La Commission fédérale contre le racisme a adressé une lettre au parti agrarien, dénonçant le caractère «racistes et xénophobes» de ses sujets de campagne, qu’elle juge susceptibles d’attiser «délibérément des émotions négatives». L’UCD crie à la censure
Une main gantée de noir pointe une lampe torche droit en direction du lecteur. A côté de la silhouette, une inscription: «Nouvelle normalité? Un requérant d’asile entre par effraction dans un magasin. Source: Police cantonale Saint-Gall». Ce visuel choc, largement diffusé sur les réseaux sociaux, est l’un de ceux utilisés par l’UDC dans sa course aux sièges à Berne.
De quoi faire sortir la Commission fédérale contre le racisme de ses gonds. A moins d’un mois des élections fédérales, l’organe extraparlementaire et indépendant a envoyé une lettre au parti lui demandant expressément – à défaut de pouvoir l’y obliger – d’enlever la série «Nouvelle normalité?», consacrée à l’immigration, de son site internet et de ne plus diffuser ses contenus sur les réseaux, relève vendredi Tamedia, qui s’est procuré la missive datée du 25 septembre.
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Dans le courrier, la CRF, pour qui cette campagne viserait à susciter la crainte, tempête: «les sujets de la campagne ne sont pas seulement racistes et xénophobes, ils sont incendiaires et attisent délibérément des émotions négatives.» Pour elle, il ne peut être question de liberté d’expression si la dignité humaine n’est pas respectée. Sa présidente, Martine Brunschwig Graf, détaille dans les pages de la _Tribune de Genève_: «Nous avons le devoir d’attirer l’attention sur des choses qui créent dans la société un climat hostile à l’égard de certains groupes.»
### **L’UDC saisit la balle au bond**
Ce n’est pas la première fois que l’UDC fait face à de telles accusations. En 2017, le Tribunal fédéral [confirmait](https://www.letemps.ch/suisse/tf-condamne-cadres-ludc-une-affiche-kosovars) une décision de la justice bernoise condamnant le parti pour discrimination raciale. Son matériel de campagne qui portait l’inscription «Les Kosovars poignardent les Suisses» violait la norme pénale antiraciste.
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Pour le directeur de campagne du parti Marcel Dettling, interrogé par Tamedia, le rapprochement entre les deux affaires n’a pas de raison d’être. Dans ce cas précis, il n’y aurait pas d’effet de généralisation selon lui, puisque les sujets de campagne s’appuient sur des cas réels. L’UDC a exhorté la commission, dans une missive de réponse, à retirer ses «insinuations monstrueuses et antidémocratiques». Le parti, qui a le vent en poupe selon les derniers pointages, n’hésite pas à parler de pression. «La CFR aurait dû critiquer publiquement la campagne», non pas dans le secret, par le biais d’une lettre, toujours selon Marcel Dettling, dans la _Tribune de Genève_.
La Commission fédérale contre le racisme s’en prend à la liberté d’expression avec des insinuations intolérables, en pleine campagne électorale. L’UDC ne se laissera pas faire.
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— UDC Suisse (@UDCch) October 6, 2023
Loin de se laisser démonter, l’UDC en a tiré profit en faisant de l’événement une thématique de campagne en soi, consacrée à la liberté d’expression. «La Commission fédérale contre le racisme s’en prend à la liberté d’expression avec des insinuations intolérables, en pleine campagne électorale. L’UDC ne se laissera pas faire», peut-on lire aujourd’hui sur ses réseaux sociaux.
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