Face à l’esprit conquérant de la Chine marxiste, force est de constater qu’une partie des élites européennes a déjà levé le drapeau blanc par antilibéralisme. Témoignage.
Ouverture d’un colloque sur l’avenir du travail dans une université française cette semaine. En vedette, deux universitaires spécialisées en management : l’une belge, l’autre franco-chinoise.
La première donne un aperçu du travail aujourd’hui et envisage trois scénarios possibles pour son futur proche. Soit le travail disparaît pour laisser la place aux robots, soit nous laissons lentement les relations se dégrader sous les coups de boutoir de la mondialisation malheureuse, soit nous réformons, c’est-à-dire nous encadrons, réglementons, légiférons un capitalisme foncièrement mauvais. L’intervenante ne cache pas sa préférence pour la dernière solution et même pour une « sortie du travail de l’univers marchand ».
Sacrifier l’individu pour la collectivité
La seconde intervenante explique de son côté à quel point le travail est une valeur positive aux yeux des Chinois, qui sont prêts à sacrifier toute individualité et tout confort personnel au service du bien commun, que celui-ci s’incarne dans la famille ou la nation. Oui, parce que la Chine, ce n’est pas l’Occident : c’est un pays collectiviste qui assume totalement son collectivisme, et dont les racines, aux dires de l’intervenante, sont bien antérieure au communisme national. Et le but des élites chinoises, c’est devenir leader sur le marché des nouvelles technologies pour dépasser l’Occident : l’avenir du travail en Chine, c’est toujours plus de travail pour un jour espérer atteindre un niveau de vie comparable à celui des Occidentaux.
D’un côté, nous avons un regard européen qui n’envisage le travail que comme un divertissement ou une distraction qu’il serait possible d’extraire du monde économique, alors qu’il en assure une fonction essentielle ; de l’autre, le regard chinois sanctifie l’effort et le travail pour contester la suprématie occidentale, qui, dans sa version européenne, semble avoir déjà baissé les bras. D’un côté, l’enfant gâté qui a oublié que le travail répond à des besoins et alimente l’extraordinaire prospérité occidentale ; de l’autre, la glorification du travail jusqu’au sacrifice, sans voir qu’il n’est rien dans le collectivisme politique, si ce n’est du servage au service des bureaucrates et des oligarques.
Le capitalisme c’est horrible !
Oui, car ce qui frappe l’observateur de l’échange entre ces deux intervenantes, c’est leur accord de fond sur la perversité du capitalisme et la nécessité d’une plus grande régulation politique mondiale au nom de la « justice sociale ». Le capitalisme engrange les inégalités, les gafam gouvernent le monde, fractionnent le marché du travail et menacent le climat.
D’un côté, la solution, c’est le retrait du monde : l’Europe doit s’effacer politiquement et économiquement en adoptant l’idéologie climatique de sortie de la compétition mondiale pour la suprématie politique. De l’autre, c’est le marxisme dans sa forme la plus pure et la plus fausse, qui glorifie la valeur travail, envisage de dominer le monde, et surtout propose de remplacer l’affreux ultralibéralisme individualiste par le contrôle social et politique total, éventuellement appuyé sur les dernières évolutions des technologies de surveillance. Dans les deux cas, plus d’interventionnisme politique agit comme une solution miracle. Les deux intervenantes opinent du bonnet, d’accord pour une régulation politique mondiale du travail.
Face à l’esprit conquérant de la Chine marxiste, force est de constater qu’une partie des élites européennes a déjà levé le drapeau blanc par antilibéralisme.
avec humour:
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