Albert Coroz: La guerre froide est de retour, et sous une forme plus dure que ce n'était le cas du temps de l'URSS, car la Russie forme actuellement avec la Chine un bloc invincible face à l'Occident.
L'exploitation politique, de part et d'autre, des faiblesses de l’État ukrainien a transformé le pays en une zone tampon fragilisée. L'Ukraine est un pays à l'identité boiteuse à cause des nombreuses minorités vivant sur son sol, tout comme nous le sommes devenus avec l'invasion migratoire – avec cette différence majeure qu'en Ukraine, les minorités sont persécutées, maltraitées, des lois réduisent leurs droits de citoyenneté, afin qu'elles abandonnent leurs racines, alors que chez nous, nous nous mettons à genoux, en esclavage pour "gâter" la diversité.
Cependant, la religion des Droits de l'homme n'a pas seulement détruit l'Occident multiculturaliste: elle a fait aussi d'énormes dégâts ailleurs par omission, comme ici en Ukraine.
En effet, si l'UE et l'Occident avaient été de bon conseil pour l'Ukraine, ils ne lui auraient pas recommandé de se conformer aux normes de l'UE en lui faisant miroiter la perspective d'une adhésion, mais ils auraient plutôt insisté pour qu'elle donne aux minorités une certaine autonomie, au moins linguistique, tout à l’opposé des persécutions insensées qu’elle pratique actuellement.
L'Occident droit-de-l'hommiste est coupable de fermer les yeux sur les lois xénophobes ukrainiennes, qui empêchent les minorités d'utiliser leur langue maternelle, ce qui est une erreur stratégique aux conséquences graves. (Imaginez une loi qui obligerait toutes les écoles à ne plus parler que l'allemand!)
Et ceci, alors que l'UE dicte un culte des minorités idéologiques à la mode et ne cesse de dénoncer une violation de l’État de droit par la Pologne et la Hongrie, sans aucun fondement valable.
Le comportement agressif ukrainien, qui tente d'unifier la nation par des lois répressives, ne peut aboutir qu'à des conflits et à l'affaiblissement du pays.
C'est avec un développement économique que l'Ukraine aurait dû renforcer le sentiment d'appartenance de ses citoyens, comme cela se fait en Suisse ou dans les pays baltes. L'Occident droit-de-l'hommiste est coupable d'avoir déversé des milliards pour le développement de pays musulmans et africains au lieu mettre le paquet sur l'Ukraine, ne serait-ce que sous forme de partenariat sur le plan économique, de la recherche, etc., ce qui aurait été du gagnant-gagnant, car l'Ukraine est un pays très riche en ressources. Une telle coopération n'aurait pas amené de conflits religieux ni raciaux.
Les Occidentaux auraient dû tout mettre en œuvre pour que la Biélorussie et l'Ukraine ne retombent plus sous la domination russe, et pour conclure des alliances à la fois avec elles et avec la Russie, pour autant que cela ait été possible avec un ancien du KGB à sa tête. Pour nous, l’effondrement de l'empire soviétique a été une victoire, mais pour des hommes comme Poutine, la défaite de l'URSS a été une douleur inconsolable et il a commencé à bâtir sa revanche dès son arrivée au pouvoir.
De leur côté, les Occidentaux ont commis des erreurs stratégiques répétées, imputables au Deep State et aux Démocrates corrompus, et ils ont tout raté, sur toute la ligne : Maidan, Crimée, Donbass, Biélorussie, Syrie, Libye, Afghanistan…
Lorsque les États-Unis dominaient le monde, militairement, culturellement, idéologiquement, ils auraient dû prévoir le danger et empêcher que la Russie ne s'associe à la Chine. Au lieu de cela, ils ont craint que l'Europe ne devienne trop puissante face à eux, en cas d'alliance avec la Russie.
Mais voilà, le vin est tiré, nous devons maintenant composer avec ce qui est fait, et cela pour un avenir très long.
Les arguments qui réduisent le conflit actuel à l'avancée de l'OTAN sont bien commodes pour justifier la stratégie de conquête de la Russie. La Russie occupe l'Ukraine, non pas parce qu'elle a peur de l'OTAN, mais bien parce qu'elle n'a plus peur de l'OTAN.
L'OTAN a perdu sa crédibilité depuis la guerre qu'elle a menée contre la Serbie – une faute impardonnable – ainsi que d'autres guerres impossibles à gagner, autant d'erreurs stratégiques qui ont signé son déclin.
Au Forum du 23 février, lors d'un débat avec Carlo Sommaruga concernant des sanctions suisses envers la Russie, Yves Nidegger a rappelé l'erreur que la Suisse a commise en reconnaissant l'indépendance du Kosovo, portant ainsi atteinte à l'intégrité territoriale de la Serbie.
Et à présent, nous voudrions faire la leçon à Poutine pour avoir reconnu l'indépendance du Donbass.
Nidegger ajoute: La Suisse est un petit pays neutre, et si nous voulions suivre les recommandations de la Gauche et prendre la tête des sanctions, ou y participer activement, afin de "punir la Russie" et de "lui faire du mal", ce serait le contraire de la neutralité, qui est la seule politique qu'un petit pays peut se permettre pour préserver sa paix.
Nidegger: "Ça n’a pas beaucoup de panache, mais c’est notre paix."
Nidegger attire également l'attention sur le fait qu'avec des sanctions, la Russie sera encore plus poussée vers la Chine, ce qui va nuire à nos intérêts et à notre crédibilité en tant que pays neutre. Il relève qu'il risque d'y avoir des dégâts après la création d'une monnaie sino-russe pour supplanter le dollar.
Lorsque la Pologne, la Hongrie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, etc. ont demandé à adhérer à l'OTAN, elles l'ont fait en toute liberté ; après 40 ans de domination soviétique, c'était un gage de sécurité pour elles.
Que ceux qui trouve cela anormal répondent: Comment se fait-il que les "grands" aient conclu un accord verbal par-dessus la tête de ces nations, sans les consulter – l'accord de non-adhésion à l'OTAN ?
Comme pour l'accord de Yalta ou de Trianon, ces peuples auraient eu pleinement le droit de participer à leur destin.
Il en va autrement pour l'idée de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, qui est une stupidité sans nom, ou pour l'adhésion très discutable de l'Albanie, ou encore pour la situation de la Turquie réislamisée, qui, selon le plan Marshall, était un des pays fondateurs depuis 1952.
Le seul danger que l'Occident représente pour le bloc sino-russe, ce n'est plus l'OTAN, mais le retour du boomerang idéologique. C'est-à-dire la crétinisation par les idéologies néo-marxistes, le cancel culture, le woke, le lobby LGBT, la féminisation de la société, l'obsession climatique.
Tant que cela est nécessaire, ces deux puissances feront semblant de jouer le jeu, car cela leur permet de nous nuire, de nous faire passer à la caisse et de nous affaiblir sur le plan de la compétitivité mondiale.
En plus des ennemis de l'extérieur, nous sommes déjà ennemis de nous-mêmes. L'endoctrinement de la jeunesse occidentale aux idéologies néo-marxistes ainsi que l'islamisation de la société et la répression de la parole libre, forment un mélange qui nous mène immanquablement vers le déclin.
Le bloc sino-russe et tous les pays souverainistes, comme l'Inde, appréhendent cette influence sur leur jeunesse et ils s'en prémunissent; Tik Tok est limité en Chine, pas en Occident.
En Occident, les patriotes attendent un tournant qui mette fin à l'autodestruction grâce à des hommes providentiels: le retour de Trump et "Zemmour président"…
Mais cela n'arrivera pas sans un tournant d'orientation et des médias libres. Nous avons un besoin urgent de Truth, beaucoup, beaucoup de Truth...
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P.S.: Les Suisses romands ont été nombreux à écouter le 12h30 de la RTS du 24 février, jour du déclenchement de la guerre russo-ukrainienne. Et pour appuyer la position insensée de la bienpensance, c'est Micheline Calmy-Rey, membre de l'Open Society, qui était au micro pour expliquer comment les gueux doivent comprendre les enjeux de cette guerre et comment la Suisse devrait agir. L'ancienne conseillère fédérale réaffirmait sa position pro-UE, pro-ONU, avec comme stratégie les sanctions, qui seraient compatibles selon son camp avec la neutralité suisse. (Yves Nidegger a expliqué la veille que le siège d'une ville était déjà un acte de guerre, même sans attaque militaire...).
Puis MCR s'est vantée d'avoir discuté avec Poutine juste avant l'occupation de la Géorgie, sans oublier d'évoquer le sommet de sa gloire, le fait d'avoir reconnu le Kosovo, décision bien entendu également compatible, selon elle, avec la neutralité de la Suisse. MCR est prof à l'université de Genève et elle craint que ses élèves russes ne puissent plus profiter de ses cours.
Et vous, qu'en pensez vous ?