Depuis quelques jours, on observe autant l’UE que le gouvernement, par l’intermédiaire notamment de Thierry Breton et Jean-Noël Barrot, envisager avec une délectation manifeste d’interdire Twitter en Europe. Un phénomène aussi intéressant à analyser qu’il nous laisse perplexes.
Twitter leaves EU voluntary Code of Practice against disinformation.
But obligations remain. You can run but you can’t hide.
Beyond voluntary commitments, fighting disinformation will be legal obligation under #DSA as of August 25.
Étonnant que l'on s'indigne de ce que l'Europe impose enfin des règles aux géants du numérique. Ils devront s'y conformer dès cette année et la France y veillera. La liberté d'expression n'est pas un droit à la désinformation.@MarionMarechalhttps://t.co/O2RzZ7tYzf
La raison invoquée ? Le réseau social appartenant désormais à Elon Musk refuse de se plier aux règles que l’UE veut imposer à partir d’août prochain pour « lutter contre la désinformation », alors que comme le proclame notre ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications : « la liberté d’expression n’est pas un droit à la désinformation. »
Comme un doute
Comment ne pas adhérer avec enthousiasme à cette phrase sublime, synthèse fulgurante de tous les autodafés de l’histoire ? Comment ne pas applaudir ces élites éclairées, si soucieuses de protéger les peuples des ravages de la désinformation ? Comment ne pas se fier à elles pour distinguer toujours, avec une infinie clairvoyance, la vérité du mensonge ?
Sans doute des esprits chagrins évoqueront-ils le Ministère de la Vérité de la dystopie d’Orwell, mais il faudrait être le dernier des complotistes pour refuser d’accorder sa confiance aux commissaires européens, à nos ministres et à ceux que notre président place à la tête des instances indépendantes. Imagine-t-on, par exemple, l’UE réintégrer une députée corrompue par le Qatar ? Inconcevable, d’ailleurs les accusations contre Eva Kaili ne sont que rumeurs et fake-news : qui n’a jamais trouvé quelques centaines de milliers d’euros égarés dans son appartement, franchement ? Ou bien, tenez : imagine-t-on un ministre de l’Intérieur de notre gouvernement accuser mensongèrement des supporters anglais des exactions commises par des bandes de racailles de la banlieue parisienne ? On peine à retenir son hilarité devant une telle hypothèse tant est connu et reconnu le profond attachement d’Emmanuel Macron et de ses proches à la plus stricte vérité. Ah, ce n’est pas lui qui accepterait qu’une de ses fidèles mente pour le protéger, et surtout pas si elle était porte-parole du gouvernement : décrédibiliser ainsi la parole de l’État, jamais ! Pas tant que LREM/Renaissance sera aux commandes ! S’ils disent que les masques sont inutiles, qu’aucun pass sanitaire ne sera jamais demandé pour aller au restaurant, et qu’un virus ne frappe que les gens assis en terrasse et pas les gens debout en terrasse, c’est que c’est vrai. Les institutions européennes proclament que « la liberté est dans le hijab », le ministre de l’Éducation Nationale ouvre les portes des écoles à des associations enseignant qu’il y a des hommes enceints et des femmes à pénis : devant de telles preuves de fiabilité, pourquoi douterions-nous encore ?
Les charniers de Timisoara et les armes chimiques en Irak ont longtemps été la vérité officielle
Non, clairement, tant que l’un des « responsables mais pas coupables » du sang contaminé, qui par ailleurs considérait que les jihadistes d’Al Nosra faisaient « du bon boulot », sera président du Conseil constitutionnel, nous pourrons nous reposer aveuglément sur les informations certifiées authentiques par nos dirigeants et les fact-checkers subventionnés, et avoir la certitude tranquillisante que toute version divergente des faits ne peut être qu’une manœuvre de déstabilisation dirigée en sous-main par Vladimir Poutine. Ou pire, par Bolloré, Christine Kelly, Sonia Mabrouk, Valeurs Actuelles, Causeur, Philippe de Villiers et toutes les hordes populistes qui osent prétendre que l’on peut parler à Zemmour et que Marine Le Pen n’est pas nazie, mais que le Parti Communiste est peut-être communiste, ces réactionnaires qui rêvent de cloner Pétain, ressusciter Jeanne d’Arc et renverser la République avec des armées de santons de Provence occupant les mairies et des statues de Saint Michel criant « vive Charette ! » Pour un peu, ces infâmes populistes iraient jusqu’à accepter qu’un vulgaire amuseur comme ce Jean-Baptiste Poquelin se permette de critiquer le consensus scientifique de la Faculté sur les saignées et les clystères, et remettraient même en cause l’autorité intellectuelle d’une université dont une vice-présidente préfère les jeteuses de sorts aux ingénieurs, c’est vous dire.
L’étude de la Fondation Jean Jaurès sur le complotisme est formelle, seul quelqu’un qui croit que la Terre est plate pourrait chercher à s’informer sur un Twitter ayant échappé au contrôle de la gauche américaine plutôt que sur les chaînes de télévision traditionnelles, qui elles au moins savent que Cléopâtre et les premiers Suédois étaient noirs, et refuser l’opportunité merveilleuse de discipliner les réseaux sociaux en les obligeant à faire passer toute publication sous les fourches caudines « d’institutions généralement défaillantes dans leurs fonctions essentielles, celle de la représentation comme celles de l’action, (qui) se revancheraient en nous disant quoi penser, comment parler, quand se taire. » À moins que…
À moins que Socrate, Galilée, Giordano Bruno, Molière et François Sureau ne soient ni des imbéciles, ni des complotistes. À moins qu’après les charniers de Timisoara et les armes chimiques de Saddam Hussein nous ayons quelques bonnes raisons de ne pas croire que l’unanimité médiatique serait une garantie suffisante. À moins que nous disposions de trois millénaires de retour d’expérience montrant que la censure n’a jamais servi à défendre la vérité mais toujours à l’étouffer, et que tous les pouvoirs prétendant s’arroger le monopole du vrai ne font en réalité qu’essayer de se garantir le monopole de la désinformation.
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