Par la rédaction de la Nouvelle Lettre.
Depuis ces deux dernières semaines gros émoi, mais émoi justifié : il y a bien en vue la suppression de la liberté d’expression.
C’est ce qu’il faut retenir de la déclaration de madame la ministre de la culture Rima Abdul Malak dans une interview à France Inter (radio publique).
Elle s’étonne de la lenteur et de la pusillanimité d’un organisme appelé ARCOM qui aurait déjà dû sévir contre « les menaces que représentent les atteintes à la liberté d’expression et de création […] Il y a déjà eu une vingtaine d’interventions de l’ARCOM depuis 2019 pour C8 et CNews […]. De la sorte l’ARCOM devrait […] évaluer si la reconduction de cette fréquence est justifiée ou pas ». (à 10 mn)
Les chaînes Bolloré menacent la liberté d’expression. La ministre menace donc à son tour de les exclure de la télévision française. L’affaire est d’une portée hors du commun, parce que les chaînes Bolloré ce sont aussi toutes les chaînes Canal +, c’est Vivendi, c’est un groupe breton devenu au fil des ans une société de dimension mondiale entre les mains de Vincent Bolloré, estimé 14e milliardaire du monde. La bataille est engagée : hier lundi CNews a réagi, d’abord au cours d’une interview d’Éric Zemmour par Laurence Ferrari ensuite dans « L’Heure des pros » de Pascal Praud.
C’est l’arroseur arrosé : madame la ministre et France Inter ont été à juste titre accusés de diffuser la pensée unique, mais pire encore de refuser à ceux qui ne sont pas d’accord de s’exprimer en public : seule la pensée officielle sera désormais présente à la télé. Les journalistes incriminés n’ont eu aucune peine à illustrer la propagande permanente qui circule dans les chaînes de télévision et les radios publiques. Les journaux, les enquêtes, les publicités, portent l’idéologie qui n’est plus seulement de gauche, mais maintenant d’extrême gauche. Une place considérable est accordée aux réformes dites sociétales, destructrices de la famille, de la vie, de la tradition religieuse.
Rien d’étonnant : ces journalistes sont tous passés par la presse écrite de gauche, France Inter est dirigée par un ancien rédacteur en chef de Libération (après avoir fréquenté L’Observateur). Certes presque tous les journalistes français ont été formés dans des écoles où ils ont été formatés à l’idéologie marxiste et socialiste. Mais on pourrait au moins admettre que les rares « dissidents » puissent s’exprimer librement dans les rares créneaux qu’ils peuvent occuper. C’est que désormais il s’agit de créer la société nouvelle libérée du capitalisme, de la mondialisation, de l’inégalité entre sexes, entre revenus, du pillage de la nature et du réchauffement climatique, bref : du progrès. Il n’y a désormais place que pour les « progressistes » et leur message est tellement évident qu’il ne supporte aucun débat, aucune critique.
Que fait l’ARCOM ?
Mais alors, dans ces conditions, que fait l’ARCOM ?
L’ARCOM a été créée en 2022, c’est l’Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique née de la fusion du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et de la HADOPI (Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet).
On voit qu’il y a eu à cette occasion un recul : une Haute Autorité a été remplacée par une simple Autorité. On a surtout remplacé un CSA assez neutre et souvent courageux par un conglomérat de serviles administrateurs aux ordres du pouvoir. D’ailleurs qu’importe la composition de ces instances ? C’est le principe même du contrôle par l’État de l’information et de la communication qui est indigne d’un pays qui se croit libre.
D’ailleurs depuis 1939 il est évident que les radios, puis les télévisions, ont été sous la coupe des gouvernements successifs. Le pouvoir toujours jacobin s’est doté d’un monopole absolu avec l’ORTF, puis de radios et chaînes publiques bénéficiant de privilèges pour assurer leur influence : financement par les redevances de tous les possesseurs d‘appareils, couverture spécifique des grands évènements, libre accès des gouvernants. La tendance s’est d’ailleurs accentuée avec le président Macron, qui aime bien la « démocratie délibérative » : il peut délibérer avec le peuple à travers les grandes lunettes.
Sans aucun doute l’État français est doté d’un puissant instrument de dictature. Il produit des dégâts considérables non seulement sur l’information, la lucidité des citoyens, mais aussi sur la formation scolaire et morale de la jeunesse.
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