Pour une Suisse sans éleveurs ?

post_thumb_default

 

En instaurant dans la Constitution fédérale un « droit à la dignité » qui n’appartiendrait qu’aux seuls animaux et en décrétant que « rendre la production de produits d’origine animale la plus efficace possible » serait incompatible en soi avec cette dignité, le projet de nouvel article 80a Cst qui est soumis au peuple le 25 septembre 2022 n’aura pas l’effet d’améliorer le sort des animaux de rente, ce n’est pas son but, mais de chasser pour de bon les derniers éleveurs hors de Suisse. On se souvient de l’initiative « pour une Suisse sans armée », en voilà une qui devrait d’intituler « pour une Suisse sans éleveurs ». On sait bien qu’il n’existe pas de pays sans armée (chacun en a une chez lui, la sienne ou alors celle du voisin) et pas non plus de pays sans éleveurs (chacun a les siens ou ceux du voisin) de sorte que des initiants honnêtes auraient intitulé le premier texte « pour une Suisse sans armée suisse » et le second « pour une Suisse sans éleveurs suisses », tous deux procédant d’ailleurs de la même logique anti-suisse.

Car contrairement à ce qui figure sur l’étiquette, l’initiative contre l’élevage intensif ne s’intéresse pas au bienêtre des animaux de rentes, ce domaine étant d’ores et déjà régi par des lois strictes qui font de la production suisse de produits d’origine animale une des plus respectueuse du bienêtre animal en comparaison internationale. Le parlement qui a adopté ces lois n’a de plus aucun besoin d’une nouvelle norme constitutionnelle pour faire son travail d’amélioration si la nécessité devait se présenter. Non, ce qui est instauré ici, c’est l’interdiction constitutionnelle de tout gain d’efficacité dans le domaine de l’élevage, la proposition des initiants étant précisément de déclarer cette notion d’efficacité dans la Constitution comme étant opposée, en soi, à celle de dignité animale. Le texte est parfaitement clair à ce sujet.

L’adoption de cette nouvelle norme constitutionnelle aurait donc pour effet prévisible d’obliger les chambres fédérales à faire évoluer nos lois vers des modes d’élevage de moins en moins efficaces à chaque fois qu’une nouvelle possibilité de péjorer les rendements leur sera présentée par une administration redoutablement créative en cette matière. A ceci s’ajoute que, contrairement au droit européen ou américain, qui ont vocation à s’appliquer chez les autres, la loi suisse ne s’applique pas au-delà de nos frontières. L’ilot suisse d’inefficacité agricole obligatoire qui serait instauré par cette nome détruira donc une production suisse aujourd’hui très respectueuse du bienêtre animal au profit d’élevages étrangers plus performants. Le but évident des initiants sera atteint : une Suisse sans éleveurs suisses.

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.