musulmane de Tariq Ramadan sont deux organisations islamistes que la Commission Bouchard-Taylor a recommandé au gouvernement d’appuyer dans son rappport final (voir p.236 / note 91).
La Commission Bouchard-Taylor a également conclu que, si une menace devait malgré tout se présenter, il fallait laisser la police s’en occuper : «[p.234] Qu’on laisse aux forces policières le soin de débusquer la menace terroriste là où elle se trouve – s’il s’en trouve. Pour le reste, les Québécois ont le devoir de traiter équitablement les citoyens sans reproche.»
Cependant, la police n’a ni le mandat, ni les ressources pour s’attarder aux aspects pré-violents de l’offensive islamiste : qu’on pense aux demandes répétées des islamistes pour limiter la liberté d’expression, à leur utilisation des ‘accommodements raisonnables’ et du ‘dialogue interreligieux’ comme tactiques de subversion, à leur recours systématique à la dissimulation, codifié dans des manuels de charia comme l’Umdat Al-Salik (sections r10.1 à r10.3), etc.
Ces dernières années, Haroun Bouazzi, qui a conseillé le gouvernement Couillard en matière de sécurité a multiplié les déclarations pour semer la confusion sur la menace islamiste. Il a notamment déclaré que «Il n’y a pas une seule Charia» / WebArchive, ce qui fait passer le message que des versions de la charia seraient acceptables, il a nié la différence entre le crime d’honneur et les cas de violence familiale pour lesquels la famille n’est pas complice de l’assaillant, etc. Bien que ce genre de propos serve complètement la cause des islamistes, ce n’est pas le travail de la police de les réfuter.
Dans un monde idéal, ce seraient des intellectuels comme Gérard Bouchard et Charles Taylor qui dirigeraient l’opposition idéologique au totalitarisme islamiste et qui feraient remarquer à Haroun Bouazzi que, selon l’Umdat Al-Salik, le manuel de charia endossé par l’Université Al-Azhar, le plus prestigieux centre d’enseignement de l’islam sunnite dans le monde, environ 75% des conclusions des quatre écoles d’interprétation sunnites sont identiques (voir p.vii). Malheureusement, depuis des années, Gérard Bouchard et Charles Taylor ont choisi de s’associer à l’autre camp.
Un des facteurs qui a contribué aux conclusions complaisantes de la Commission Bouchard-Taylor sur la menace islamiste est indéniablement sa proximité avec l’organisation islamiste Présence Musulmane de Tariq Ramadan.
La Commission Bouchard-Taylor était une commission de consultation et non pas une commission d’enquête comme la Commission Charbonneau, par exemple, soumise formellement aux exigences de la Loi sur les commissions d’enquête du Québec.
Cependant, en redéfinissant le mandat qui leur avait été confié par le premier ministre Charest ou en l’abordant «dans un sens large» / Rapport p.17 (selon l’explication qu’en donnèrent Gérard Bouchard et Charles Taylor) pour se prononcer sur des questions de sécurité nationale, la Commission Bouchard-Taylor avait l’obligation morale de faire montre de vigilance dans le choix de ceux qu’elle consulterait et recommanderait.
On aurait dénoncé que des membres de la Commission Charbonneau, responsables d’enquêter sur des matières criminelles, sur la présence de la mafia dans l’industrie de la construction, rencontrent privément des membres du crime organisé pour se faire conseiller, qu’ils participent aux activités sociales de la mafia, etc. Pourtant, après avoir choisi de se prononcer sur des enjeux de sécurité nationale impliquant les islamistes, c’est exactement ce que fit la Commission Bouchard-Taylor.
À elle seule, la promotion connue en 2007-2008 d’idéologues du totalitarisme islamiste et de la conquête islamique de l’Occident comme Syed Maududi et Youssef Qaradawi par Tariq Ramadan et Salah Basalamah, les principaux dirigeants de Présence Musulmane, aurait dû convaincre la Commission Bouchard-Taylor que cette organisation faisait partie du problème et non pas de la solution et qu’il était inapproprié de l’impliquer dans ses travaux.
Dans ce qui suit, nous présentons les éléments suivants :
- Une liste de positions clés défendues par Youssef Qaradawi, le guide spirituel des Frères Musulmans, dont l’endossement par les leaders de Présence Musulmane était connu en 2007-2008 et avec lequel ils avaient déjà collaboré à l’époque de la Commission Bouchard-Taylor;
- Un sommaire des principales manifestations de proximité entre la Commission Bouchard-Taylor et l’organisation islamiste Présence Musulmane;
- Une chronologie des interactions entre des membres de la Commission Bouchard-Taylor et ceux de Présence Musulmane. Nous avons inclus dans cette chronologie plusieurs informations (connues en 2007-2008) sur le contexte islamiste dans lequel évoluait Présence Musulmane lorsque la Commission a choisi de collaborer avec cette organisation.
Bases d’opération de Présence Musulmane à travers le monde, telles qu’identifiées sur le site internet de l’organisation en 2011. À droite, une photo de Tariq Ramadan prise lors d’une activité en Côte d’Ivoire en 2010.
Le site anglais de Présence Musulmane a décrit l’organisation comme «un groupe de citoyens musulmans qui suivent les idées de Tariq Ramadan» («a group of Muslim citizens who follow the ideas of Tariq Ramadan»).
Selon Yamin Makri, un proche collaborateur de Tariq Ramadan, c’est en 1996 que l’organisation Présence Musulmane a été lancée en Europe «à l’initiative du Pr. Tariq Ramadan [pour] agi[r] sur toute la zone francophone». La succursale canadienne a été mise sur pied le 8 juillet 2001, en présence de Tariq Ramadan, sous le nom de Réseau inter-associatif des musulmanes et musulmans de l’espace francophone du Canada. Elle sera renommée Présence Musulmane Canada en septembre 2003. Après quelques années, l’organisation a étendu ses activités au Canada anglais, en particulier à Ottawa et Toronto. En janvier 2015, peu de temps avant que Présence Musulmane ne ferme ses sites internet, Tariq Ramadan et Salah Basalamah étaient toujours identifiés comme des collaborateurs de l’organisation.
PARTIE 2 – D’autres articles récents de Point de Bascule sur la Commission Bouchard-Taylor
Cet article est le troisième de notre série sur la Commission Bouchard-Taylor. Le premier rappela l’adoption d’une motion anti-charia par l’Assemblée nationale en 2005 et la décision subséquente de la Commission Bouchard-Taylor d’en combattre l’esprit et de consulter privément non pas les partisans de cette motion mais Salah Basalamah et d’autres islamistes qui s’y étaient opposés.
À l’époque du vote sur la motion anti-charia, Salah Basalamah nia l’existence d’une menace islamiste et qualifia l’initiatrice de la motion, la députée Fatima Houda-Pepin, de «pourfendeuse des islamistes imaginaires».
En 2008, un ancien doyen de la Faculté de droit de McGill a présenté Basalamah comme «le représentant de Tariq Ramadan ici au Canada».
Le deuxième article de Point de Bascule sur la Commission Bouchard-Taylor a fait ressortir la mauvaise foi de son coprésident, Charles Taylor, quand il affirma, lors d’une séance publique de la Commission en 2007, que l’excision est complètement étrangère à l’islam. Lors de sa prise de position, Charles Taylor avait démontré qu’il préfère défendre la réputation d’un islam idéal qu’il s’est concocté plutôt que d’examiner ce que dit la version dominante (mainstream) de l’islam sur la question. Nous avons conclu ce second article en soulignant que «quand Charles Taylor applique la même méthode aprioriste en s’aventurant sur le terrain de la sécurité nationale et en minimisant les risques de la menace islamiste au Québec comme il l’a fait dans le rapport de la Commission qu’il a coprésidée en 2007-2008 / WebArchive, il pave la voie aux conséquences les plus dramatiques.»
ARTICLE 1 / Point de Bascule (17 juin 2016) : De la motion anti-charia adoptée par l’Assemblée nationale du Québec en 2005 à la Commission Bouchard-Taylor
ARTICLE 2 / Point de Bascule (22 juin 2016) : Charles Taylor (2007) : «L’excision n’est pas dans le Coran. Ce n’est pas dans la religion musulmane.»
PARTIE 3 – Youssef Qaradawi
Au moment où la Commission Bouchard-Taylor a choisi de s’associer à l’organisation islamiste Présence Musulmane, il était déjà de notoriété publique que Salah Basalamah et Tariq Ramadan, les leaders les plus connus de l’organisation au Québec à l’époque, endossaient et avaient collaboré de près avec le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi.
À plusieurs reprises avant la création de la Commission Bouchard-Taylor en 2007, Qaradawi lança l’appel à ses partisans de ‘conquérir l’Occident’ au nom de l’islam et d’y organiser une offensive idéologique pour y imposer progressivement la doctrine islamique.
Au début des années ’90, Qaradawi a affirmé qu’à l’étape actuelle, ce sont les lacunes technologiques du monde musulman (voir : we depend on others for military power) qui l’empêchent de mener des offensives militaires comme celles du passé dans les pays non-musulmans. Néanmoins, il s’était dit confiant que le monde musulman puisse conquérir l’Europe grâce à une offensive de nature idéologique.
En 2002, Qaradawi présenta l’offensive islamiste contemporaine en Europe comme un prolongement des offensives militaires islamiques des siècles passés / Archive.Today :
Youssef Qaradawi : «L’islam va retourner en Europe comme un conquérant et un vainqueur après en avoir été expulsé à deux reprises, une fois au sud en Andalousie [Espagne – 1492] et une seconde fois à l’est quand il frappa à plusieurs reprises aux portes d’Athènes [1830]. […] Cette fois-ci, je maintiens que la conquête ne se fera pas par l’épée mais grâce au prosélytisme et à l’idéologie.»
À une conférence à Toledo (Ohio) en 1995, Qaradawi a déclaré : «Nous allons conquérir l’Europe, nous allons conquérir l’Amérique! Non pas par l’épée mais par le prosélytisme.»
L’opération d’influence menée par Présence Musulmane auprès de la Commission Bouchard-Taylor constituait précisément un exemple de ce jihad idéologique auquel Youssef Qaradawi avait convié ses partisans.
En 2002, le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, a choisi le leader de Présence Musulmane au Canada, Salah Basalamah, pour traduire un de ses livres de l’arabe vers le français. En novembre 2007 à Toronto, Basalamah endossa Qaradawi comme «un des exégètes musulmans les plus fameux dans le monde» dans un portrait qu’il dressa de l’éducation islamique en Amérique du Nord.
En 2002, Youssef Qaradawi a invité l’autre fondateur de Présence Musulmane, Tariq Ramadan, à préfacer un recueil de ses fatwas publié en français par les éditions Tawhid de Lyon (France). En 2005, Tariq Ramadan a exprimé son «profond respect» pour Qaradawi.
En 2008, dans son livre La réforme radicale, Tariq Ramadan présenta Youssef Qaradawi, comme étant «au premier rang» (sic) des exégètes qui se penchent sur les attitudes et les comportements que les musulmans doivent adopter lorsqu’ils vivent en Occident. Et ce, malgré que, dans le passé, Qaradawi ait plaidé pour la conquête musulmane de l’Occident, justifié les attentats suicide et présenté Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les juifs.
En 2014, Tariq Ramadan a annoncé son admission à l’Union mondiale des savants musulmans dirigée par Qaradawi. L’organisation émet des fatwas pour orienter les activités des individus et des organisations sous son influence.
En 2016, Youssef Qaradawi est le principal exégète (‘main theorist’) du centre sur la charia qui porte son nom au Qatar. Tariq Ramadan est directeur d’un autre centre de recherche sur la charia au Qatar (le CILE) et Salah Basalamah est professeur à l’Université du Qatar, une sous-structure de la Qatar Foundation.
L’importance de Youssef Qaradawi se mesure non seulement par la reconnaissance qu’il reçoit de plusieurs organisations islamistes actives au Québec et endossées par la Commission Bouchard-Taylor (Rapport page 236 / note 91) mais également par le rôle qu’il joue à l’échelle internationale. Selon le répertoire des 500 musulmans les plus influents dans le monde (The Muslim 500), Qaradawi a refusé à deux reprises (1976 et 2004) l’offre de devenir formellement le guide suprême de la confrérie des Frères Musulmans en Égypte. Cette marge de manœuvre supplémentaire lui aura sans doute permis d’exercer une influence encore plus grande hors d’Égypte.
Né en Égypte mais basé au Qatar depuis les années ‘60, Qaradawi est le président de l’Union mondiale des savants musulmans et du Conseil européen de la fatwa et de la recherche, deux organisations qui émettent des fatwas pour encadrer la vie des musulmans et diriger l’activité des nombreuses organisations islamistes sous leur influence. Qaradawi a également été à l’origine de l’International Institute of Islamic Thought (IIIT) basé en Virginie, le principal centre de recherche des Frères Musulmans en Amérique du Nord. Le fondateur de l’IIIT, Ismail Faruqi, a été un leader musulman à Montréal de 1958 à 1967. Il travailla également à l’Institut des études islamiques de McGill.
Outre ses appels à la conquête islamique de l’Occident, voici d’autres positions défendues par le mentor des leaders de l’organisation Présence Musulmane :
Youssef Qaradawi a écrit que «le véritable islam est essentiellement politique»;
Il décrit la mosquée comme une institution politique où l’on identifie les ennemis de l’islam et où les participants sont mobilisés pour le jihad («It must be the role of the mosque to guide the public policy of a nation, raise awareness of critical issues, and reveal its enemies. From ancient times the mosque has had a role in urging jihad for the sake of Allah») IslamOnLine / Archive.Today;
Il déclare légitime de recourir à la force «à toutes les fois que c’est possible» pour faire appliquer les principes de l’islam («changing wrong by force whenever possible» Priorities of the Islamic Movement;
Youssef Qaradawi a déclaré que Hitler avait été envoyé par Allah pour punir les juifs Al-Jazeera / MEMRI;
Il encourage l’établissement de «ghettos musulmans» en Occident Priorities of the Islamic Movement;
Il justifie le meurtre des musulmans qui quittent l’islam en expliquant que «s’ils [les musulmans] s’étaient débarrassés du châtiment pour apostasie, l’islam n’existerait plus aujourd’hui» Vidéo;
Youssef Qaradawi justifie les mutilations génitales féminines IslamOnLine;
Il justifie le meurtre des homosexuels Al-Jazeera / MEMRI;
Conformément à la position des Frères Musulmans rapportée par le New York Times dès 1949, Youssef Qaradawi encourage l’enrôlement de militants pour mener des attentats-suicides BBC Arabic / MEMRI;
Il soutient que les musulmanes doivent porter le hijab pour se distinguer des non-musulmanes par leur apparence, ce qui leur évite également d’être molestées Le licite et l’illicite dans l’islam / Chapitre The halal and the haram in marriage and family life – Section The physical appetites – Sous-section Women’s ‘Awrah.
PARTIE 4 – Les principales manifestations de proximité entre la Commission Bouchard-Taylor et l’organisation islamiste Présence musulmane
Voici les principales manifestations de proximité entre la Commission Bouchard-Taylor et Présence Musulmane que fait ressortir notre chronologie :
[ 1 ] CONSULTATION PRIVÉE DE PRÉSENCE MUSULMANE
La Commission Bouchard-Taylor a organisé au moins deux séances de consultation privées avec Présence Musulmane et d’autres organisations islamistes. La Presse a rapporté en mai 2008 que le leader de Présence Musulmane au Canada, Salah Basalamah, avait été consulté par la Commission. C’est le site internet de Présence Musulmane qui a indiqué les dates précises des rencontres (21 mai 2007 et 22 août 2007) et indiqué la présence de Gérard Bouchard à au moins l’une de ces rencontres. Nous avons cherché un compte rendu de ces rencontres dans les documents de la Commission Bouchard-Taylor archivés à Québec. Sans succès.Par contre, nos recherches nous ont permis de découvrir que les coprésidents Bouchard et Taylor avaient décidé qu’aucun compte rendu ne serait préparé de leurs rencontres avec les conseillers officiels de la Commission (le comité conseil) pour «préserver la confidentialité des délibérations». Dans les circonstances, il est vraisemblable qu’aucun compte rendu des rencontres des présidents de la Commission avec les islamistes n’existe non plus. C’est Rose-Marie Tasseroul, la secrétaire-adjointe de la Commission Bouchard-Taylor, qui a informé les membres du comité conseil de cette politique de confidentialité dans un courriel envoyé le 1er octobre 2007 et qui est conservé dans les archives de la Commission à Québec.
[ 2 ] RECOMMANDATION AU GOUVERNEMENT D’APPUYER PRÉSENCE MUSULMANE
Dans son rapport final, la Commission Bouchard-Taylor a recommandé au gouvernement québécois (p.236 / note 91) d’appuyer Présence Musulmane et plusieurs autres organisations islamistes opérant au Québec malgré leur promotion d’idéologues prônant la conquête islamique de l’Occident et justifiant ouvertement, dans certains cas, le recours à la violence pour y arriver. Les organisations auxquelles réfère la note 91 du rapport Boucgard-Taylor avaient signé un texte commenté par La Presse quelques mois plus tôt.La Commission n’a pas précisé comment cet appui du gouvernement aux islamistes pourrait se matérialiser. Au Canada et ailleurs dans le monde occidental, il prend différentes formes : cession de terrains à bas prix pour la construction d’institutions islamiques, subventions d’activités, consultation des leaders islamistes notamment sur les dossiers de la sécurité et de l’immigration, endossement formel, paiement pour la location de salles de prières, etc.
[ 3 ] PARTICIPATION AUX ACTIVITÉS DE PRÉSENCE MUSULMANE
Au moins deux membres du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor (Bergman Fleury et Céline St-Pierre) ont participé aux activités de l’organisation islamiste Présence Musulmane alors que la Commission était toujours en activité.
[ 4 ] CHARLES TAYLOR DÉFEND TARIQ RAMADAN COMME UN ALLIÉ CONTRE OUSSAMA BEN LADEN
À l’époque de la Commission Bouchard-Taylor, Charles Taylor s’est porté à la défense du leader de Présence Musulmane, Tariq Ramadan, à au moins deux reprises. La première défense de Ramadan par Taylor a été publiée sur un site italien à la mi-décembre 2007 et reprise par Tariq Ramadan sur son propre site à la fin du mois. C’était une réplique au texte Who’s Afraid of Tariq Ramadan? de l’analyste Paul Berman publié en juin 2007.Berman avait mis en évidence les ambitions totalitaires des exégètes endossés par Ramadan comme Hassan Al-Banna, promoteur d’un système de gouvernement islamique à parti unique, Youssef Qaradawi que Berman surnomma ‘le théologien de la bombe humaine’ en raison de son appui aux attentats suicide, Syed Maududi (Mawdudi), etc.
Taylor avait répliqué à Berman que c’était une erreur d’associer Ramadan au jihad d’Oussama Ben Laden et qu’au contraire, il fallait considérer Ramadan comme un rempart contre le projet de Ben Laden :
Charles Taylor : [Traduction de Point de Bascule] «Ce dont nous avons besoin c’est d’une alliance de personnes provenant de toutes les croyances et de toutes les civilisations qui vont résister ensemble à cette glissade vers la polarisation. La dernière chose qu’on veut faire c’est de répandre le mythe que tous les musulmans qui sont croyants sont engagés dans quelque chose qui mène à cette forme de jihad. C’est ce que Ben Laden raconte mais c’est faux. Tariq Ramadan devrait être accueilli comme un des membres importants de cette alliance.»
Nulle part cependant, Taylor ne contra les informations spécifiques de Berman sur les idéologues endossés par Ramadan, et sur d’autres idées qu’il avait exprimées. Taylor s’est contenté d’affirmer qu’il ne fallait pas condamner Ramadan et les autres musulmans croyants en bloc.
Charles Taylor ne prit nullement en considération qu’autant Ben Laden que Ramadan ont reconnu vouloir établir des sociétés basées sur la charia. D’ailleurs, autant Tariq Ramadan qu’Oussama Ben Laden ont été à leur aise dans le Soudan islamiste de Hassan Tourabi (1932-2016) dans les années ’90.
En décembre 1993, après que Ben Laden se soit établi au Soudan à l’invitation de Tourabi (section 274) et quatre mois après que le Soudan ait été ajouté à la liste américaine des États supportant le terrorisme par l’administration de Bill Clinton, Tariq Ramadan était à Khartoum (Soudan) pour participer à une conférence islamiste organisée par Hassan Tourabi.
En 1995, Tariq Ramadan a endossé Tourabi comme un ‘modéré’, dix ans après qu’à titre de solliciteur général du Soudan, il ait directement contribué à la décision de condamner Mahmoud Taha pour apostasie et à le faire mettre à mort. Mahmoud Taha a été exécuté car il avait prôné la réforme de certains principes islamiques.
Une décision de la Cour fédérale du Canada de 2009 a décrit le Soudan de Tourabi, celui où Tariq Ramadan a accepté de se rendre en 1993, comme un «pays des horreurs [où l’]on flagelle au nom de la charia, on abrite des bases terroristes et on extermine les chrétiens du Sud».
[ 5 ] PRÉSENTATION POSITIVE DU COLLECTEUR DE FONDS DU HAMAS
La Commission Bouchard-Taylor confia à l’Institut du Nouveau Monde (INM) la responsabilité d’organiser trois forums dont un qui s’intitulait Qui sont les musulmans québécois? en octobre 2007. C’est Patrice Brodeur qui s’était vu confier la responsabilité de présenter un portrait des principales organisations musulmanes actives au Québec. À l’époque, Brodeur était très proche de Présence Musulmane. Il avait été conférencier principal lors de trois activités tenues par l’organisation islamiste (23 février 2006 – 16 novembre 2007 – 3-4 mai 2008), dont deux organisées alors que la Commission Bouchard-Taylor était en activité. En 2011, Patrice Brodeur a été le porte-parole média de la Deuxième conférence sur les religions du monde à Montréal, à laquelle était également associée Présence Musulmane (Muslim Presence). Cette conférence adopta la résolution 12.4 contre le ‘dénigrement’ des religions, un concept élastique qui mène à interdire la critique des religions (lire : de l’islam).Au forum de 2007 commandé par la Commission Bouchard-Taylor, Patrice Brodeur a présenté positivement Présence Musulmane, IRFAN-Canada (le collecteur de fonds du Hamas) et d’autres organisations musulmanes actives au Québec sans faire la moindre allusion aux controverses au centre desquelles ces organisations ou leurs leaders s’étaient retrouvés durant les mois précédents. Dans le cas d’IRFAN, quelques mois plus tôt, elle avait été identifiée par la poursuite dans la cause Holy Land Foundation entendue aux États-Unis (voir subsection VIII) comme une composante de l’infrastructure de financement du Hamas en Amérique du Nord. En 2008, tous les accusés dans cette affaire de financement du terrorisme ont été reconnus coupables et condamnés à de lourdes peines de prison.
Aujourd’hui, Patrice Brodeur est professeur à l’Université de Montréal et conseiller principal / Archive.Today du King Abdullah bin Abdulaziz International Centre for Interreligious and Intercultural Dialogue (KAICIID), un organisme basé à Vienne mais financé par l’Arabie saoudite qui utilise le dialogue interreligieux pour promouvoir les intérêts saoudiens. En 2015, le chancelier autrichien Werner Faymann a dénoncé le KAICIID après que cette organisation ait refusé de condamner la peine de 1 000 coups de fouet imposée à Raif Badawi par un tribunal saoudien. Le chancelier avait déclaré à ce moment-là que «ce centre ne se conforme pas à son mandat de dialogue et est muet au sujet de violations fondamentales des droits de l’homme». Des articles du Gatestone Institute et de GMBDW fournissent plus d’informations sur le KAICIID.
[ 6 ] REFUS DE PRÉSENTER LA SIGNIFICATION DU HIJAB DONNÉE PAR LE MENTOR DE PRÉSENCE MUSULMANE
Après que des militantes de Présence Musulmane aient présenté le mémoire de leur organisation lors d’une séance publique de la Commission Bouchard-Taylor en 2007, Laura-Julie Perreault rapporta dans La Presse / WebArchive que Gérard Bouchard avait déclaré de ces militantes qu’elles représentaient «un féminisme nouveau genre» en raison, notamment, de leur détermination à porter le voile islamique.A partir du moment où la Commission choisissait d’aborder la question du voile islamique, c’était sa responsabilité de rappeler aux Québécois le rôle que lui attribuent les islamistes et, notamment, Youssef Qaradawi puisqu’il est le mentor des leaders de l’organisation qui venait juste de présenter son mémoire. Gérard Bouchard et Charles Taylor n’en firent rien. Bien au contraire. Ni en 2007 et ni en 2012 lorsque Bouchard aborda de nouveau la question du hijab.
Dans son livre Le licite et l’illicite en islam (How a Muslim Woman Should Conduct Herself / Section C5), Youssef Qaradawi, le guide spirituel des Frères Musulmans, explique que le port du hijab fait partie d’une démarche d’auto-isolement de la part des musulmans. Qaradawi déclare que le voile chez la femme et la barbe chez l’homme doivent leur servir à se distinguer des non-musulmans par leur apparence. Il s’agit d’une sorte d’étendard en quelque sorte. Qaradawi ajoute que la femme qui s’affiche comme musulmane en portant le hijab se prémunit également contre les agressions sexuelles. Des agressions sexuelles contre des femmes non voilées commises par qui, pensez-vous? Le principal leader musulman d’Australie a été encore plus explicite en 2006 quand il a comparé les femmes non voilées à de la viande non recouverte qu’on laisse à la portée des chats. À qui viendrait l’idée de blâmer des chats qui auraient mangé de la viande non recouverte laissée sur la voie publique avait-il demandé?
Point de Bascule (25 juin 2013) : Youssef Qaradawi : Les musulmanes doivent porter le hijab pour se distinguer des mécréantes par leur apparence, ce qui leur évite également d’être molestées
On ne peut pas présumer que tous les musulmans qui portent la barbe ou le hijab le fassent pour des motivations politiques d’auto-isolement comme le recommande Qaradawi. Cependant, considérant que les leaders d’organisations islamistes comme Présence Musulmane et le Conseil musulman de Montréal avaient ouvertement reconnu le leadership intellectuel de Qaradawi et étaient parmi les plus influentes au Québec au moment où la Commission Bouchard-Taylor mena ses travaux, c’était la responsabilité de la Commission d’informer les Québécois des motivations politiques invoquées par des islamistes influents comme Qaradawi pour justifier le port du hijab.
Le Conseil musulman de Montréal de Salam Elmenyawi faisait également partie des organisations islamistes que la Commission Bouchard-Taylor recommanda au gouvernement québécois d’appuyer dans son rapport final (p.236 / note 91). En décembre 2004, Salam Elmenyawi a reconnu l’autorité du guide spirituel des Frères Musulmans quand il déclara au Devoir que le Conseil de la charia qu’il travaillait à établir comptait consulter Qaradawi (al Kardaoui) dans le futur pour trancher des questions de jurisprudence islamique. En 2004, le Conseil dirigé par Elmenyawi déclarait représenter une quarantaine d’institutions islamiques dans la région de Montréal. Aujourd’hui, il en représente plus de 70.
[ 7 ] ENDOSSEMENT DE L’EXPLICATION DE PRÉSENCE MUSULMANE SUR LE TAUX DE CHÔMAGE PLUS ÉLEVÉ CHEZ LES MUSULMANS
À la page 228 de son rapport final, la Commission Bouchard-Taylor a référé favorablement à une remarque du mémoire de Présence Musulmane (p.17) qui évoquait un taux de chômage plus élevé dans la communauté musulmane sans fournir aucune mise en contexte. Invariablement, les islamistes expliquent cet écart par une discrimination irrationnelle des employeurs à l’égard des musulmans. En réalité, la décision d’employeurs de ne pas embaucher de musulmans est souvent fondée sur leur crainte qu’une fois engagées, ces personnes refuseront d’accomplir certaines des tâches pour lesquelles elles sont embauchées (serrer la main des clients, manipuler des produits porçins ou à base d’alcool, être disponible le vendredi, etc.) Entre deux candidates, pourquoi un employeur choisirait celle qui ne répond pas à ses besoins ou qui risque davantage de ne pas y répondre? Les entrepreneurs cherchent à diminuer au maximum les risques de se retrouver dans des situations litigieuses qui les accapareront inutilement et affecteront le rendement de leur entreprise.
Quelles sont les chances que des entreprises informées des problèmes des Laboratoires Riva à assurer leur production du vendredi prennent la chance de confier des postes hautement qualifiés et stratégiques à des employés qui risquent de vouloir modifier leur contrat de travail de façon unilatérale et qui sont même prêts à recourir aux tribunaux pour obtenir des ‘accommodements raisonnables’ afin de ne pas avoir à travailler certaines heures le vendredi pour assister à la prière?
Serge Labrosse (Canoë – 9 février 2009) : Les accommodements religieux peuvent s’avérer un cauchemar pour les PME
En 2011, lorsqu’une militante du Centre culturel islamique de Québec a témoigné à l’Assemblée nationale, le député Benoit Charrette lui avait fait remarquer que son refus de lui serrer la main l’aurait automatiquement disqualifiée si elle avait soumis sa candidature pour travailler à son bureau de comté :
Benoit Charette / Vidéo 1:00:42 : «J’ai effectivement des employés, des employés qui sont en contact constant avec le public, et je ne pourrais pas concevoir qu’une ou un de mes employés se refuse, par exemple, de donner la main à un commettant qui se présenterait devant lui ou devant elle. Donc, pour moi, je l’admets d’emblée, ce serait un frein à l’embauche d’une personne qui adopterait une attitude de cette nature-là.»
Si Gérard Bouchard et Charles Taylor avaient véritablement voulu comprendre les disparités qui existent entre les taux de chômage des différentes communautés présentes au Québec, ils auraient analysé les motivations des employeurs, enquêté sur leurs expériences passées (bonnes et mauvaises) avec différentes communautés, etc.
Point de Bascule (25 janvier 2016) : Haut taux de chômage chez les musulmans + Fermeture du restaurant de Toronto condamné à payer 100 000$ pour avoir demandé à ses cuisiniers musulmans de goûter la nourriture qu’ils préparaient
[ 8 ] CHARLES TAYLOR DÉFEND TARIQ RAMADAN CONTRE L’ACCUSATION DE DOUBLE DISCOURS
Dans son livre Mon intime conviction, Tariq Ramadan rappelle un autre cas où Charles Taylor est venu à sa défense. Cette fois-ci, c’était contre ceux qui l’accusent de tenir un double discours. Taylor a défendu Ramadan en affirmant qu’il «n’avai[t] pas de ‘double discours’ ou de ‘propos ambigus’, mais que [s]on discours était clair entre deux univers qui, eux, étaient très ambigus».
C’est en 2009 que Tariq Ramadan a mentionné que Taylor l’a défendu contre les accusations de double discours. Le moment précis de cette défense pourrait avoir coïncidé avec les travaux de la Commission Bouchard-Taylor ou même les avoir précédé. Ramadan ne le précise pas.
Les cas de dissimulation ou de discours contradictoires de Ramadan, selon qu’il s’adresse à des auditoires musulmans ou non-musulmans, sont pourtant fréquents :
i – Dans son livre Islam, the West, and the Challenges of Modernity publié en 2001, Ramadan reconnait que l’Occident et le monde musulman constituent «deux univers de référence distincts, deux civilisations, deux cultures […] qui se font face». En 2011 à Dallas, Tariq Ramadan a ouvertement incité les tenants de la culture islamique à coloniser le territoire américain et à y implanter les normes islamiques : «Ça devrait être nous, avec notre compréhension de l’islam, avec nos principes qui colonisons positivement les États-Unis d’Amérique», avait-il dit. [Vidéo 3:37 – Transcription]
Avec un tel discours suprématiste, les islamistes pourraient difficilement obtenir les postes de conseillers qu’ils convoitent dans les gouvernements occidentaux et être élus afin de promouvoir en douce leur programme totalitaire au sein des institutions occidentales existantes. C’est à leur intention que Tariq Ramadan a produit d’autres textes qui correspondent à ce que les élites occidentales veulent entendre. Ramadan en a fourni un échantillon dans son livre Mon intime conviction. Il ne parle plus de colonisation islamique mais plutôt de valeurs communes que les cultures islamique et occidentale partageraient :
Tariq Ramadan : «[L]es musulmans peuvent montrer, raisonnablement et loin de toute polémique, qu’ils partagent l’essence des valeurs sur lesquelles se fondent l’Europe et l’Occident et que leur tradition religieuse a également contribué à leur émergence et à leur promotion.»
Juste avant ce passage, Ramadan mentionne «les apports décisifs» des philosophes musulmans Al-Ghazali (12e siècle) et Ibn Khaldûn (Khaldoun / 14e siècle) au développement des idées en Europe et en Occident en général. Ramadan s’assure cependant de ne pas informer ses lecteurs non-musulmans que ces deux idéologues prônaient le jihad armé contre les non-musulmans, incluant ceux vivant en Europe évidemment.
Ibn Khaldoun / Prolégomènes Partie 1 – p.469 : «Dans l’islamisme, la guerre contre les infidèles est d’obligation divine, parce que cette religion s’adresse à tous les hommes et qu’ils doivent l’embrasser de bon gré ou de force. On a donc établi chez les musulmans la souveraineté spirituelle et la souveraineté temporelle, afin que ces deux pouvoirs s’emploient simultanément dans ce double but. Les autres religions ne s’adressent pas à la totalité des hommes; aussi n’imposent-elles pas le devoir de faire la guerre aux infidèles; elles permettent seulement de combattre pour [leur] propre défense. Pour cette raison, les chefs de ces religions ne s’occupent en rien de l’administration politique.»
Al-Ghazali / Kitab al-Wagiz : «Des opérations de jihad (razzias ou incursions) doivent être organisées au moins une fois par année. […] Il est permis d’utiliser la catapulte contre eux [les non-musulmans] quand ils sont dans une forteresse même s’il y a parmi eux des femmes et des enfants. Il est permis de les brûler ou de les noyer. […] Si une personne appartenant aux gens du Livre [juifs et chrétiens] est faite esclave, son mariage est automatiquement annulé. […] On peut brûler leurs arbres. […] On doit brûler leurs livres inutiles. Les combattants musulmans peuvent saisir autant de butin qu’ils le désirent. […] Ils peuvent voler toute la nourriture dont ils ont besoin.»
C’est la détermination des Européens à résister aux invasions musulmanes justifiées par des idéologues comme Ibn Khaldoun et Al-Ghazali à Tours / Poitiers (732), à Belgrade (1456), à Lépante (1571), à Vienne (1683) et ailleurs qui a permis à la culture occidentale de se développer et non la collaboration des élites européennes du passé avec ceux qui voulaient les subjuguer.
ii – Tariq Ramadan fait également montre de dissimulation quand sa collaboration avec les Frères Musulmans est évoquée. D’une part, il affirme qu’il n’est pas membre des Frères Musulmans (comme à la télé française en 2003 / audio) mais d’autre part, il se revendique de l’héritage intellectuel de son grand-père Al-Banna, le fondateur de la confrérie; il participe aux activités d’organisations ouvertement associées à la confrérie comme la Muslim Association of Canada; il a été nommé à l’Union mondiale des savants musulmans en 2014 dirigée par Youssef Qaradawi, le guide spirituel de la confrérie, etc. Dans les circonstances, qui demande à voir sa carte de membre de la confrérie?
iii – En 1995, Tariq Ramadan présenta Hassan Tourabi comme un ‘musulman modéré’ dans un livre destiné à un public non-musulman alors qu’en 2011, il critiqua l’usage même de l’expression ‘musulman modéré’ (vidéo 2:36 / transcription) devant un auditoire musulman cette fois-ci.
iv – Bien que Tariq Ramadan ait affirmé en 2002 que sa filiation avec son grand-père Hassan Al-Banna est bien plus que biologique, elle est intellectuelle, son organisation Présence Musulmane a insisté pour affirmer en 2006 que «Être le petit-fils du fondateur des Frères musulmans ne peut en aucun cas constituer l’objet d’une récrimination [contre Tariq Ramadan]». À partir du moment où Tariq Ramadan a endossé la philosophie de Hassan Al-Banna, il devenait non seulement légitime mais indispensable que les analystes (incluant Charles Taylor et Gérard Bouchard) signalent ce qui unit les deux leaders islamistes.
[ 9 ] REQUÊTE À PRÉSENCE MUSULMANE POUR OBTENIR LES COORDONNÉES D’AUTRES ORGANISATIONS ISLAMISTES
Des documents conservés aux Archives nationales du Québec démontrent que la Commission Bouchard-Taylor a contacté Présence Musulmane pour obtenir les coordonnées d’autres groupes islamistes actifs au Québec. On peut présumer que la Commission a utilisé ces informations pour contacter les islamistes qui étaient invités à ses séances privées de consultation. Le 9 août 2007, en réponse à une requête de la Commission Bouchard-Taylor, Asmaa Ibnouzahir, identifiée comme ‘coordonnatrice du comité exécutif de Présence Musulmane Montréal’, a fait parvenir à la Commission les coordonnées de douze organisations liées à l’infrastructure des Frères Musulmans au Québec. Le document est intitulé «Rose-Marie Tasseroul – Liste des organisations» dans les archives de la Commission à Québec. Madame Tasseroul était la secrétaire adjointe de la Commission Bouchard-Taylor (p.303). On ne connait pas le nombre total de rencontres privées que la Commission a organisé avec les islamistes.
Voici la liste d’organisations islamistes soumises par Présence Musulmane en réponse à la requête de la Commission Bouchard-Taylor:
Association musulmane québécoise
Conseil musulman de Montréal
MAC Youth (Muslim Association of Canada)
Centre Kawtar de Laval
Centre islamique BADR
CAIR-Canada (renommé depuis Conseil national des musulmans canadiens)
Forum musulman canadien
Muslim Students Association / MSA Concordia
Regroupement des Marocains du Québec
Canadian Islamic Congress
Regroupement des Algériens du Canada
Centre culturel algérien
[ 10 ] ENDOSSEMENT DU ‘CHANGEMENT’ PROPOSÉ PAR PRÉSENCE MUSULMANE SANS ÉVOQUER LES MOTIVATIONS ISLAMISTES DE l’ORGANISATION
À la page 242 de son rapport final, la Commission Bouchard-Taylor reprend, en l’endossant, une remarque d’Asmaa Ibnouzahir de Présence Musulmane qui affirma lors de la présentation du mémoire de l’organisation devant la Commission que «Le changement ne signifie pas l’abandon de ce qui nous définit, mais plutôt l’élargissement de cette définition». Encore une fois, la Commission ne s’est pas donné la peine d’examiner la nature du ‘changement’ promu par Présence Musulmane et ses leaders.
Dans l’interview à Egypt Today de 2004 mentionnée précédemment, le leader de Présence Musulmane, Tariq Ramadan, a incité les islamistes opérant au Canada à utiliser le cadre légal canadien («un des plus ouverts dans le monde», avait-il souligné) pour faire passer discrètement les principes de charia un à un. À l’époque, Tariq Ramadan avait fortement enjoint ses partisans de ne pas mentionner ouvertement leur appui à la charia : «Le terme charia est mal vu dans l’esprit des Occidentaux», avait déclaré Ramadan. «Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus», avait-il ajouté.
Voilà la nature du ‘changement’ proposé par Présence Musulmane : l’introduction progressive de la charia au Canada.
En mars 2008, alors que la Commission Bouchard-Taylor était toujours en activité, un quotidien du Sénégal signala qu’Asmaa Ibnouzahir était attendue pour participer à un sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) quelques jours plus tard à Dakar. L’OCI regroupe les 56 pays musulmans et l’Autorité palestinienne. C’est le plus important bloc de pays aux Nations Unies.
L’OCI refuse d’endosser la Déclaration universelle des droits de l’homme, notamment parce qu’elle reconnait la liberté de changer de religion à l’article 18. En 1990, l’OCI a adopté sa propre Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en islam qui contient plusieurs ‘changements’ que les islamistes cherchent à mettre en application.
Les articles 24 et 25, notamment, stipulent que les droits et libertés énoncés dans la Déclaration du Caire sont soumis aux dispositions de la charia et que la charia demeure l’unique référence pour interpréter la Déclaration. L’article 22a, en particulier, stipule que «Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria».
C’est l’application de ce ‘changement’ qui a valu à Raif Badawi d’être condamné à 1 000 coups de fouet par l’Arabie saoudite. Il en a reçu 50 jusqu’à maintenant et croupit en prison pour avoir critiqué certaines facettes de l’islam sur son blogue en Arabie saoudite.
[ 11 ] COLLABORATION AVEC PRÉSENCE MUSULMANE AVANT LA CRÉATION DE LA COMMISSION BOUCHARD-TAYLOR
Avant de devenir membres du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor en 2007, certaines des personnalités choisies avaient déjà collaboré avec Présence Musulmane. Voir notamment les inscriptions du 17 novembre 2004 et du 27 mai 2006 dans la chronologie qui suit.
PARTIE 5 – Chronologie / La Commission Bouchard-Taylor et Présence Musulmane
27-31 MAI 1980 – Lors d’une conférence prononcée à l’Université de l’Alberta (Edmonton), un leader des Frères Musulmans, Ismail Faruqi, déclare que le but de l’immigration musulmane en Amérique du Nord est de «transformer la réalité nord-américaine» pour qu’elle se conforme aux normes islamiques. De 1958 à 1967, Ismail Faruqi a vécu à Montréal et y a dirigé des organisations musulmanes locales. À cette époque, il travaillait à l’Institut des études islamiques de l’Université McGill. Après s’être établi en Virginie, Faruqi a enseigné à l’Université Temple et a fondé l’International Institute of Islamic Thought (IIIT) en 1981. Ian Johnson, l’auteur du livre A mosque in Munich consacré aux débuts des Frères Musulmans en Europe, décrit «le rôle véritable» de l’IIIT comme étant de «fournir les bases théoriques qui permettent l’expansion de l’islamisme en Occident». Cherchez le terme ‘underpinnings’ dans la version originale anglaise pour retrouver le passage.
Point de Bascule (5 octobre 2012) : Edmonton / Mai 1980 – Le leader des Frères Musulmans Ismail Faruqi a mis en évidence le rôle de l’immigration musulmane dans l’islamisation de l’Amérique du Nord
Dans son livre Western Muslims and the Future of Islam (p.58), Tariq Ramadan endosse Faruqi (Al-Faruqi) et le décrit comme «un éminent intellectuel musulman».
1982 – En novembre 2001, dans la foulée des attentats du 11 septembre, la police suisse a saisi un document (daté du 1er décembre 1982) connu comme Le projet dans la villa du banquier islamiste Youssef Nada. Ce document synthétise les ambitions politiques des Frères Musulmans et la méthode par laquelle ils comptent établir «le règne d’Allah sur terre». Le cinquième point du document prône directement la pénétration des institutions occidentales :
Le projet : «S’employer à établir l’État islamique, parallèlement à des efforts progressifs visant à maîtriser les centres de pouvoir locaux par le biais du travail institutionnel.
[…] Canaliser la pensée, l’éducation et le travail afin d’établir un pouvoir islamique sur terre.
[…] Préparer une étude scientifique sur la possibilité d’établir le règne d’Allah partout dans le monde selon des priorités établies.
Étudier les centres de pouvoir locaux et mondiaux, et les possibilités de les placer sous influence.
[…] Œuvrer dans diverses institutions influentes et les utiliser au service de l’islam.»
Le document est reproduit en annexe au livre La conquête de l’Occident de Sylvain Besson (Paris, Seuil, 2005, pp.191-205) et sur le site de Sami Aldeeb / Archive.Today.
Dans son livre (pp. 51-52), Sylvain Besson souligne que le dossier conservé aux Archives fédérales suisses à Berne sur le père de Tariq Ramadan indique «que Saïd Ramadan a joué son rôle, un rôle d’intellectuel, dans la genèse du Projet».
15 MAI 1991 – Un mémorandum interne des Frères Musulmans décrit clairement la nature de l’offensive que mène la confrérie en Amérique du Nord :
[Traduction de Point de Bascule] Point 4.4 «Le processus d’implantation est un ‘processus djihadiste et civilisationnel’ avec tout ce que le terme peut signifier. Les Frères Musulmans doivent comprendre leur travail en Amérique comme une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure par leurs efforts [ceux des non-musulmans] et les efforts des croyants [les musulmans] afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions.»
Ce document a été saisi lors d’une perquisition en 2004 et produit en preuve lors du procès des leaders de la Holy Land Foundation pour financement du terrorisme en 2008. Le procès mena à la condamnation de tous les accusés.
Tariq Ramadan a collaboré avec plusieurs organisations islamistes américaines présentées en annexe au mémorandum de 1991 comme étant des alliées du réseau des Frères Musulmans aux États-Unis : ISNA (2000), ICNA (2011), MAS (2012), etc.
1993 – Salah Basalamah et Tariq Ramadan sont des collaborateurs de longue date. Déjà en 1993 alors qu’ils étaient basés à Genève, ils mirent sur pied le Foyer culturel musulman avec l’intention «d’encadrer» les musulmans de la ville.
1995 – Dans une interview accordée à Luiza Toscane pour son livre L’Islam, un autre nationalisme?, Tariq Ramadan présente le leader islamiste soudanais Hassan Tourabi comme un «modéré […] depuis trente ans».
C’est durant le mandat de Hassan Tourabi comme solliciteur-général du Soudan en 1985 que le théologien musulman Mahmoud Mohamed Taha a été exécuté pour apostasie parce qu’il encourageait la réforme de certains principes islamiques. Un article du New Yorker de 2006 / Archive.Today a décrit l’implication de Hassan Tourabi dans la mise à mort de Mahmoud Taha.
Hassan Tourabi a été le principal responsable de l’introduction de la charia au Soudan dans les années 1980-90. En 2000, un tribunal canadien en matière d’immigration a décrit Tourabi comme «l’idéologue du régime militaire au Soudan» et présenté le Soudan de Tourabi comme un «pays des horreurs [où l’]on flagelle au nom de la charia, on abrite des bases terroristes et on extermine les chrétiens du Sud».
Point de Bascule (28 mars 2016) : Houda-Pepin : Les islamistes se proclament ‘musulmans modérés’ pour s’infiltrer dans nos institutions / Trois cas de musulmans promus comme ‘modérés’ : Ghannouchi, Tourabi et Hamdani
1996 – Mise en place de Présence Musulmane en Europe à l’initiative de Tariq Ramadan. Selon Yamin Makri, un proche collaborateur de Ramadan en France, son objectif était de développer une compréhension de l’islam «contextualisée» (adaptée à la réalité occidentale) et d’encourager les actions communes avec les organisations non-musulmanes.
1998 – Les éditions Bayard publient Aux sources du renouveau musulman de Tariq Ramadan. La préface du livre nous informe que Ramadan «revendique hautement l’héritage doctrinal et spirituel» de son grand-père Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans.
Dans son manifeste en 50 points, Hassan al-Banna a incité ses supporteurs à abolir les partis politiques et à les remplacer par un système à parti unique, il a encouragé la modification des lois afin qu’elles se conforment à la charia, il a lancé un appel à multiplier le nombre d’associations vouées à promouvoir l’esprit du jihad dans la jeunesse, etc.
8 JUILLET 2001 – Mise sur pied du Réseau inter-associatif des musulmanes et musulmans de l’espace francophone du Canada. Le Réseau deviendra Présence Musulmane Canada en 2003. Tariq Ramadan participe à l’événement.
2002 – Salah Basalamah, le leader au Canada du Réseau qui deviendra Présence Musulmane, est choisi par Youssef Qaradawi, le guide spirituel des Frères Musulmans, pour traduire un de ses livres de l’arabe vers le français
2002 – Tariq Ramadan signe la préface d’un recueil de fatwas de Youssef Qaradawi publié par le Conseil européen des fatwas et de la recherche aux Éditions Tawhid de Lyon (France).
2002 – Dans son livre L’Islam en questions, Tariq Ramadan reconnait que sa filiation avec son grand-père Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans, est plus que biologique, elle est intellectuelle :
Tariq Ramadan : «J’ai étudié en profondeur la pensée de Hassan al-Banna et je ne renie rien de ma filiation. Sa relation à Dieu, sa spiritualité, son mysticisme, sa personnalité en même temps que sa pensée critique sur le droit, la politique, la société et le pluralisme restent des références pour moi, de cœur et d’intelligence. Son engagement aussi continue de susciter mon respect et mon admiration.»
Dans son manifeste en 50 points, Hassan Al-Banna a incité ses supporteurs à abolir les partis politiques et à les remplacer par un système à parti unique. Il a encouragé la modification des lois afin qu’elles se conforment à la charia, il a lancé un appel à multiplier le nombre d’associations vouées à promouvoir l’esprit du jihad dans la jeunesse, etc.
En 2006, Présence Musulmane a réagi à un commentaire de Richard Martineau qui faisait remarquer les liens qui unissent Ramadan et Al-Banna en répondant que «Être le petit-fils du fondateur des Frères musulmans ne peut en aucun cas constituer l’objet d’une récrimination [contre Tariq Ramadan].»
À partir du moment où Tariq Ramadan a endossé la philosophie de Hassan Al-Banna, il devenait non seulement légitime mais indispensable de signaler ce qui unit les deux leaders islamistes.
2 AOÛT 2002 – Le rapport du 2e Colloque international des musulmans de l’espace francophone (CIMEF), une composante du réseau Présence Musulmane, affirme que les règles de la charia (Shari’a) doivent être appliquées «par étapes».
2 DÉCEMBRE 2002 – Youssef Qaradawi présente l’offensive idéologique islamiste contemporaine en Occident comme un prolongement des offensives militaires des siècles passés :
Youssef Qaradawi / Archive.Today : «L’islam va retourner en Europe comme un conquérant et un vainqueur après en avoir été expulsé à deux reprises, une fois au sud en Andalousie [Espagne – 1492] et une seconde fois à l’est quand il frappa à plusieurs reprises aux portes d’Athènes [1830]. […] Cette fois-ci, je maintiens que la conquête ne se fera pas par l’épée mais grâce au prosélytisme et à l’idéologie.»
À une conférence à Toledo (Ohio) en 1995, Qaradawi a déclaré : «Nous allons conquérir l’Europe, nous allons conquérir l’Amérique! Non pas par l’épée mais par le prosélytisme.»
19 AVRIL 2003 – Interviewé par Le Devoir, Salah Basalamah déclare vouloir donner plus de visibilité à l’islam :
Le Devoir / Archive.Today : «Salah [Basalamah] propose ainsi un modèle de relation avec l’islam qui sort de la mosquée, qui est hors des murs: ‘Moi je propose un islam qui est sur la place publique, un islam qui doit être capable de parler directement aux gens’.»
SEPTEMBRE 2003 – Le réseau inter-associatif mis sur pied au Canada le 8 juillet 2001 par Tariq Ramadan et Salah Basalamah est renommé Présence Musulmane Canada.
2004 – Les membres de la Commission Bouchard-Taylor n’ont aucune raison de plaider qu’ils ignoraient qui était l’islamiste Tariq Ramadan pour excuser leur collaboration avec son organisation Présence Musulmane. En plus d’une abondante couverture de presse, deux biographies clés sont parues sur Tariq Ramadan en 2004 : celle de Caroline Fourest (Frère Tariq) et celle de Lionel Favrot (Tariq Ramadan dévoilé). D’autres sont parues dans les années suivantes.
26 JANVIER 2004 – La revue Relations organise une conférence intitulée La laïcité face au défi du pluralisme mettant en vedette Micheline Milot, Salah Basalamah et Anne-Marie Aitken, la rédactrice en chef de la revue. Madame Milot a fait partie du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor en 2007-2008.
8 MARS 2004 – La Presse annonce la participation de Salah Basalamah et Pierre Bosset à une conférence / WebArchive – Archive.Today sur la liberté de religion et la laïcité. En 2004, M. Bosset était directeur de la planification stratégique / Archive.Today à la Commission des droits de la personne (CDPDJ). La conférence a eu lieu au Collège Montmorency mais l’organisateur n’est pas clairement identifié. M. Bosset a fait partie du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor en 2007-2008.
OCTOBRE 2004 – Dans une interview accordée à Egypt Today en 2004, Tariq Ramadan a incité les islamistes opérant spécifiquement au Canada à utiliser le cadre légal canadien («un des plus ouverts dans le monde», avait-il souligné) pour faire passer discrètement les principes de charia un à un. À l’époque, Tariq Ramadan avait fortement enjoint ses partisans de ne pas mentionner ouvertement leur appui à la charia : «Le terme charia est mal vu dans l’esprit des Occidentaux», avait déclaré Ramadan. «Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus», avait-il ajouté.
La menace de recourir aux tribunaux pour faire appliquer des règles islamiques au détriment de la propriété privée a depuis donné naissance à l’approche dite des ‘accommodements raisonnables’ préconisée par les islamistes et leurs compagnons de route.
17 NOVEMBRE 2004 – Le Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal annonce une conférence de Tariq Ramadan et Gregory Baum (modérée par Daniel Weinstock) sur Le «réformisme» aujourd’hui et l’apport des religions / Archive.Today. Au début des années 2000, les médias et les proches de Tariq Ramadan capitalisaient abondamment sur la versatilité du terme ‘réforme’ en présentant fréquemment Ramadan comme un réformateur de la religion dans l’esprit de Vatican II ou de Martin Luther, par exemple. De nos jours, cet épisode est bel et bien révolu. En 2015 au Niger, Tariq Ramadan a déclaré : «Ce que je veux réformer c’est ta tête, pas l’Islam! L’Islam n’a pas besoin de réformes.»
Cette conférence de 2004 semble avoir été organisée par le Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal bien que le Centre ait suggéré, à l’époque, de contacter l’organisation Présence Musulmane de Tariq Ramadan pour obtenir plus d’informations sur l’événement.
Au moment de la conférence en 2004, le modérateur de l’événement, Daniel Weinstock, était directeur du Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal. En 2007-2008, il a fait partie du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor.
La partie 4.11 de ce document donne d’autres exemples de collaboration entre Présence Musulmane et des personnalités qui devinrent membres du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor en 2007.
23 JUIN 2005 – Le leader de Présence Musulmane, Salah Basalamah, dénonce comme «discriminatoire» la motion anti-charia adoptée par l’Assemblée nationale le mois précédent. Il qualifie l’instigatrice de la motion, la députée Houda-Pepin, de «pourfendeuse des islamistes imaginaires [qui] s’érige en spécialiste du droit musulman».
Dès 1991, des journaux suisses ont rapporté que le père de Salah Basalamah (Yahia Basalamah) était un responsable de la Ligue islamique mondiale saoudienne en Suisse. C’est cette même Ligue saoudienne que la députée Houda-Pepin avait identifiée comme étant derrière le projet de tribunaux islamiques en Amérique du Nord contre lesquels la motion québécoise a été adoptée. Pendant des années, Yahia Basalamah a été l’imam de la mosquée saoudienne à Genève.
Selon ce qu’il confia lors d’une interview en 2008, Charles Taylor ressentit un sentiment de «honte d’être Canadien» lorsque le mouvement d’opposition à la charia se développa au Canada entre 2003 et 2005. En 2005, Charles Taylor s’est prononcé en faveur de la reconnaissance des tribunaux islamiques en droit familial en Ontario. Il a fait sa déclaration lors d’une interview accordée à l’émission Indicatif présent, diffusée sur les ondes de Radio-Canada le 19 septembre 2005. Richard Martineau a cité des extraits de l’interview dans un article publié par le Journal de Montréal / Archive.Today en 2007.
Point de Bascule (17 juin 2016) : De la motion anti-charia adoptée par l’Assemblée nationale du Québec en 2005 à la Commission Bouchard-Taylor
2006 – Dans le chapitre d’un livre dirigé par Marie-Ève Martel / Point de Bascule (p.194) chez Lanctôt Éditeur, Salah Basalamah endosse le leader islamiste Syed Maududi (‘Mawdudi’ / 1903-1979) en le présentant comme un des ‘réformistes’ musulmans qui devraient alimenter les réflexions des musulmans vivant au Québec. Dans son livre Jihad in Islam / WebArchive (pp.6 et 22), Syed Maududi affirme que «Le but de l’islam est de provoquer une révolution universelle. […] L’islam cherche à détruire tous les états et les gouvernements opposés à l’idéologie et au programme de l’islam où qu’ils soient sur terre. […] Le but de l’islam est d’instaurer un État fondé sur son propre programme et sa propre idéologie.»
23 FÉVRIER 2006 – Patrice Brodeur est conférencier à une activité de Présence Musulmane intitulée Les enjeux de l’islam d’Occident. En 2007, Patrice Brodeur se verra confier la responsabilité de présenter un portrait des principales organisations musulmanes actives au Québec lors d’un forum public commandé par la Commission Bouchard-Taylor.
27 MAI 2006 – Le programme du colloque de Présence Musulmane Comment participer à un Québec inclusif en tant qu’immigrant? indique que Rachida Azdouz et Aïda Kamar ont prononcé des conférences à l’événement. En 2007, toutes les deux ont été nommées au comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor. Marie-Bernarde Pérès du ministère de l’Immigration du Québec et Paul Eid de la CDPDJ faisaient également partie des conférenciers invités.
La partie 4.11 de ce document donne d’autres exemples de collaboration entre Présence Musulmane et des personnalités qui devinrent membres plus tard du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor.
4 JUIN 2006 – Après l’arrestation des 18 de Toronto, l’éditorialiste André Pratte de La Presse évoque l’existence d’une menace islamiste locale dans son texte Les terroristes sont parmi nous :
André Pratte / Section A complète de La Presse : «[L]e groupe fait partie de cette nouvelle forme de terrorisme qu’on pourrait baptiser «terrorisme islamiste maison». […] Comme l’ont appris à leurs dépens les Britanniques lors des attentats dans le métro de Londres il y a un an, ce terrorisme-là est particulièrement sournois. Ces militants sont bien intégrés à la société dans laquelle ils vivent. […] Les Canadiens doivent sortir de leur confort et de leur naïveté. Le terrorisme n’est pas une phobie de George Bush, mais bel et bien une menace qui pèse sur toutes les sociétés démocratiques. Dont le Canada.
[…] Bien des gens ont réagi avec scepticisme lorsque, au début de la semaine dernière, le sous-directeur des opérations au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), Jack Hooper, a déclaré devant un comité du Sénat que «les éléments qui ont mené aux attentats de Londres sont présents ici en ce moment au Canada». M. Hooper, on le constate aujourd’hui, savait fort bien de quoi il parlait.»
Aussi tard qu’en octobre 2013, Gérard Bouchard déclara au Maroc que «le complot islamiste, craint par de nombreux Québécois, ne représente pas un risque réel au Québec».
9 JUIN 2006 – Conférence annoncée par Présence Musulmane qui devait mettre en vedette Sherman Abdul Hakim Jackson à Montréal. Il ne nous est pas possible de déterminer si cette conférence a effectivement eu lieu. Depuis décembre 2009, Sherman Abdul Hakim (Hakeem) Jackson est formellement identifié comme membre du conseil des exégètes de l’International Institute of Islamic Thought (IIIT) basé en Virginie. L’IIIT est l’une des organisations énumérées dans le mémorandum interne des Frères Musulmans de 1991 comme appartenant au réseau de la confrérie en Amérique du Nord. Ce mémorandum décrivait la mission des Frères Musulmans comme étant de «détruire de l’intérieur la civilisation occidentale […] afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions». Dans son livre A mosque in Munich consacré aux débuts des Frères Musulmans en Europe, Ian Johnson décrit «le rôle véritable» de l’IIIT comme étant de «fournir les bases théoriques qui permettent l’expansion de l’islamisme en Occident». Cherchez le terme ‘underpinnings’ dans la version originale anglaise pour retrouver le passage.
16-18 JANVIER 2007 – Salah Basalamah est invité comme conférencier (p.7) par l’Institut du Nouveau Monde (INM). L’INM décrit Basalamah comme «membre fondateur de Présence musulmane Canada». L’INM sera mandaté par la Commission Bouchard-Taylor pour organiser trois forums dont un qui s’intitulait Qui sont les Québécois musulmans?
21 JANVIER 2007 – Interviewée par Radio-Canada, Nadia Touhami, porte-parole de Présence Musulmane, blâme les médias pour avoir ‘créé un climat de tension’ au Québec à l’égard des musulmans.
Durant ses travaux et dans son rapport final (p.74), la Commission Bouchard-Taylor blâma également les médias pour avoir contribué à «la fabrication des [mauvaises] perceptions» en présentant une «version stéréotypée des événements».
2-3 FÉVRIER 2007 – Participation de Présence Musulmane au rendez-vous stratégique sur la culture québécoise à l’Institut du Nouveau Monde.
8 FÉVRIER 2007 – Création de la Commission Bouchard-Taylor par le premier ministre Jean Charest.
21 MAI 2007 – Consultation privée de Présence Musulmane par la commission Bouchard-Taylor. En 2008, La Presse a mentionné que la Commission Bouchard-Taylor avait consulté privément Salah Basalamah à propos des accommodements raisonnables. La date précise et la la présence de Gérard Bouchard à cette rencontre ont cependant été confirmées par le site de Présence Musulmane.
Les consultations privées de la Commission Bouchard-Taylor avec Présence Musulmane et d’autres organisations islamistes sont également abordées au point 4.1 de ce document.
24 MAI 2007 – L’Institut du Nouveau Monde organise la projection du film Faith without Fear / Archive.Today, mettant en vedette la réformatrice musulmane Irshad Manji dans les locaux de l’ONF à Montréal. Asmaa Ibnouzahir de Présence Musulmane / Archive.Today et trois autres personnes avaient été invitées à commenter le film après sa projection.
En février 2007, dans une lettre à La Presse, Salah Basalamah s’est distancé d’Irshad Manji en qualifiant son attitude de «pseudo-héroïque» / WebArchive – Archive.Today. Irshad Manji a souvent été menacée de mort dans le passé et attaquée physiquement pour ses positions jugées non conformes à la version dominante (mainstream) de l’islam sunnite, notamment en Amérique du Nord en 2004, à Toronto en 2007, aux Pays-Bas en 2011 (Vidéo), en Indonésie en 2012, etc.
2 JUIN 2007 – Dans son édition du 7 juin 2007, le journal pro-iranien Sada Almashrek a indiqué que, cinq jours auparavant, Tariq Ramadan est venu à Montréal pour animer un séminaire sur l’utilisation des ‘accommodements raisonnables’. Le rapport de Samira Laouni sur l’événement fait ressortir qu’en plus d’expliquer le concept ‘d’accommodement raisonnable’, Tariq Ramadan s’est appuyé sur le Coran et les hadiths (ahadith) pour expliquer comment «les utiliser».
Dans une interview accordée à Egypt Today en 2004, Tariq Ramadan avait fortement enjoint les islamistes opérant au Canada à ne jamais indiquer qu’ils sont engagés dans une offensive pour implanter progressivement les principes de charia au Canada. Le recours aux ‘accommodements raisonnables’ obéit à la recommandation de Ramadan d’utiliser le cadre légal canadien («un des plus ouverts dans le monde», avait-il souligné) pour faire passer discrètement les principes de charia.
9 AOUT 2007 – Asmaa Ibnouzahir (identifiée comme la ‘coordonnatrice du comité exécutif de Présence Musulmane Montréal’) répond à une requête de la Commission Bouchard-Taylor et lui transmet une liste de douze organisations liées à l’infrastructure des Frères Musulmans au Québec. On peut présumer que la Commission a utilisé ces informations pour contacter les islamistes qui étaient invités à ses séances privées de consultation. Le document contenu dans les archives de la Commission à Québec est intitulé «Rose-Marie Tasseroul – Liste des organisations». Madame Tasseroul était la secrétaire adjointe de la Commission (p.303).
Liste des organisations fournie par Présence Musulmane :
Association musulmane québécoise
Conseil musulman de Montréal
MAC Youth (Muslim Association of Canada)
Centre Kawtar de Laval
Centre islamique BADR
CAIR-Canada (renommé depuis Conseil national des musulmans canadiens)
Forum musulman canadien
Muslim Students Association / MSA Concordia
Regroupement des Marocains du Québec
Canadian Islamic Congress
Regroupement des Algériens du Canada
Centre culturel algérien
Cet échange de document entre Présence Musulmane et la Commission Bouchard-Taylor est également mentionné à la partie 4.9 de ce document.
9 AOUT 2007 – Rencontres de Présence Musulmane avec divers acteurs des mouvements jeunesse en collaboration avec l’Institut du Nouveau Monde.
22 AOÛT 2007 – Des représentants de Présence Musulmane et de quatre autres lobbies musulmans rencontrent privément la Commission Bouchard-Taylor dans ses locaux de la rue Peel à Montréal. Un document de la Commission (daté 21 août 2007) disponible aux Archives nationales à Québec indique les noms des représentants des organisations musulmanes qui devaient être présents mais ne mentionne pas qui représenta la Commission.
ASSOCIATION DES PROJETS CHARITABLES ISLAMIQUES
Bassam Derbas, Directeur Administration et relations publiques
CONGRÈS ISLAMIQUE CANADIEN
Carmen Chouinard-Sawan
Samira Laouni
Najat Boghaba [sic]-Mustapha
Ces trois personnes sont identifiées comme «Trois membres du Congrès islamique canadien et d’Horizon de femmes de Montréal délégués par Mohamad Sawan du Congrès islamique». Le document indique que cette organisation a été référée par Charles Taylor personnellement.
CONSEIL CANADIEN DES FEMMES MUSULMANES
Sajida Shariff
Jinane Moudarres
Fehmida Khan
Ces trois personnes sont identifiées comme des «membres des régions de Montréal et de Québec».
FORUM MUSULMAN CANADIEN
Bachar El-Solh, Président
Brahim Benyoucef
Mohamed Chraibi
Ces deux personnes sont identifiées comme des «membres du comité des pratiques d’accommodement».
PRÉSENCE MUSULMANE MONTRÉAL
Asmaa Ibnouzahir, Coordonnatrice du comité exécutif
Les consultations privées de la Commission Bouchard-Taylor avec Présence Musulmane et d’autres organisations islamistes sont également abordées au point 4.1 de ce document.
22-25 AOÛT 2007 – L’Institut du Nouveau Monde (INM) présente Présence Musulmane comme un parrain de son École d’été (p.7) et la militante de Présence Musulmane, Asmaa Ibnouzahir, comme une ambassadrice de l’École (p.8). L’INM sera mandaté par la Commission Bouchard-Taylor pour organiser trois forums dont un qui s’intitulait Qui sont les Québécois musulmans?
17 SEPTEMBRE 2007 – Dans un article publié par le Guardian britannique, Charles Taylor déclare que «si vous affirmez que les filles qui désirent porter le hijab à l’école ne vivent ni au Nigeria, ni en Arabie saoudite, […] on porte sur vous un regard presqu’empreint de pitié, celui réservé aux naïfs invétérés. […] Toutes les données sociologiques sur les motifs des filles [de porter le hijab], qui sont très divers, sont écartées et jugées sans importance».
Quelques mois plus tôt, dans son texte Les deux attitudes, Salah Basalamah était allé dans le même sens en affirmant que ce sont les observateurs extérieurs à l’islam qui accordent au hijab une signification politique qu’il n’aurait pas : «[le hijab] ne représente au fond qu’une partie du vêtement féminin en islam […] dont on force le symbolisme au gré de l’analyse sociopolitique de nos sociétés».
Pour pouvoir défendre leur thèse, Charles Taylor et Salah Basalamah évitent soigneusement de commenter les déclarations de Youssef Qaradawi et d’autres idéologues islamistes importants sur le rôle politique du hijab. Par ailleurs, quand Basalamah se mouille au sujet de Qaradawi, ce n’est pas pour le critiquer mais pour traduire ses livres et pour le louanger comme «un des exégètes musulmans les plus fameux dans le monde». Voir l’inscription du 8 novembre 2007 dans la chronologie.
La partie 4.6 de ce document apporte d’autres informations sur le rôle politique que les islamistes accordent au hijab et reproduit une citation de Youssef Qaradawi qui présente le hijab comme un symbole d’auto-isolement des musulmanes, une sorte d’étendard pour se démarquer des non-musulmans et s’afficher comme musulmane pour ne pas être agressée.
23 SEPTEMBRE 2007 – Présence Musulmane annonce des événements d’IRFAN-Canada sur son site internet. Dès 2004, Stockwell Day s’était levé à la Chambre des Communes pour dénoncer les liens d’IRFAN (et de son prédécesseur le Jerusalem Fund) avec le Hamas. En mai 2007, IRFAN a été identifié par la poursuite dans la cause Holy Land Foundation entendue aux États-Unis (voir subsection VIII) comme une composante de l’infrastructure de financement du Hamas en Amérique du Nord. En 2008, tous les accusés dans cette affaire de financement du terrorisme ont été reconnus coupables et condamnés à de lourdes peines de prison.
En 2011, le statut charitable d’IRFAN a été révoqué par l’Agence du revenu du Canada parce qu’il avait transféré 14,6 millions de dollars au Hamas uniquement durant la période 2005-2009. En 2014, IRFAN a été ajouté à la liste des organisations terroristes bannies par le Canada.
En plus d’œuvrer à la destruction d’Israël (article 13), les leaders du Hamas ont fréquemment prôné la conquête islamique de l’Occident ces dernières années (2006 – 2008 – 2011 – 2012). En 2011, par exemple, le leader du Hamas, Mahmoud Al-Zahhar, a déclaré à la télévision que la civilisation occidentale «ne sera pas capable de résister au grand et glorieux islam». Le 16 juillet 2013, le Hamas a menacé de lancer des attaques terroristes dans les pays où se trouvent les ambassades d’Israël. Le Canada fait évidemment partie des cibles potentielles.
26 SEPTEMBRE 2007 – Lors d’une séance de consultation publique de la Commission Bouchard-Taylor à Joliette, Charles Taylor rabroue un citoyen en affirmant (faussement) que l’excision est complètement étrangère à l’islam. Plutôt que de présenter la position de l’islam dominant (mainstream) sur la question en citant des exégètes influents comme les responsables d’Al-Azhar ou le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, par exemple, Taylor a préféré s’accrocher à une version idéalisée de l’islam qu’il s’est concocté. Point de Bascule a récemment invalidé sa thèse dans un article consacré à la question :
Point de Bascule (22 juin 2016) : Charles Taylor (2007) : «L’excision n’est pas dans le Coran. Ce n’est pas dans la religion musulmane.»
28 OCTOBRE 2007 – Mandaté par la Commission Bouchard-Taylor, l’Institut du Nouveau Monde organise le forum Qui sont les musulmans québécois?
Patrice Brodeur y présente les principales organisations musulmanes au Québec. Il inclut dans son énumération le collecteur de fonds du Hamas, IRFAN-Canada (identifié comme IFRAN-Canada dans sa liste), sans faire mention que le député Stockwell Day avait déjà mis en garde la Chambre des Communes en 2004 au sujet des liens de cette organisation avec le terrorisme, ni de l’invitation faite par IRFAN à Yusuf Islam (l’ex-chanteur Cat Stevens) de participer à une de ses campagnes de financement en 1998. En 1989, Yusuf Islam avait appuyé la fatwa de l’ayatollah Khomeini qui demandait aux musulmans de tuer l’écrivain Salman Rushdie. Consultez la vidéo de la BBC. En 1998, IRFAN était connu comme le Jerusalem Fund.
Patrice Brodeur a participé à au moins trois activités de Présence Musulmane (23 février 2006 – Novembre 2007 – 3-4 mai 2008), dont deux alors que la Commission Bouchard-Taylor était en activité. Aujourd’hui, il joue un rôle de premier plan auprès de l’Arabie saoudite à titre de conseiller principal du King Abdullah bin Abdulaziz International Centre for Interreligious and Intercultural Dialogue (KAICIID), un organisme basé à Vienne mais financé par l’Arabie saoudite. KAICIID / WebArchive – Archive.Today
Le dialogue interreligieux est toujours mené par les islamistes avec le but ultérieur de faciliter la pénétration de leur doctrine en territoire non-musulman. En 2015, le chancelier autrichien Werner Faymann a dénoncé le KAICIID de Vienne après que cette organisation ait refusé de condamner la peine de 1 000 coups de fouet imposée à Raif Badawi par un tribunal saoudien. Le chancelier avait déclaré à ce moment-là que «ce centre ne se conforme pas à son mandat de dialogue et est muet au sujet de violations fondamentales des droits de l’homme». Des articles du Gatestone Institute et de GMBDW fournissent plus d’informations sur le KAICIID.
En 2011, Patrice Brodeur a été le porte-parole média de la Deuxième conférence sur les religions du monde de Montréal qui adopta une résolution favorable à l’interdiction de la critique des religions (article 12.4). Présence Musulmane était partenaire de l’événement.
La partie 4.5 de ce texte est également consacrée au forum Qui sont les musulmans québécois? que la Commission Bouchard-Taylor mandata l’Institut du Nouveau Monde d’organiser.
8 NOVEMBRE 2007 – Lors d’une présentation à Toronto sur l’éducation islamique en Amérique du Nord, Salah Basalamah endosse le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, en le présentant comme ‘un des exégètes musulmans les plus fameux dans le monde’.
16 NOVEMBRE 2007 – La Chaire de recherche du Canada sur l’islam (dont Patrice Brodeur est titulaire) et Présence Musulmane Montréal s’associent pour présenter une conférence intitulée La spiritualité après la modernité. Quelques jours plus tôt, Patrice Brodeur avait présenté un portrait des principales organisations musulmanes actives au Québec lors d’un forum public commandé par la Commission Bouchard-Taylor.
29 NOVEMBRE 2007 – Deux militantes de Présence Musulmane, Asmaa Ibnouzahir et Leila Beider (Bdeir), présentent le mémoire de leur organisation aux audiences de la Commission Bouchard-Taylor. (Horaire des présentations / Archive.Today)
La Commission Bouchard-Taylor a fait des allusions positives au mémoire de Présence Musulmane aux pages 228 et 242 de son rapport final. Nous avons commenté ces remarques aux parties 4.6 et 4.10 du présent document.
30 NOVEMBRE 2007 – Laura-Julie Perreault rapporte dans La Presse qu’après la présentation du mémoire de Présence Musulmane par deux de ses militantes, Gérard Bouchard a affirmé qu’elles représentaient «un féminisme nouveau genre»
La Presse : «Après la présentation de Présence musulmane, l’historien et sociologue Gérard Bouchard a avancé que son collègue Charles Taylor et lui voient s’imposer, depuis le début des travaux, un féminisme nouveau genre, en réaction au féminisme traditionnel.
‘C’est vrai. On peut parler d’un féminisme qui est né ici parmi les femmes des communautés qui veulent avoir le droit de se définir elles-mêmes. Au nom du droit de la femme, je ne veux pas me faire dire ce que je devrais être et comment je devrais vivre’, a noté à ce sujet Leila Bdeir [de Présence Musulmane].»
31 DÉCEMBRE 2007 – Tariq Ramadan publie sur son propre site des remarques de Charles Taylor qui se porte à sa défense après que l’analyste Paul Berman ait fait ressortir la nature totalitaire de la doctrine de Hassan Al-Banna (dont Ramadan se réclame) dans un article intitulé Who’s Afraid of Tariq Ramadan? publié en juin 2007. Les remarques de Taylor avaient d’abord été publiées sur un site italien à la mi-décembre 2007. La partie 4.4 de cet article apporte plus d’informations à ce sujet.
2008 – Le leader de Présence Musulmane, Tariq Ramadan, lance son nouveau livre La réforme radicale. À la page 47, Ramadan présente le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, comme étant «au premier rang» (sic) des exégètes qui se penchent sur les attitudes et les comportements que les musulmans doivent adopter lorsqu’ils vivent en Occident. Ce, malgré que, dans le passé, Qaradawi ait plaidé, entre autres, pour la conquête musulmane de l’Occident, justifié les attentats suicide et présenté Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les juifs.
JANVIER 2008 – Dans le rapport qui lui a été commandé par la Commission Bouchard-Taylor / WebArchive, Maryse Potvin cite Tariq Ramadan qui affirme que la crainte des gens face à la menace islamiste est une peur (irrationnelle) fondée sur de (fausses) perceptions. Dans le reste de son document, Madame Potvin tente de démontrer que ces perceptions ne sont pas basées sur des réalités idéologiques et historiques vérifiables mais sur des préjugés colportés par les médias. En conséquence, elle propose diverses mesures pour censurer les journalistes qui mettraient en péril «la cohésion sociale». En 2008, Lysiane Gagnon a déclaré des propositions de censure de Maryse Potvin qu’elles «évoquent ce qui se passe dans les régimes totalitaires»
MARS 2008 – Un document de Présence Musulmane contenant le bilan de ses activités pour 2006-2007 et le calendrier de ses conférences prévues pour 2007-2008 indique qu’Ingrid Mattson devait prononcer une conférence sur le rôle de la femme dans les institutions musulmanes en mars 2008. Il ne nous est pas possible de déterminer si cette conférence a effectivement eu lieu. Ce qui demeure c’est l’endossement d’Ingrid Mattson par Présence Musulmane.
Selon ce qu’en rapporta l’organisation Young Muslims Canada en 2000, cette année-là, dans une assemblée de l’Islamic Society of North America, Ingrid Mattson a endossé l’exégète islamiste Syed Maududi (1903-1979) en affirmant qu’il avait produit le meilleur tafsir (commentaire coranique) disponible en langue anglaise. Dans l’explication du verset 4:24 qu’il fournit dans son tafsir, Maududi justifie le viol des prisonnières de guerre. C’est ce genre d’explications doctrinales qui incita l’État islamique à encourager le viol à grande échelle des prisonnières de guerre yézidies en Iraq ces dernières années.
L’extrait pertinent du tafsir est disponible sur Point de Bascule et le commentaire coranique de Maududi peut être consulté dans son intégralité sur le site English tafsir.
Dans son livre Jihad in Islam / WebArchive (pp.6 et 22), Syed Maududi affirme également que «Le but de l’islam est de provoquer une révolution universelle. […] L’islam cherche à détruire tous les états et les gouvernements opposés à l’idéologie et au programme de l’islam où qu’ils soient sur terre. […] Le but de l’islam est d’instaurer un état fondé sur son propre programme et sa propre idéologie.»
3-4 MAI 2008 – Deux membres du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor, Céline Saint-Pierre et Bergman Fleury, participent au 4e Colloque de Présence Musulmane alors que la Commission est toujours en activité. Patrice Brodeur y participe également. En 2007, il s’était vu confier la tâche de présenter un portrait des organisations musulmanes actives au Québec lors d’un forum public commandé par la Commission Bouchard-Taylor. Trois des organisations islamistes que la Commission Bouchard-Taylor recommanda au gouvernement d’appuyer sont partenaires de l’événement :
Centre islamique BADR
Muslim Community of Quebec
Regroupement des Algériens au Canada
La partie 4.3 de ce document mentionne également la participation de membres du comité conseil de la Commission Bouchard-Taylor aux activités de Présence Musulmane alors que la Commission était toujours en activité.
22 MAI 2008 – La Commission Bouchard-Taylor rend public son rapport final. Au moins trois passages concernent directement Présence Musulmane.
Aux pages 234 et 242 de son rapport final, la Commission reprend, en les appuyant, des remarques contenues dans le mémoire de Présence Musulmane soumis aux audiences publiques de la Commission en 2007. À la page 236 / note 91, elle recommande au gouvernement québécois d’appuyer Présence Musulmane et d’autres organisations islamistes signataires d’un texte souligné par La Presse quelques mois plus tôt.
Les conclusions de la Commission Bouchard-Taylor touchant directement Présence Musulmane sont examinées plus en détail aux parties 4.2, 4.7 et 4.10 de ce document.
28 MAI 2008 – Salah Basalamah publie un message d’appui au rapport de la Commission Bouchard-Taylor au nom de Présence Musulmane. Il relève cependant «une fausse note» dans le rapport, soit la recommandation d’interdire aux représentants de l’État exerçant un pouvoir de coercition (juges, policiers, etc.) de porter des signes religieux distinctifs. Le 24 mai 2008, l’agence de presse iranienne IQNA et Le Droit ont cité Salah Basalamah qui déclarait : «C’est quand une femme juge portera le foulard islamique qu’on pourra vraiment mesurer la réussite du cadre social».
Cinq autres organisations musulmanes, dont trois que la Commission avait recommandées au gouvernement d’appuyer, avaient déjà salué le rapport Bouchard-Taylor dans une déclaration commune le 23 mai.
SEPTEMBRE 2009 – Dans un son livre Mon intime conviction publié en 2009, Tariq Ramadan indique que, dans le passé, Charles Taylor l’a défendu contre des accusations de double discours en affirmant qu’il (Ramadan) «n’avai[t] pas de ‘double discours’ ou de ‘propos ambigus’, mais que [s]on discours était clair entre deux univers qui, eux, étaient très ambigus».
À la partie 4.8 de ce texte, nous présentons quatre cas de dissimulation ou de discours contradictoires tenus par Ramadan (et ses supporteurs à son sujet) à des auditoires musulmans et non-musulmans.
Caroline Fourest a donné d’autres exemples de ce double discours dans son livre Frère Tariq publié en 2004. Le titre de la version anglaise de son livre met cet aspect de l’approche Ramadan en évidence : Brother Tariq: The Doublespeak of Tariq Ramadan.
5 NOVEMBRE 2009 – Le Muslim Canadian Congress et Point de Bascule dénoncent des positions passées de Tariq Ramadan dans une pleine page parue dans Le Devoir à l’occasion de sa venue à Montréal. La page évoque les collaborations passées de Présence Musulmane et de ses leaders avec le ministère de l’Immigration du Québec et l’Institut du Nouveau Monde.
5 NOVEMBRE 2009 – Le ministère de l’Immigration du Québec émet un communiqué de presse pour se dissocier de Tariq Ramadan.
5 NOVEMBRE 2009 – L’Institut du Nouveau Monde se dissocie publiquement de Tariq Ramadan et de son organisation Présence Musulmane : «L’INM n’est ni partenaire de Présence musulmane ni associé à la tenue de la conférence de Tariq Ramadan».
5 NOVEMBRE 2009 – Présence Musulmane réagit à la pleine page publiée dans Le Devoir par le Muslim Canadian Congress et Point de Bascule à l’occasion de la venue de Tariq Ramadan à Montréal en la qualifiant de «discours haineux […] sans esprit de structure [et sans] la moindre idée directrice».
14 NOVEMBRE 2009 – Présence Musulmane rappelle à l’Institut du Nouveau Monde la fausseté de sa déclaration qui niait leur collaboration passée :
Présence Musulmane : «Nous avons par le passé (2007) participé en tant que partenaire actif à l’Ècole d’été de l’INM. Fort de cet esprit de collaboration, ce même INM a cru bon de citer PMM à titre de partenaire dans ses documents publics (http://inm.qc.ca/nos-actions-mainmenu-107/lole-d-mainmenu-157/lole-d-2007-mainmenu-264/248.htm [/ Archive.Today]). Comment se fait-il que la démarche franche, claire et ouverte qui est la nôtre puisse être, à la faveur de méthodes obscures et d’insinuations infondées, supprimée du jour au lendemain?»
15 AVRIL 2010 – Point de Bascule organise une conférence de presse sur la menace islamiste au Québec qui coïncide avec la venue de Tariq Ramadan à Montréal. L’événement met en vedette quatre intellectuels musulmans anti-islamistes : Tarek Fatah, Salim Mansur, Naser Khader et Zuhdi Jasser. La vidéo de leurs interventions est disponible.
27-28 MAI 2010 – Gérard Bouchard (coprésident de la Commission Bouchard-Taylor), Daniel Weinstock (un membre de son comité conseil) et Maryse Potvin (l’auteure d’un rapport commandé par la Commission qui recommandait la censure des critiques de la menace islamiste) se joignent à Salah Basalamah lors d’un colloque sur le ‘pluralisme ethnoculturel’ organisé par le Collège Édouard-Montpetit.
Le journal du syndicat des professeurs du Collège avait commenté l’intervention de Salah Basalamah en ces termes :
La Dépêche / WebArchive (septembre 2010) : [p.11] «Basalamah affirme qu’il suffirait de ‘traduire’ l’Islam pour que les gens d’ici le comprennent. Lorsqu’il suggère que c’est la mésentente des parties qui produit le vrai conflit, ne rêve-t-il pas un peu en couleurs?»
FIN 2010 – DÉBUT 2011 – La section de Présence Musulmane à Montréal annonce la fin de ses activités sur la page d’accueil de son site.
22 SEPTEMBRE 2012 – Deux ans avant l’attentat terroriste contre Charlie Hebdo, l’organisation Présence Musulmane de Tariq Ramadan publie sur son site un texte justifiant les musulmans de recourir à la violence contre le magazine. Le 9 janvier 2015, deux jours après la boucherie islamiste contre Charlie Hebdo, l’article était toujours disponible sur le site de Présence Musulmane. Il sera finalement retiré après que Point de Bascule en ait dénoncé l’existence.
[EXTRAIT] «Non Charlie
On n’a pas le droit de s’octroyer tous les droits, d’offenser et de défoncer les gens dans ce qu’ils ont de plus sacré : l’objet de leur Foi ou de leur désarroi
Si l’offense est l’expression de votre liberté, alors la violence, sera l’expression de leur liberté ! Non, ne dites pas ‘mais’ ! Assumez…»
Dans son classique Priorités du mouvement islamique, basé sur un discours prononcé en Algérie en 1990, le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, souligne qu’un des principes politiques introduits sur terre par l’islam est de «recourir à la force à toutes les fois que c’est possible pour changer ce qui est mauvais» (“changing wrong by force whenever possible”), en d’autres termes pour faire appliquer les principes de charia.
En 2008, dans son livre La réforme radicale, Tariq Ramadan avait présenté Qaradawi comme étant «au premier rang» (sic) des exégètes qui se penchent sur les attitudes et les comportements que les musulmans doivent adopter lorsqu’ils vivent en Occident.
18 MARS 2013 – Lors d’une conférence devant l’Islamic Association of Greater Detroit, Tariq Ramadan déclare à ses partisans que «le jihad c’est la façon par laquelle nous faisons appliquer la charia» (‘Jihad is the way we implement sharia’) et il les a encouragés à devenir journalistes «pour influencer les perceptions» (‘to shape the perceptions’).
2 OCTOBRE 2013 – Lors d’une conférence organisée au Maroc par l’ISESCO et l’Organisation de la francophonie (OIF), Gérard Bouchard soutient que les craintes des Québécois sur la menace islamiste sont irrationnelles car elles sont «nourries de perceptions non fondées». Le Devoir rapporte à ce moment-là qu’il a déclaré que «le complot islamiste, craint par de nombreux Québécois, ne représente pas un risque réel au Québec».
Gérard Bouchard : À titre de co-président d’une commission gouvernementale qui s’est penchée sur ce sujet au Québec en 2007-2008, il y a deux ou trois choses que je crois avoir apprises. D’abord, la démonstration rationnelle ou empirique pour désamorcer des craintes nourries de perceptions non fondées ne suffit pas. Elle se heurte à des structures cognitives gouvernées par des ressorts sur lesquels la raison a souvent peu de prise.
L’ISESCO et l’OIF ont conclu cette conférence au Maroc avec l’Appel de Fès qui encourage un dialogue interculturel «dev[ant] reposer sur un socle de valeurs universellement partagées». Pourtant, l’ISESCO est une agence de l’Organisation de la coopération islamique qui regroupe les pays musulmans et qui a refusé d’endosser la Déclaration universelle des droits de l’homme, notamment parce qu’elle s’oppose à son article 18 qui reconnait la liberté de changer de religion.
En 1990, l’OCI a d’ailleurs adopté sa propre Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en islam qui stipule aux articles 24 et 25 que les droits et libertés qu’elle reconnait sont soumis aux dispositions de la charia et que la charia demeure l’unique référence pour interpréter sa Déclaration des droits. L’article 22a, en particulier, stipule que «Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria».
FÉVRIER-AVRIL 2014 – Au début de 2014, Tariq Ramadan annonce sur son propre site qu’il a été admis à l’Union mondiale des savants musulmans, un groupe sélect d’exégètes présidé par le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi.
Lectures complémentaires
Point de Bascule : FICHE Commission Bouchard-Taylor
Point de Bascule : FICHE Présence Musulmane
Antoine Robitaille (Le Devoir – 17 août 2007) : La tournée de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables servira-t-elle à convaincre ou à consulter? / WebArchive – Archive.Today (L’article présente plusieurs éléments qui donnent à penser que les conclusions de la Commission avaient été tirées d’avance, avant même que son travail de ‘recherche’ et de ‘consultation’ ne commence.)
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