L’émission de Cyril Hanouna sur Europe 1, “On marche sur la tête”, a été mise en demeure par le régulateur audiovisuel pour manque de « mesure » et « d’honnêteté ». L’animateur rigolo dénonce « un acharnement contre [sa] personne au niveau de l’Arcom », part en vacances et est remplacé par Eliot Deval à 18 heures.
Le 25 juin dernier, l’Arcom a officiellement envoyé une mise en garde à Sud Radio au sujet de l’émission « Bercoff dans tous ses états » diffusée le 7 décembre 2023. Cette émission était consacrée à la COP 28 et l’invité en était le physicien François Gervais[1]. Raison de ce rappel à l’ordre ? Attention, tenez-vous bien : l’Arcom « a relevé que plusieurs déclarations venaient contredire ou minimiser le consensus scientifique existant sur le dérèglement climatique actuel, par un traitement manquant de rigueur et sans contradiction. » Dans quel système politique vivons-nous ? La question mérite d’être posée s’il est avéré qu’il n’est plus possible, même pour un physicien de renom, d’interroger les données scientifiques qui ont abouti à ce qu’il faut bien appeler un dogme climatique, celui du GIEC, organisme techno-bureaucratique et quasi-religieux régi par les pays membres de l’ONU ayant intérêt, pour des raisons diverses et parfois contradictoires, à conforter le récit d’un « dérèglement climatique dû à l’activité humaine ». Le GIEC est devenu le Saint des saints de l’écologie politique. Sa parole ne saurait être remise en cause. En France, les hérétiques sont poursuivis par un organisme de surveillance médiatique supposément indépendant dont l’existence même, dans un pays qui se dit démocratique, est problématique. En plus de participer au contrôle permanent de la population, des médias audiovisuels, de la presse, etc., certaines autorités administratives ou politiques dites indépendantes – l’Arcom, mais aussi la CNIL, le Défenseur des droits, le Conseil supérieur de l’AFP, etc. – ne semblent avoir été créées que pour permettre à la République monarchique de recaser une partie de la noblesse d’État en lui attribuant des postes très rémunérateurs, agrémentés de multiples droits et de nombreux privilèges, soit en remerciement de services rendus, soit dans l’espoir d’un retour sur investissement sous la forme d’une totale soumission.
En règle générale, Radio France n’a pas grand-chose à craindre de l’Arcom. Concernant le sujet du climat, sa charte environnementale intitulée “Le Tournant” ne laisse planer aucun doute sur son allégeance au dogme : la radio publique a tout bonnement décidé de sortir « du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine » car, croit-elle, « elle est un fait scientifique établi, pas une opinion parmi d’autres ». Quotidiennement, des messes sur l’écologie et le réchauffement climatique sont célébrées dans la Maison Ronde. Sur les prie-Dieu, le dernier rapport du GIEC fait office de missel. L’absence de contradicteurs face aux bigots écolos de la radio publique ne semble pas chagriner l’Arcom, au contraire. Sur Sud Radio, François Gervais a eu l’outrecuidance de remettre en cause la doxa ? La radio sacrilège et le chercheur hérétique sont prévenus : la prochaine fois, c’est le bûcher.
Tête de turc
Ils y rejoindront Cyril Hanouna. L’Arcom réserve depuis de nombreux mois un régime spécial à l’animateur de l’émission TPMP sur C8. La tête de Turc de l’organisme de surveillance médiatique anime l’émission “On marche sur la tête” sur Europe 1 depuis à peine dix jours que déjà les ennuis (re)commencent. Ça n’a pas traîné. L’Arcom vient en effet d’adresser à la radio sa première mise en demeure. Motif ? Des propos auraient été tenus dans la nouvelle émission de Cyril Hanouna « sans faire l’objet d’une contradiction suffisante » et l’émission manquerait de « mesure » et d’ « honnêteté » vis-à-vis de La France insoumise et du Nouveau Front Populaire. L’auxiliaire de police médiatique Le Monde a de son côté « enregistré tous les participants et décompté tous les temps de parole » dans ladite émission. Verdict : “On marche sur la tête” est une « émission de propagande politique, en pleine période électorale. » Le quotidien du soir, qui n’a jamais rien trouvé à redire à la propagande gauchiste de l’audiovisuel public, ne manque pas d’un certain culot. En même temps, peut-on prendre au sérieux un journal qui a choisi pour marraine de la prochaine édition de son Festival international de journalisme… Camélia Jordana ?
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Lors de la matinale de France Inter du 3 juin, le surveillant médiatique Cyril Lacarrière a montré, de son côté, les signes d’une extrême inquiétude : CNews est passé devant BFMTV et est devenu le leader des chaînes d’info continue. C’est embêtant car, selon le journaliste, si la chaîne « bollorisée » reste numéro 1, il sera difficile de la faire « retoquer » par l’Arcom sans risquer d’y voir une décision politique. Comment ! L’organisme de régulation indépendant se serait pas si indépendant que ça ? Nous n’osons y croire. Le 25 juin, le même Cyril Lacarrière cible directement… Vincent Bolloré et Cyril Hanouna : l’Arcom a demandé à Europe 1, deux jours seulement après le lancement de la nouvelle émission “On marche sur la tête”, de « veiller strictement à la pluralité des points de vue ». Malheureusement, déplore l’éditorialiste, le propriétaire d’Europe 1 et son animateur vedette n’en ont cure et « sont tout simplement en train de faire exploser le modèle de la régulation à la française ». Venant de la part de l’employé d’une radio publique penchant ouvertement à gauche et se contrefichant du pluralisme et de l’impartialité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an, cela ne manque pas de sel.
Barrage républicain: France inter à la pointe
Car il n’y a pas que pour le climat que la radio publique se distingue par un manquement aux devoirs qui incombent à une radio payée par tous les Français. France Inter, comme d’habitude, fait plus et mieux que ses petites camarades. Il suffit d’écouter sa matinale d’information pour s’en rendre compte. Depuis quinze jours, journalistes, chroniqueurs et éditorialistes se démènent tant et plus pour apporter leurs pierres au « barrage républicain contre l’extrême droite ». Le plus assidu est sans conteste l’éditorialiste politique Yaël Goosz. La semaine précédent le premier tour des élections législatives, il s’est surpassé : sur cinq éditos, quatre ont été consacrés à… « l’extrême droite ». Détails :
Le 24 juin, son édito s’intitule “Obéir ou pas, avec le RN, la haute fonction publique en terre inconnue”. Entre deux claquements des dents, le journaliste s’interroge : si le RN prend le pouvoir, comment se comporteront « les hauts gradés de la police, en cas de bavure, puisqu’avec le RN, les forces de l’ordre bénéficieraient de la “présomption de légitime défense” ? » Qui prendra la direction de la gendarmerie, de la Poste, de la SNCF ? Qu’arrivera-il à un directeur d’hôpital et aux médecins qui accepteront « de soigner un étranger, bravant la loi, promise par le RN, de suppression de l’AME » ? Bref, se lamente Yaël Goosz, « une bataille inédite et mortifère entre populisme au pouvoir et État de Droit » est envisageable si Jordan Bardella devient Premier ministre. Brr !
Le 26 juin, rasséréné par les déclarations de certains hommes politiques – Hollande, Jospin, Bertrand, Bayrou, Faure, la crème de la crème des pontifes lénifiants – l’éditorialiste se réjouit – « Le front républicain respire encore » – et avertit : « Il ne tient qu’à Emmanuel Macron de le réanimer pour de bon. » Pour ce faire, le président de la République doit cesser de renvoyer dos à dos le NFP et le RN car « pour le camp de la raison, ce ni-ni est ni rationnel, ni raisonnable. » En cas de duel NFP/RN, Yaël Goosz, pilier radiophonique de la rationalité raisonnable, laisse aisément deviner vers qui son choix se porterait.
27 juin : le docteur Goosz décline les points faibles du RN et conclut par un message qui se veut subliminal : « Le RN gagnera peut-être, sans doute, et démocratiquement, parce qu’il n’a jamais été “essayé”, mais avant de faire l’essai, il est toujours temps, dans l’isoloir, de lire précisément, et entre les lignes, ce que dit la notice. Gare aux effets indésirables. » Subtil, isn’t it ?
Enfin, le 28 juin, à l’avant-veille du premier tour des élections, Yaël Goosz triture l’histoire pour laisser penser que les électeurs du RN sont en réalité des pétainistes dans l’âme : « Dans dix jours, l’extrême droite sera peut-être en position de gouverner le pays. Le 10 juillet 1940, les parlementaires avaient voté les pleins pouvoirs. Le suffrage était indirect. Le 7 juillet 2024, la bascule pourrait se faire, pour la première fois, au suffrage universel direct. En toute connaissance de cause. » Heureusement, la résistance s’organise…
Toujours sur France Inter. Ces quinze derniers jours, sous couvert d’humour, Charline Vanhoenacker et ce qui reste de sa bande de comiques pas drôles ne se sont pas gênés pour faire la publicité du NFP et dégobiller sur les presque 35% de Français qui « votent mal ». Florilège : « Allez, dernière chronique dans la France libre ! En 2024, on pensait qu’on allait libérer la parole des femmes ou des LGBT… on a surtout libéré la parole des racistes. » « Ce soir, j’espère que le rire va couvrir le bruit des bottes. » « Vous pensez que ça ferait plaisir à Hitler de voir tous ces députés RN qui ne se souviennent même pas que leur parti a été fondé par un Waffen-SS ? » « Certains disent que l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite ne va rien changer. Et c’est vrai, j’ai tendance à dramatiser. Si vous n’êtes pas homosexuel, pas féministe, pas noir, pas musulman, pas pauvre, pas trans, pas écolo, pas juif, pas fonctionnaire, pas humoriste, pas famille monoparentale, pas syndicaliste, pas chômeur… alors c’est vrai que rien ne devrait changer. » La triste équipe a conclu sa dernière émission de la saison avec une chanson appelant à voter contre le RN et dénonçant… Vincent Bolloré, Pascal Praud et Cyril Hanouna, trop gentiment traités par l’Arcom, d’après elle. Ayant usé toutes les patiences, même celles des directrices de France Inter et de Radio France, il n’est pas certain que Charline Vanhoenacker soit présente sur les ondes de France Inter à la rentrée prochaine. Proposition : à sa place, France Inter pourrait rediffuser les deux saisons du “Tribunal des flagrants délires”. Claude Villers, Pierre Desproges, Luis Rego. Que du bonheur ! De l’humour, du vrai ! Succès assuré !
Malgré le rouleau compresseur de la propagande médiatique, les résultats du premier tour ont confirmé ce que les sondages laissaient pressentir, à savoir une large victoire du RN et de ses alliés. Sans surprise, le « front républicain » tente de se refaire la cerise et des alliances surprenantes, monstrueuses ou risibles naissent au fil des triangulaires. Libé veut « faire bloc ». Le Monde appelle à « faire barrage » à qui vous savez et affirme sans rire que, « fidèle à son combat historique contre l’extrême droite, la gauche, de LFI au PS, n’a pas dérogé à appeler au front républicain ». “Quotidien”, l’émission de Yann Barthès sur TMC, va continuer de sonner la charge contre « l’extrême droite ». Le groupe TF1 et l’audiovisuel public sont sur le pied de guerre. Et l’Arcom ? Ne pouvant pas épier tout le monde en même temps, l’Arcom est obligée de faire des choix. Il est par conséquent prévu qu’elle continue d’inspecter rigoureusement CNews, d’observer scrupuleusement Europe 1 et de surveiller minutieusement Cyril Hanouna. Quand elle aura cinq minutes, elle jettera également un coup d’œil sur Sud Radio.
[1] À propos de François Gervais et du GIEC, je renvoie à mon article paru le 10 avril 2024 dans ces colonnes, Que dit Steven E. Koonin sur le climat, exactement ?
L’article Les instances inquisitoriales de l’Arcom promettent le bûcher à Cyril Hanouna (et à quelques autres) est apparu en premier sur Causeur.
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