Large étude confirme que la diversité ethnique a des effets négatifs sur la cohésion sociale

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Sans confiance, la vie politique est fracturée et les nations divisées. La crise de la démocratie traversée par la France et plusieurs pays en Europe témoigne d’un affaiblissement inquiétant du politique. Un article du sociologue allemand Ruud Koopmans permet d’éclairer sous un jour nouveau les fondements de la confiance politique.
Une recension de l’article « Statistical and Perceived Diversity and Their Impacts on Neighborhood Social Cohesion in Germany, France and the Netherlands » (2016).

 
Selon les chercheurs, cette étude est à leur connaissance la première à avoir étudié la relation entre la diversité ethnique et la cohésion sociale à travers les localités de trois pays d’immigration différents, tout en comparant systématiquement les natifs et les personnes d’origine immigrée.

Les chercheurs affirment qu’en montrant que les mécanismes de base reliant la diversité à la cohésion sociale dans les quartiers sont très similaires d’un pays à l’autre, ainsi que pour les natifs et les personnes d’origine immigrée, leurs résultats ont un plus grand potentiel de généralisation que les études antérieures.

Conformément à la majorité des études précédentes, nous constatons que la diversité ethnique statistique a des effets négatifs sur chacune de nos cinq mesures de la cohésion sociale de quartier :

  • la confiance,
  • l’efficacité collective,
  • l’interconnexion,
  • les problèmes sociaux signalés et 
  • la satisfaction générale à l’égard de la vie de quartier. 
À quelques exceptions près, ces effets sont statistiquement significatifs dans les trois pays et s’appliquent aussi bien aux natifs qu’aux personnes âgées. À quelques exceptions près, ces effets sont statistiquement significatifs dans les trois pays et s’appliquent de la même manière aux natifs et aux personnes d’origine immigrée.

L’Observatoire de l’immigration et de la démographie résume ainsi l’article :
Professeur de sociologie à l’université Humboldt de Berlin, Ruud Koopmans est un chercheur de renommée internationale1 pourtant peu relayé en France, alors même que son champ d’études englobe généralement plusieurs pays européens et en particulier l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Ses travaux les plus notables concernent trois domaines en lien avec l’immigration à l’échelle européenne : l’analyse comparative des différentes politiques d’intégration ; les comportements politiques des immigrés et des minorités ethniques et l’incidence de la diversité ethnique sur la confiance sociale. C’est à ce dernier champ d’étude que s’intéresse le présent article. Il se fonde, pour l’essentiel, sur une étude publiée par R. Koopmans et M. Schaeffer en 2016 dans la revue Social Indicators Research. 
 
Une méthodologie robuste et minutieuse 
 
Pour conduire leur analyse, les auteurs utilisent les résultats de l’« Ethnic Diversity and Collective Action Survey » (EDCAS), une enquête menée entre 2009 et 2010 à partir de 10 200 appels téléphoniques standardisés. M. Schaeffer et R. Koopmans se concentrent sur une sélection de 4 600 répondants correspondant aux 938 quartiers d’Allemagne, de France et des Pays-Bas retenus pour l’étude. Pour la France, ces quartiers sont issus des villes de Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille et Rennes, ainsi que de Paris et ses départements limitrophes (Hauts-de-Seine, Seine–Saint-Denis et Val-de-Marne). 
 
L’étude développe en outre une double approche des effets de la diversité ethnique sur la cohésion sociale. Elle évalue dans un premier temps les effets de la diversité ethnique « statistique », objectivée par le pourcentage de personnes d’origine immigrée (personnes immigrées ou ayant au moins un parent immigré) dans chaque quartier considéré.
 
Dans un second temps, elle s’intéresse aux effets de la diversité ethnique « perçue » par les habitants, mesurée à l’aide de quatre indicateurs du questionnaire : l’existence de conflits intergroupes, l’existence de groupes caractérisés par des valeurs ou une langue différente et l’estimation par chaque répondant de la proportion de personnes d’origine immigrée vivant dans le quartier.
 
En ce qui concerne la diversité « statistique », l’étude démontre une nette corrélation entre l’augmentation de la diversité ethnique et la baisse de la cohésion sociale dans les quartiers considérés. En particulier, les auteurs trouvent qu’en France, la diversité ethnique conduit à une augmentation des problèmes sociaux, ainsi qu’à une baisse significative de la confiance, du lien social et de la satisfaction dans la vie en général.
 
Ces résultats sont particulièrement robustes dans la mesure où ils prennent en compte une multitude de facteurs sociaux pour évaluer l’incidence de la seule « diversité ethnique », selon une démarche expérimentale. Chaque indicateur de confiance est ainsi testé et ajusté pour tenir compte, dans chaque quartier, du taux de chômage, de la densité de population, du nombre d’années vécues dans le quartier, du statut de locataire ou de propriétaire, du niveau d’éducation, de l’âge, du sexe, de l'état matrimonial, du type d’emploi occupé, de l’origine immigrée ou non et même des croyances religieuses. 
 
Cette différenciation des facteurs pouvant avoir une incidence sur le niveau de confiance sociale mesuré permet d’éviter les biais liés à la condition socio-économique des habitants des quartiers retenus pour l’étude, et d’examiner de la manière la plus précise possible la seule incidence de la diversité ethnique. 
 
En ce qui concerne la diversité perçue, l’étude arrive aux mêmes conclusions que pour la diversité statistique. Ces résultats ont en outre pour intérêt de tester de manière indépendante l’effet de la diversité perçue chez les répondants natifs et chez les répondants d’origine immigrée. Or dans ces deux catégories de répondants, une baisse similaire de la confiance sociale est observée, pour des niveaux de diversité perçue équivalents. Ceci tend à montrer que la baisse de la cohésion sociale n’est pas liée qu’à un rejet des immigrés par les natifs, mais résulte aussi d’un rejet analogue des natifs par les immigrés, ainsi que de l’existence de groupes hétérogènes au sein même des populations immigrées.

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