« De temps à autre, un sot, par hasard, doit avoir raison. »William Cowper

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national
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« De temps à autre, un sot, par hasard, doit avoir raison. »William Cowper
Extinction Rebellion, le nid d’activistes qui se collent aux routes pour contrarier le reste de la population, a été touché par la grâce. Une idée a germé, il faut donner au peuple suisse la possibilité d’exprimer et d’exercer directement le pouvoir politique. En pratique, il y a lieu de mettre « l’accent sur la constitution d’assemblées citoyennes afin de permettre à la population de peser sur les décisions politiques liées à la justice climatique et sociale » comme nous l’apprend Le Temps. Ah, enfin une proposition intelligente !
C’est vrai, donner la parole au peuple et lui permettre de s’exprimer, quel concept révolutionnaire ! Et pour bien s’assurer que c’est bien le peuple qui a bien le pouvoir, il faut renoncer au processus électoral pour remplacer les élus par des chanceux. Les assemblées citoyennes seraient en effet constituées par tirage au sort. L’avenir de la Suisse et le loto de l’Union des sociétés locales, même combat. On pourrait en rire au pays de la démocratie directe, du référendum et de l’initiative mais on aurait tort.
Les écolos ne sont toujours pas parvenus à convaincre la population que l’avenir passe par le retour aux cavernes éclairées à la graisse d’ours. La démocratie ne leur a pas permis d’imposer leur vision préhistorique et dictatoriale, le blocage des axes de circulation non plus. Le peuple tient majoritairement encore à ses libertés, plus généralement à sa liberté. Il faut donc essayer autre chose. D’où le tirage au sort. Extinction Rebellion veut remplacer le bon sens par le hasard.
Le Temps donne la parole a un spécialiste qui loue cette initiative, estimant que la démocratie représentative est en crise, citant la France en exemple. Parler de crise en France, notre professeur ne prend pas un gros risque mais il abuse éhontément le lecteur lorsqu’il qualifie la démocratie suisse de représentative. Un tel parallèle avec l’Hexagone relève de la malhonnêteté intellectuelle. La Suisse connait une démocratie non pas représentative mais directe. Un système où les élus n’agissent que sous le contrôle du peuple qui peut corriger ce qu’il considère comme une erreur ou proposer un changement constitutionnel, chose inconnue loin à la ronde. Chez nous, on ne joue pas la représentativité aux dés, elle est constitutive du système dans son ensemble.
Les assemblées citoyennes peuvent être utiles dans tel ou tel pays, qui donnent au citoyen l’illusion qu’il contrôle son destin là où seuls les élus agissent. Il n’y a qu’en Suisse que le citoyen l’est pleinement. Chez nos voisins, on ne trouve que des administrés, des personnes qu’on consulte à l’occasion des élections et qui subissent ensuite durant toute la législature. Nos prérogatives démocratiques irritent les Verts qui n’en peuvent plus de la résistance populaire face à leur impérialisme. Ils veulent ainsi remplacer la démocratie par la loterie. Le hasard fait bien les choses, dit-on.
Mais cela suffit-il pour lui confier l’avenir de la Suisse ?

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