Ursula von der Leyen a rencontré Viktor Orbán à Budapest

 

Hongrie/Union européenne – Suite à l’annonce du veto hongrois contre le sixième volet de sanctions contre la Russie – portant notamment sur un embargo contre l’importation de pétrole russe dans l’Union européenne  –, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a effectué, ce lundi 9 mai, une visite éclair à Budapest afin de discuter en tête-à-tête de cette affaire avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Ce mardi, les négociations ont continué par téléphone entre Viktor Orbán et Emmanuel Macron.

Orbán refuse de mettre en péril l’économie hongroise

Comme nous l’évoquions déjà à la fin de la semaine dernière, la position de Budapest est très claire : il n’est pas question d’approuver un paquet de sanctions qui provoquerait la ruine économique de la Hongrie. Or, le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Péter Szijjártó, avait très explicitement déclaré depuis le tarmac de Tachkent, que

« ce train de sanctions détruirait complètement la sécurité énergétique de la Hongrie. […] Ce n’est pas une question de manque de volonté politique, c’est tout simplement une réalité physique »,

un point de vue que Viktor Orbán avait confirmé ce vendredi 6 mai à la radio :

« J’ai dit oui aux cinq premiers paquets de sanctions, mais nous avons clairement signifié dès le début qu’il y avait une ligne rouge : l’embargo sur l’énergie. Ils ont franchi cette ligne […], il y a un moment où il faut dire stop ».

Entretemps, la Bulgarie, la Slovaquie et la Tchéquie demandent également des aménagements, et notamment des délais significatifs en rapport avec ledit embargo, dont les conséquences seraient également désastreuses pour ces pays fortement dépendant du pétrole russe.

Réunion entre Viktor Orbán et Ursula von der Leyen aux Carmélites

Le Premier ministre hongrois a donc reçu Ursula von der Leyen aux Carmélites, ce lundi après-midi, pour une réunion de travail consacrée aux sanctions contre la Russie et à la sécurité énergétique de l’Europe – dont la Hongrie – qui s’est poursuivie dans la soirée et à l’issue de laquelle la présidente de la Commission a déclaré sur Twitter :

« La discussion de ce soir avec le Premier ministre Viktor Orbán a permis de clarifier les questions liées aux sanctions et à la sécurité énergétique. Nous avons fait des progrès, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires.

Je vais convoquer une vidéoconférence avec les acteurs régionaux pour renforcer la coopération régionale en matière d’infrastructures pétrolières ».

« La Hongrie ne peut évidemment pas soutenir ce paquet de sanctions »

De son côté, Péter Szijjártó a une nouvelle fois rappelé que ce nouveau volet de sanctions contre la Russie « causerait d’énormes problèmes à la Hongrie s’il entrait en vigueur […] parce que l’approvisionnement énergétique de la Hongrie est sur des bases solides jusqu’à présent, [or] 

l’adoption de ce paquet de sanctions détruirait notre sécurité énergétique […] car [alors], il serait impossible d’obtenir le pétrole nécessaire au fonctionnement de la Hongrie et de son économie. […] Nous avons demandé que ces problèmes soient pris en compte.

Tant que la Commission européenne ne propose pas de solution à ces problèmes, la Hongrie ne peut évidemment pas soutenir ce paquet de sanctions, car […] sous sa forme actuelle, sans les solutions proposées, [il] équivaut à lâcher une bombe nucléaire sur l’économie hongroise. […]

Nous ne permettrons pas que le peuple hongrois doive payer le prix de cette guerre ».

Vers la fin de l’unanimité dans les domaines importants ?

L’entrevue entre Ursula von der Leyen et Viktor Orbán n’a donc apparemment pas encore fait avancer la question. En attendant, la présidente de la Commission ne perd pas le nord, puisqu’avant même d’arriver à Budapest, elle déclarait, ce lundi 9 mai :

« Si l’UE veut avancer plus rapidement, l’unanimité ne fonctionnera plus dans des domaines clés ».

Autrement dit, si la Hongrie ne veut pas se plier aux injonctions – même suicidaires – de Bruxelles, il va falloir trouver un moyen de se passer de son approbation. La suppression du droit de veto des États membres est désormais une option envisagée par la Commission européenne. Une nécessité de longue date pour l’eurodéputé Vert et eurofédéraliste allemand Daniel Freund dont Viktor Orbán est la bête noire et selon qui le veto hongrois est antidémocratique et s’oppose à la volonté de 450 millions de personnes.

Les réseaux du Fidesz moquent Ursula von der Leyen pendant son séjour

Et tandis que la présidente de la Commission européenne discutait avec le Premier ministre conservateur, plusieurs médias et influenceurs du Fidesz, dont la loyauté ne fait aucun doute, ont diffusé des mèmes se moquant d’Ursula von der Leyen et de la ligne dure défendue par l’allemande dont le pays connaît une hausse considérable du prix de l’essence du fait des sanctions.

« Et oui, ici ça ne coûte pas 800-900 Ft [2,11-2,37 €] mais 480 [1,26 €] ! » commente en introduction Dániel Deák, influenceur pro-Fidesz d’une fondation proche du gouvernement et très actif sur les réseaux sociaux. Tandis que sur le mème, on peut lire « Ursula von der Leyen n’a pas pu briser Viktor Orbán, mais au moins, elle a pu faire le plein avant de rentrer chez elle ». Capture d’écran de Facebook.

En Allemagne notamment, les autorités ont commencé des campagne de propagande en faveur des sanctions économiques afin de faire accepter les conséquences de cette politique énergétique. L’appel aux Allemands de réduire leur consommation d’eau chaude ou de chauffage, ainsi que d’essence, a provoqué en Hongrie une vague de moquerie et d’inquiétude. De toute évidence, le camp gouvernemental hongrois a décidé de combattre ces positions par le rire au niveau national.

« Guten Tag, Viktor! Dis-moi, c’est vrai qu’on peut encore se doucher à l’eau chaude par chez vous ? C’est pas vrai, on peut même laver les vêtements de mes gardes du corps ??? » Capture d’écran de Facebook.

 

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