Le retour de l’uniforme à l’école réglait aussi le problème de l’abaya

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6 Français sur 10 sont favorables au retour de l’uniforme scolaire, que Gabriel Attal promet d’expérimenter.


Apparu au début du XIXe siècle sous l’impulsion de Napoléon, l’uniforme scolaire disparaît un siècle et demi plus tard, au gré des revendications étudiantes de 1968. Dès 2003, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Xavier Darcos suggère que l’adoption d’une tenue scolaire unique effacerait « les différences visibles de niveau social ou de fortune ».

Depuis, la droite française en a fait l’un de ses piliers en matière d’éducation. Il faut dire que la question du port de l’uniforme à l’école anime le débat public depuis des décennies. Le 12 janvier dernier, lors de sa niche parlementaire, le Rassemblement national a remis le sujet sur la table en inscrivant l’uniforme scolaire à la liste de ses propositions. Du parti à la flamme aux rangs macronistes, on voit à travers l’uniforme, un moyen de défendre la laïcité et de lutter contre le harcèlement scolaire. Interrogée à plusieurs reprises sur le sujet, Marine Le Pen affirme que l’uniforme serait la solution à deux difficultés : « la compétition des marques et la pression des islamistes sur les enfants qui vont à l’école ».

A-t-elle raison ? Tout porte à croire que oui. 

Il y a quelques semaines, la disposition prise par Gabriel Attal d’interdire le port de l’abaya et du qamis à l’école entrait en application dans l’ensemble des établissements du pays. Disposition largement plébiscitée par les Français, qui, selon une enquête réalisée par l’IFOP, attribuent massivement (70 %) un caractère religieux à ces vêtements. Malgré les recours déposés par La France Insoumise, l’association La Voix lycéenne, l’association Le Poing levé et le syndicat Sud-éducation contre la circulaire du nouveau ministre, le Conseil d’Etat en a maintenu l’interdiction (il rendra une décision « au fond » définitive « ultérieurement »). Si l’interdiction des vêtements religieux à l’école déchaîne les passions, au milieu des vociférations de Marine Tondelier et le vacarme vaniteux de Jean-Luc Mélenchon une petite voix persiste : celle de l’uniforme. Il faut bien avouer que dans une société marquée par l’émergence d’un multiculturalisme à rebours de la tradition française, les établissements scolaires peinent à faire face à la recrudescence du voile, de l’abaya et du qamis. Pourtant, ces vêtements sont des symboles manifestes du fondamentalisme islamiste contre lesquels il convient de lutter bec et ongles. Le 20 septembre, au travers d’un vœu en faveur de l’uniforme présenté devant le Conseil Régional d’Ile-de-France, Pierre-Romain Thionnet (RN) alertait sur la lente agonie de la laïcité qui, selon lui, s’observe en premier lieu dans les lieux d’instruction. Une chose est sûre, l’uniforme permettrait à la fois de réaffirmer le principe de laïcité et d’éviter que l’école devienne le théâtre des communautarismes.

À lire aussi, Julien Odoul: «Pour faire reculer l’islamisme, il faut interdire son uniforme dans le cadre scolaire»

À droite, chacun s’accorde à dire qu’une tenue uniforme obligatoire dans les écoles et les collèges publics pourrait permettre de pallier aux inégalités sociales et culturelles qui existent entre les enfants issus de familles aisées et leurs camarades issus de milieux populaires. Bien souvent, les professeurs pointent du doigt les distorsions créées par des écarts significatifs de valeur entre les vêtements des élèves. Certains précisent qu’ils peuvent être, dans certains cas, des motifs de harcèlement scolaire. Imposer une tenue unique dans les établissements serait une mesure forte portée par les pouvoirs publics pour lutter contre la compétition pour les marques et les dérives matérialistes. Plus encore, le port de l’uniforme aiderait l’élève à s’émanciper de son origine sociale et à s’affranchir des diktats de la mode.

D’autre part, il y a urgence à rétablir l’autorité du professeur, celui que Charles Péguy qualifiait d’hussard noir de la République. L’uniforme marque une frontière entre l’élève et le professeur, il donne un sentiment d’ordre et de discipline adapté à l’apprentissage du savoir. En d’autres termes, il impose un rapport de force qui permet à l’enseignant de réaliser sereinement sa mission première : transmettre le savoir. Enfin, l’uniforme offre à l’élève le moyen de s’identifier à son établissement et de renforcer son sentiment d’appartenance à l’institution.

En janvier dernier, selon un sondage de l’institut CSA pour CNews, près de six Français sur dix (59%) se sont dit favorables à un retour de l’uniforme à l’école. À supposer que les expérimentations de l’uniforme promises par le ministre de l’Éducation Nationale portent leurs fruits, pourraient-elles aboutir à sa généralisation dès 2024 ?

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