La présidence française de l'Union européenne qui aura lieu pendant le premier semestre de 2022 va recourir au mécénat d'entreprises pour transporter les délégations des pays membres et compenser ainsi son empreinte carbone, une pratique de sponsoring contestée par des ONG.
« Je souhaite qu'elle puisse montrer des véhicules français, propres », a déclaré le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Clément Beaune, dans la nuit du 13 au 14 octobre lors d'une audition au Sénat. «Nous demandons aux constructeurs français – ce sera parfaitement transparent – de prêter ou de louer des véhicules français pour acheminer les délégations que nous accueillerons», at-il ajouté.
«Nous considérons aussi la possibilité, comme cela a été fait pour le G7 (à Biarritz en 2019) de manière transparente, d'une compensation carbone intégrale des émissions liées à la présidence en faisant appel à des énergéticiens français», at-il ajouté .
Les constructeurs Renault et Stellantis ont signé un contrat de mécénat avec la présidence française portant sur le prêt d'une flotte de véhicules électriques, affirme l'hebdomadaire L'Express. Les deux constructeurs, sollicités le 14 octobre par l'AFP, se sont refusés à tout commentaire. «Des discussions sont en cours avec des mécènes», a confirmé pour sa part le secrétariat général de la présidence française du Conseil de l'UE, sans plus de précisions.
«Ces pratiques louches de sponsoring doivent prendre fin», juge l'ONG foodwatch
Le sponsoring des présidences semestrielles tournantes de l'UE par des multinationales (Microsoft, BMW, Coca-Cola..) est une pratique courante, régulièrement dénoncée comme source de conflits d'intérêts. «Si la France a besoin de nourriture, boissons, moyens de transport ou tout autre type de biens et services durant sa présidence de l'UE, elle doit se les procurer de façon normale et payer un juste prix pour cela», a jugé Suzy Sumner de l'ONG foodwatch. «Ces pratiques louches de sponsoring doivent prendre fin», a-t-elle insisté dans un communiqué daté du 23 septembre.
«Une nouvelle fois, la présidence tournante du Conseil de l'UE risque de se trouver instrumentalisée au profit des intérêts des grandes entreprises, avec la coopération active du gouvernement français», ont de leur côté réagi l'Observatoire des multinationales et Corporate Europe Observatory dans un rapport publié le 12 octobre.
La liste des mécènes sera publiée de manière transparente
Paris conteste pour sa part toute dérive. Les entreprises vont apporter un «soutien matériel sans contrepartie directe», assure le secrétariat général de la présidence française de l'UE. Ce mécénat relève d'une «démarche de générosité même si des remerciements ou contreparties faibles peuvent être consentis», a-t-il poursuivi en en rappelant la définition juridique.
Il diffère, selon lui, des opérations de parrainage commercial, destinées à « promouvoir l'image du parrain » en mentionnant son « nom ou sa marque ». « Conformément aux engagements de transparence, la liste des mécènes sera publiée de manière transparente sur le site internet de la PFUE », assure-t-il.
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Des dérives princières à faire saliver le tout petit joueur du bout du lac.