Will Witt : « Le gauchisme est un substitut de religion »

László Szőcs

Le christianisme est en déclin, mais les gens ont encore besoin de quelque chose qui donne un sens à leur vie. Ce rôle est joué par la lutte contre le changement climatique, le mouvement Black Lives Matter, les questions LGBTQ et les absurdités transgenres, explique Will Witt, le numéro un des jeunes leaders d'opinion conservateurs américains, qui revendique six cents millions de visiteurs sur ses vidéos en ligne. L'influenceur de 25 ans s'est rendu à Budapest en tant qu'invité de l'Institut du Danube.

ÉTATS-UNIS

- Sept millions de personnes ont vu la vidéo que vous avez tournée avec des étudiants californiens et des Mexicains : les premiers ont condamné votre tenue mexicaine, les seconds l'ont aimée. Et dans un parc de New York, vous avez demandé à ceux qui s'y reposaient s'ils avaient un ami républicain – les réponses ont été unanimement non. Pourquoi faut-il secouer la droite américaine avec des vidéos comme celles-ci ? 

- Beaucoup de conservateurs ont été déçus par les politiciens républicains, ils les considèrent comme discrédités, ils n'ont pas l'impression qu'ils défendent leurs valeurs. C'est vrai : il y a peu de personnalités authentiques et crédibles parmi eux. Par exemple, ils acceptent de l'argent de Google alors que ce géant du Net restreint la liberté d'expression. Quand je sors pour filmer, je veux changer la façon de penser des gens.

- Quel est le secret de votre succès ? 

- Le secret de la plateforme médiatique PragerU pour laquelle je travaille est qu'elle représente des valeurs conservatrices. Nous sommes un média à but non lucratif, nous ne pouvons pas dire aux gens comment et pour qui voter, mais nous avons un impact réel. Selon notre enquête, 70 % de nos utilisateurs signalent comment notre contenu influencera leur vote. C'est compréhensible : quand je regarde un candidat, je regarde aussi, par exemple, s'il est une personnalité religieuse et authentique. PragerU soutient égalementces valeurs.

- Nous imaginons plutôt les conservateurs américains comme des personnes âgées jouant au scrabble que comme un type portant une casquette de baseball à l'envers qui tourne une vidéo dans l'espace public. Vous êtes né dans une famille de droite ? 

 Pas du tout, je viens d'un milieu athée libéral. Les choses ont changé à l'université : il y avait tellement d'intolérance de gauche là-bas. En conséquence, je suis devenu conservateur et j'ai également contacté les républicains du Colorado et PragerU pour faire changer les choses. De nombreux jeunes conservateurs se sont récemment retrouvés dans les médias, mais il faudrait aussi de nouveaux visages en politique. C'est un comble que nous ayons l'armée et l'économie les plus puissantes du monde, mais que nos dirigeants ne soient pas capables de prononcer une phrase sensée.

- Quel était le problème à l'Université du Colorado ?

 Même la gauche reconnaît qu'elle est devenue dominante dans l'enseignement supérieur américain. 92% du corps enseignant des universités publiques sont des sympathisants du parti démocrate, et comme si cela ne suffisait pas, ils  font de l'agitation en classe avec leurs assistants. Ils encouragent leurs étudiants à devenir eux aussi des militants.

- Qu'avez-vous fait à ce sujet? 

J'ai quitté l'université. J'ai déménagé à Los Angeles, qui est terriblement libérale, mais j'ai trouvé un emploi à PragerU. J'ai senti que je devais faire quelque chose et ils m'ont donné la plateforme médias.

Photo: Maté Bach

- Lors de la conférence à l'Institut du Danube, vous avez dit que la gauche américaine était une sorte de religion. Pourquoi?

- L'Amérique a beaucoup changé ces dernières années. Le pays dans lequel j'ai grandi est maintenant oublié. La cause en est que le gauchisme est devenu une religion. Le christianisme est en déclin, comme en Occident en général, et la pensée de gauche prend sa place. Au début du millénaire, 79 % des Américains allaient à l'église, un chiffre qui est tombé à 49 %. Mais les gens ont toujours besoin de quelque chose qui donne un sens à leur vie. Ce rôle est joué par la lutte contre le changement climatique, l'hystérie autour de Covid, le mouvement Black Lives Matter, les questions LGBTQ et les absurdités transgenres.

- Êtes-vous pratiquant ? 

- Oui, je me suis fait baptiser il y a un an.

- Révélation tardive ? 

- On peut dire ça, mais mieux vaut tard que jamais. C'est la meilleure décision de ma vie jusqu'à présent. J'ai senti que c'était ce que je devais faire.

- Comment vous entendez-vous avec l'autre bord aujourd'hui ? Vos vidéos montrent un énorme fossé entre l'Amérique conservatrice et libérale. 

- J'ai l'avantage situationnel d'avoir une formation libérale, ce qui me permet de mieux comprendre comment et pourquoi les gens pensent de cette façon. Quelqu'un qui a été un chrétien conservateur toute sa vie est moins à même d'adopter cette perspective. Pour ma part, je dois un certain nombre de bonnes conversations à la compréhension que m'apporte mon passé. Mon livre sur les stratégies de persuasion est également lié à cela, How to Win Friends and Influence Enemies (Comment convaincre vos amis et influencer vos ennemis). Malgré la séparation, on peut toujours se parler, mais il faut bien poser les questions.

- Quel sera le facteur décisif de la prochaine élection présidentielle américaine ? 

 La gestion de la pandémie de coronavirus – je n'ai aucun doute là-dessus. Une partie de cette gestion réside dans la façon dont nos politiciens communiquent à ce sujet.

- Pensez-vous que Donald Trump va vraiment se représenter, et si oui, va-t-il gagner ? 

- Oui, je pense que les choses évoluent dans le sens d'une nouvelle candidature. Certaines de ses déclarations n'ont pas fait mouche du côté des conservateurs, il a donc perdu une partie de son camp. Il n'est pas là où il était en 2016 ou 2020. Mais en voyant comme le gouvernement de Joe Biden fait reculer le pays aujourd'hui, je pense que Trump a une chance de gagner.

- Qu'est-ce qui ne va pas avec Biden ? 

- C'est notre pire président de tous les temps, ses indices de popularité sont catastrophiques. La plupart du temps, il ne sait même pas où il se trouve. Mais sa vice-présidente, Kamala Harris, est également hors du tableau, tout le monde la déteste. On n'aime pas quelqu'un simplement parce que c'est une femme noire qui s'est opposée à la domination des hommes blancs. Aujourd'hui, ce qui intéresse les gens, c'est ce qu'ils peuvent offrir à leur famille, c'est d'avoir un emploi. Maintenant, la criminalité est montée en flèche en Amérique, les infections au Covid sont de plus en plus nombreuses, et l'inflation bat des records. Les promesses ne sont pas tenues, tout n'a fait qu'empirer. La plupart des gens aujourd'hui sont contre Biden, mais pas nécessairement pour les républicains. Harris, qu'on voudrait voir remplacer Biden, négocie en secret avec Hillary Clinton. Bref, c'est une recette sûre pour la défaite!

- Quelle est votre impression sur la différence entre nous, les Hongrois et les Américains ?  

- Je pense qu'un pays qui a connu le communisme regarde le monde différemment. Ici, les gens apprécient des choses qu'on n'apprécie pas en Amérique parce qu'on n'a jamais eu à vivre dans la tyrannie et les difficultés. Les Hongrois donnent déjà l'exemple aux conservateurs américains et, sous la direction de Viktor Orbán, ils ont fait un pas étonnant dans la bonne direction. Je souhaite que les conservateurs de chez nous aient la force de faire tout cela, par exemple sur la protection de l'enfance et les contenus homosexuels dans les médias. Il y a beaucoup à apprendre de cela. Si la Hongrie continue dans cette voie, je ne vois pas pourquoi elle ne deviendrait pas le centre conservateur du monde.

source: https://magyarnemzet.hu/kulfold/2022/02/will-witt-vallaspotlek-a-baloldalisag

Image de couverture : Will Witt, influenceur américain conservateur (Photo : Máté Bach)

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Et voici un "best of" de ses vidéos faites sur les campus en Californie

(55:00, sous-titres - traduction automatique)

PragerU

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