Des objectifs de mixité sociale «non atteints», une «montée en charge à marche forcée», une généralisation qui soulève des «difficultés d’ordre disciplinaire» … Dans un rapport rendu ce vendredi, les Sages de la rue Cambon dressent le bilan du dispositif voulu par Emmanuel Macron. La généralisation du SNU avait té formulée après les émeutes urbaines déclenchéesà la suite de la mort du jeune Nahel le 27 juin 2023, à Nanterre.
Une promesse originellement intenable, à laquelle le président Macron et ses gouvernements successifs se sont accrochés, symbole politique oblige. Cinq ans après le lancement du Service National Universel (SNU) , la Cour des comptes dresse le bilan cinglant d’un dispositif qui « monte en puissance chaque année, avec des objectifs quantitatifs (nombre de jeunes à accueillir en séjour de cohésion) toujours rehaussés, sans sortir de la gestion dans l’urgence qui prévaut depuis 2019 ».
Dans un rapport de 66 pages publié ce vendredi 13 septembre, les Sages de la rue Cambon décrivent une véritable une fuite en avant, en épinglant tour à tour des objectifs restés «à ce jour incertains», une « montée en charge à marche forcée», une généralisation « non préparée à ce stade», un coût « largement sous-estimé» et une gouvernance dont « la dimension interministérielle demeure à construire».
Ils pointent aussi une généralisation -annoncée pour 2026-2027- qui, « sans stratégie d’emploi et de recrutement, représenterait une prise de risque majeure». En 2023, 33 exclusions de jeunes volontaires pour «motif d’agressions, commises par ceux-ci» ont été relevées. Et sur les sessions du premier semestre 2023, 17 « situations d’agression, de harcèlement ou de propos délictueux de la part d’encadrants » ont été recensées.
La généralisation impliquerait « une part accrue de jeunes réticents à participer au dispositif, susceptibles de fragiliser la cohésion de groupe et de soulever des difficultés d’ordre disciplinaire» , prédit déjà la Cour des comptes. « L’arrivée de jeunes participants issus des «classes engagées» constitue à cet égard une prise de risque», ajoute-t-elle. Pour accélérer la généralisation du dispositif, l’exécutif a en effet imaginé en 2024 des «classes de seconde engagées» – avec des séjours de cohésion sur le temps scolaire – et appelé les lycées à construire des projets à connotation civique. Un moyen de renforcer la participation des jeunes de l’éducation prioritaire et des quartiers. Mais ce public de jeunes contraints d’y participer a abouti à des séjours qui ont viré à la catastrophe, comme le rapportait Le Figaro le 6 juillet dernier . Alcool, cannabis et refus de chanter la Marseillaise… Des jeunes ont même été rapatriés chez eux. […]
De fait, la dernière enquête de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) sur le SNU, publiée en décembre, montre que seuls 5% des participants sont issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). A contrario, les enfants de cadres ou de parents ayant travaillé dans l’armée, la police, la gendarmerie ou les pompiers sont surreprésentés. La faute à ce caractère obligatoire, impossible à mettre en place légalement auprès de la population de mineurs visés (les 15-17 ans). Dès lors qu’il a reposé sur le volontariat, le SNU ne pouvait pas tenir ses promesses. […]
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