L’interview de Viktor Orbán à la Weltwoche du 2 mars 2023

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Ndlr. Le premier ministre Victor Orban constitue un autre exemple régulièrement affublé du terme stéréotypé et mensonger d'”extrême droite” par un grand nombre de médias et de journalistes gauchistes. Une correspondante de la RTS, s’illustre régulièrement par cette désinformation gauchiste, à ce propos.

Interview originale: «Wir beten und vertrauen auf den lieben Gott» (article sous abonnement).

Nous traduisons ici un résumé paru dans le quotidien hongrois Magyar Nemzet.

Le gouvernement hongrois est suffisamment fort pour tenir le pays à l’écart de la guerre

On veut forcer la Hongrie à entrer en guerre, et on ne lésine pas sur les moyens. Mais la direction politique de la Hongrie est suffisamment forte pour tenir notre pays à l’écart de la guerre.

Weltwoche: Comment la Hongrie fait-elle face à la guerre en Ukraine ?

Viktor Orbán: Nous sommes touchés surtout par les sanctions de l'UE contre la Russie, qui ont fait grimper le prix du pétrole et du gaz.

La Hongrie a récemment fait d'énormes progrès dans le domaine de l'industrie, et l'énergie nécessaire pour cela doit être importée. Cela a coûté au pays 7 milliards d'euros en 2021, et en 2022 ce montant est monté à 17 milliards euros.

La guerre pèse sur nos âmes et notre état psychique. L'Ukraine est notre voisine, où vivent aussi des Hongrois. Ils sont appelés comme soldats et ils meurent par centaines sur le front. Cette guerre n'est pas loin de nous, c'est pourquoi tout le monde veut la paix en Hongrie.

Nous prions et faisons confiance au Bon Dieu pour qu'il ramène les belligérants à la raison.
Nous sommes sous pression constante. On veut nous forcer à entrer en guerre, et on n'est pas sélectif dans les moyens. Jusqu'à présent, nous avons réussi à résister. Cela me donne de l'espoir. La direction politique hongroise est suffisamment forte pour tenir notre pays à l’écart de la guerre. Je le dis avec suffisamment d'humilité, mais en même temps avec confiance.

À mon avis, l'enseignement chrétien est également valable en politique.

Weltwoche: Quel est le principal enseignement de la guerre en Ukraine?

Viktor Orbán: C’est qu'aujourd'hui, l'Europe ne fait plus partie de la discussion. Dans les décisions prises à Bruxelles, je reconnais plus souvent les intérêts américains que les intérêts européens. Aujourd'hui, les Américains ont le dernier mot dans la guerre qui se déroule en Europe.

Nous ne connaissons d'identité européenne ni émotionnellement ni intellectuellement. Si nous avions poursuivi le débat sur l'avenir de l'Europe sérieusement, sans tabous (...), nous aurions probablement eu une image solide de nous-mêmes dès le début de la guerre.

C’est aussi une malchance que Donald Trump ait perdu l'élection présidentielle américaine, car s’il avait été élu, il n'y aurait pas eu de guerre.
Le changement de gouvernement en Allemagne a également fait des ravages.

Weltwoche: On pourrait faire un pas de plus dans l’analyse: la raison profonde de la faiblesse de l'Europe, c’est l’UE, car elle désintègre les États-nations sans les remplacer par quelque chose qui fonctionne.

Viktor Orbán: Je le vois aussi de cette façon. L'UE veut une "Union toujours plus unie". Nous ne sommes pas d'accord sur le but, mais nous sommes d’accord sur le chemin pour y arriver. C'est la cause de la maladie de l'Europe.

Weltwoche: Qui va gagner cette guerre ?

Viktor Orbán: Personne ne peut la gagner. L’Ukraine fait face à une puissance nucléaire de 140 millions d'habitants, et la Russie fait face à l'OTAN tout entière. C'est ce qui rend la situation si dangereuse. Il y a une impasse qui pourrait facilement se transformer en guerre mondiale.

Lors de ma dernière rencontre avec Vladimir Poutine, à Moscou, deux semaines avant le déclenchement de la guerre, il m’a dit que l'appartenance de la Hongrie à l'OTAN n'était pas un problème pour lui, seules celles de l'Ukraine et de la Géorgie le seraient.
Son problème, m'a-t-il dit, ce sont les bases de missiles américaines déjà installées en Roumanie et en Pologne, ainsi que l'éventuelle expansion de l'OTAN en Ukraine et en Géorgie afin d'y stationner des armes. De plus, les Américains ont annulé d'importants traités de désarmement. C'est cela qui l’empêche de dormir tranquille.
Je comprends ce que Poutine a dit. Mais je n'accepte pas ce qu'il a fait.

La Russie est une autre civilisation, les normes politiques européennes n’y fonctionnent pas.
Peu importe que cela nous plaise ou non. Nous devons trouver un moyen de cohabiter avec une puissance aussi grande et dangereuse que notre voisine la Russie.

Je n’ose imaginer ce qui se passerait si la Russie perd la guerre. La Russie est une puissance nucléaire.
Ce serait un bouleversement géopolitique, un séisme majeur à l'échelle mondiale, potentiellement dévastateur, bien pire que l'implosion de la Yougoslavie.
Le seul fait que de tels scénarios soient actuellement pris à la légère en Occident témoigne d'une distance inquiétante, voire effrayante, par rapport à la réalité et d'un aveuglement de l’Occident aux risques de sa politique.

Il faut que l'Europe soit en mesure de se défendre.
Une OTAN européenne serait la solution. Je l'ai déjà proposé en 2012.

Weltwoche: Comment instaurer la paix en Ukraine?

Viktor Orbán: La paix commence dans les cœurs, elle doit atteindre la tête, qui dirige ensuite la main.

Cela doit se passer dans cet ordre : il faut souhaiter la paix, puis il faut la vouloir, puis il faut la créer.

Aujourd'hui, la volonté fait défaut, du moins en Occident. La Chine, l’Inde, les pays arabes, la Turquie, le Brésil veulent la paix.

L'Occident a perdu sa capacité à unir le monde pour une cause. Ses principes philosophiques sont limités dans l'espace. C'est un phénomène nouveau.

Weltwoche: Quel peut être le rôle de la Hongrie dans l'instauration de la paix?

Viktor Orbán: Si nos amis et alliés veulent abandonner l'attitude de guerre, il faut qu'ils voient une alternative.

Weltwoche: Que devrait-il se passer aux États-Unis ? Est-ce qu’ils vont changer de politique ?

Viktor Orbán:

L'expérience hongroise est claire. Lorsque les Démocrates sont au pouvoir à Washington, nous courons nous mettre à l'abri. Ils veulent toujours nous changer, tout comme les politiciens de Bruxelles. Ils veulent nous dicter comment gérer la migration et comment éduquer nos enfants. C'est un manque de respect.

Nous sommes un pays performant et nous faisons notre part pour l'Europe. Nous sommes les troupes qui défendent les forteresses aux confins du continent. Ce travail n'est pas reconnu. C'est pourquoi nous avons hâte de revoir nos amis Républicains au pouvoir

Weltwoche: Donald Trump est-il le dernier espoir de paix pour le monde?

Viktor Orbán: Pas le dernier, mais c'est un espoir.
Il réussirait probablement à restaurer la paix en quelques semaines.

Weltwoche: Les prêcheurs de la mondialisation et du libre-échange qui se réunissent chaque année au Forum économique mondial de Davos ils ont un nouvel évangile : le découplage. Nous sommes les bons, ils sont les méchants, nous ne voulons plus collaborer avec eux.

Viktor Orbán: Cela représente un grave danger pour la Hongrie. Nous sommes un pays tourné vers l'exportation. 85 % de notre produit intérieur brut provient des exportations. Nous avons d'importantes relations culturelles et économiques avec l'Est. Un découplage serait la mort de la Hongrie. Mais aussi, je pense, de l'Allemagne.

Weltwoche: Que pensez-vous du rôle de la Suisse ?

Viktor Orbán: La Suisse est telle qu’elle a envie d’être, sans être isolée pour autant. Préserver son identité ne conduit donc pas nécessairement au provincialisme.

La Suisse est un exemple positif important.
Si la Hongrie se trouvait au même endroit que la Suisse, nous serions également neutres. 
Mais c'est un luxe de la Suisse, que nous ne pouvons pas nous permettre.

Weltwoche: Quel est le plus grand danger de l’immigration incontrôlée?

Viktor Orbán: À court terme, la détérioration de la sécurité publique et le terrorisme. À moyen terme, des pertes économiques. À long terme: que les gens ne reconnaissent plus leur pays, qu'ils perdent leur patrie.

Weltwoche: Et le plus grand danger de l'idéologie du genre?

Viktor Orbán: Pour les enfants, l’âge entre 14 et 18 ans est difficile. C’est celui où ils doivent s'intégrer dans le monde. Pendant cette période, nous devons renforcer leur identité, et non l’affaiblir et la déstabiliser, comme le font les idéologues du genre. Ce faisant, ils détruisent nos enfants. De manière irrévocable, irréversible. Ils n'en ont pas le droit.

Weltwoche: L'ancien président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, vous a salué un jourpar les mots: "Hello, dictator". Que feriez-vous si vous étiez, pour un jour, le dictateur de l'UE?

Viktor Orbán: Je ferais ce que M. Juncker aimait faire : je me soûlerais. Heureusement, cette possibilité n’existe pas.

Il existe un bon manuel écrit par l'ancien Premier ministre bavarois Edmund Stoiber, décrivant comment on pourrait réorganiser l'UE sur la base de la subsidiarité.
Ce n'est pas la connaissance qui manque, c'est l'intention.
Tous les pouvoirs que l'UE s'est arrogés sans mandat des États membres doivent être restitués aux États membres.

Source: https://magyarnemzet.hu/kulfold/2023/03/orban-viktor-magyarorszag-vezetese-eleg-eros-ahhoz-hogy-tavol-tartsa-az-orszagot-a-haborutol

Traduction libre: Albert Coroz

Interview originale en allemand: https://weltwoche.ch/?post_type=weekly&p=139140 (abonnés)

Traduction intégrale en hongrois:   https://kormany.hu/beszedek-interjuk/miniszterelnok/orban-viktor-interjuja-a-weltwoche-cimu-svajci-hetilapnak

Image mise en avant : Le premier ministre Viktor Orbán (Photo : Bureau de presse du Premier ministre/Benko Vivien Cher)

 

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