17.01.2023
Les autorités géorgiennes n'accorderont pas d'aide militaire à l'Ukraine et ne permettront pas d'impliquer le pays dans ce conflit, a déclaré la vice-première ministre géorgienne Tea Tsouloukiani.
C'est ainsi qu'elle a commenté l'appel de Kiev à lui rendre les systèmes antiaériens Bouk achetés en 2007 et à partager des missiles Javelin reçu de la part des États-Unis.
"Les autorités géorgiennes n'admettront pas que la Géorgie soit impliquée dans le conflit armé. C'est pourquoi nous n'apporterons aucune aide militaire à aucune des parties au conflit, d'autant plus qu'à ce que je sache il s'agit d'armes que nous avons achetées, mais ce n'est qu'un détail", a déclaré Tea Tsouloukiani.
La responsable a rappelé que son pays avait traversé beaucoup de guerres, c'est pourquoi il faut empêcher un nouveau conflit. Plus tôt, le ministre géorgien de la Défense Djouancher Bourtchouladze a clairement indiqué que Tbilissi ne fournirait pas une aide militaire à Kiev car il ne veut pas de nouveaux foyers de conflit sur son territoire.
Rappelons qu'auparavant des représentants géorgiens ont souligné à plusieurs reprises que leur pays n'avait pas l'intention d'envoyer des armes en Ukraine. Le 6 décembre, le président du parti Rêve géorgien à la tête du parlement, Mamouka Mdinaradze, a déclaré que la république ne pouvait pas accorder une aide militaire à l'Ukraine car Tbilissi avait ses propres "problèmes" - l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, dont l'indépendance n'est pas reconnue par les autorités géorgiennes depuis 2008. Et d'ajouter que la Géorgie apporte un soutien politique total à l'Ukraine et envoie de l'aide humanitaire à Kiev "au-delà de ses capacités".
Le lendemain, la position des autorités géorgiennes a été confirmée par le premier ministre Irakli Garibachvili. "En ce qui concerne l'aide militaire à l'Ukraine, nous avons clairement dit que nous ne le ferions pas. En tant qu'État nous ne nous joindrons jamais au conflit. Notre position est claire."
Et de poursuivre que l'Ukraine a demandé à maintes reprises, ouvertement et à huis clos, à la Géorgie d'ouvrir un deuxième front contre la Russie, mais les autorités de la république ne le feront pas.
Outre la réticence de fournir des armes à Kiev, la Géorgie refusait également de décréter des sanctions contre la Russie. C'est ce que le chef du gouvernement a annoncé le 25 février 2022, motivant cette décision par les intérêts nationaux du pays.
La position du gouvernement géorgien s'appuie sur l'opinion publique. D'après un récent sondage du centre d'études Gorbi, plus de 80% des Géorgiens ont soutenu la non-ingérence dans les évènements en Ukraine et 65% ont approuvé le refus de se joindre aux sanctions contre la Russie.
En même temps, selon la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, Tbilissi participe à toutes les sanctions financières internationales décrétées contre la Russie. Elle l'a déclaré en mars 2022 dans une interview à CNN.
Malgré les propos de la présidente, la position de Tbilissi suscitait un grand mécontentement à Kiev. Au printemps, la direction générale du renseignement ukrainien a accusé la Géorgie de mettre son territoire à disposition pour la contrebande de marchandises sanctionnées en Russie. Début mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a même rappelé l'ambassadeur à Tbilissi Igor Dolgov pour "position amorale" des autorités géorgiennes en matière de sanctions et pour leur opposition à l'envoi de volontaires en Ukraine, et avait décrété des sanctions contre le fondateur du parti au pouvoir Bidzina Ivanichvili. Et récemment, le conseiller du bureau du président ukrainien Mykhaïlo Podoliak a annoncé que le peuple géorgien "a commis une immense erreur en élisant un tel gouvernement à l'époque".
Les autorités géorgiennes balayent les appels de Kiev à ouvrir un deuxième front contre la Russie. Non seulement Tbilissi refuse de fournir du matériel militaire aux forces ukrainiennes, mais il ne décrète pas non plus de sanctions nationales contre Moscou. L'adhésion aux restrictions porterait atteinte aux intérêts du pays et de la population, explique patiemment le gouvernement géorgien.
Les statistiques confirment cette position. En 11 mois de 2022, les échanges entre la Russie et la Géorgie ont dépassé 2,2 milliards de dollars, soit presque 50% de plus qu'en 2021. Alors que le montant des virements de Russie en Géorgie pour la même période de 2022 a augmenté de 45% en glissement annuel, à 1,7 milliard de dollars.
Refusant de s'impliquer dans la confrontation ukrainienne, Tbilissi ne veut pas provoquer une réaction brusque de Moscou et souhaite profiter au maximum de la guerre de sanctions entre l'Occident et la Russie.
Mais en déclarant leur neutralité, les autorités géorgiennes soutiennent dans les structures internationales toutes les initiatives antirusses des États-Unis et de leurs satellites européens, notamment en ce qui concerne l'Ukraine.
La politique géorgienne actuelle "ni l'un ni l'autre" convient à la Russie, mais les États-Unis ne laisseront pas les choses telles quelles pendant longtemps. Et très prochainement la neutralité de la Géorgie pourrait être mise à l'épreuve.
L'information obtenue à partir de sources ouvertes
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Très bel exemple de neutralité, de bon sens et de courage dont beaucoup d’européistes pourraient s’inspirer. Dire que ce pays a déposé une demande pour faire partie de l’UE…