Pékin poursuit la «sinisation» à marche forcée de l’islam en Chine. En avril dernier, les travaux de la Grande Mosquée de Shadian, dans le sud du pays, sont arrivés à leur terme. Quand les dernières bâches ont été retirées, l’immense bâtiment de 21.000 mètres carrés, pouvant accueillir 10.000 fidèles, n’avait plus grand-chose à voir avec une mosquée. Le dôme vert et les quatre imposants minarets qui la caractérisaient ont été entièrement repensés… dans le style d’une pagode, rapporte The Guardian dans une longue enquête sur le sujet.
De l’édifice originel, ne restent que les grandes arches de l’entrée, surmontée d’une plaque dorée couverte d’inscriptions en arabe. Et encore, celles-ci sont désormais accompagnées d’un message en chinois : «Le palais impérial de la vérité suprême», un terme taoïste, mais également utilisé dans l’islam chinois, souligne le quotidien britannique. L’autre mosquée emblématique de la province du Yunnan, à 160 km de là, a subi le même sort.
En réalité, trois quarts des 2300 mosquées chinoises à l’architecture islamique (sur 4450 mosquées) ont été «rénovées» ou détruites depuis 2018, selon un décompte du Financial Times daté de novembre 2023. Celles qui restent se trouvent essentiellement dans de petits villages. Il y a cinq ans, le gouvernement chinois a en effet lancé une grande campagne de «sinisation de l’islam». L’un des objectifs majeurs de ce projet était de résister aux «styles architecturaux étrangers» et de promouvoir «une architecture islamique pleine de caractéristiques chinoises». Avec une consigne claire, selon une note du parti communiste relayé par The Guardian : «Démolir plus et construire moins». […]
En février dernier, Pékin a également renforcé ses réglementations sur l’expression religieuse, toujours dans cette logique de «sinisation». Certaines autorités locales interdisent par exemple aux mineurs de fréquenter les mosquées ou de jeûner.
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