Chercheurs au Centre européen d’études sur la Shoah, l’antisémitisme et le génocide, les Belges Joël Tournemenne et Joël Kotek (par ailleurs politologue à l’ULB) ont publié à la Fondation Jean Jaurès une étude commencée il y a deux ans. Réalisée auprès de 1 672 jeunes, dans 38 écoles secondaires francophones bruxelloises, ils en tirent une double conclusion. Globalement, les jeunes se montrent plus libéraux et progressistes, moins racistes et moins antisémites que leurs aînés. Tous ? Non : pas les jeunes croyants, et principalement les jeunes qui se disent musulmans. Ces derniers auraient "trois fois plus de préjugés judéophobes, homophobes, sexistes que les non-croyants". Les chercheurs postulent donc l’existence d’un "effet religion" dans la représentation de l’autre.
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Vous évoquez le déni de la société belge face à cette jeunesse en décalage avec les valeurs libérales qu’elle prône. D’où viendrait ce déni ?
J.K. Du fait que la vérité que nous soulignons est dérangeante. Il y a donc des raisons électorales qui poussent les partis progressistes à ne pas évoquer ce décalage, tant ils sont soucieux de maintenir le contact avec leur électorat musulman. Notre étude met également à mal la vulgate intersectionnelle qui pose les "Blancs" en racistes invétérés, et postule une sorte de solidarité intrinsèque entre les diverses minorités qui cohabitent au sein de notre société. Or, ce que nous constatons est un net recul des préjugés racistes chez les assignés "blancs", et au contraire une prégnance homophobe, sexiste et raciste chez les jeunes qui se réclament de l’islam. Les récentes mesures homophobes et sexistes adoptées tout récemment en Turquie témoignent par l’absurde de l’absurdité des thèses intersectionnelles.
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Vous prenez le contre-pied de sociologues avançant que les causes du sexisme ou de l’antisémitisme sont principalement dues à des facteurs socio-économiques. Pour vous, ils sont plutôt dus à des représentations culturelles et religieuses. Mais ces facteurs ne sont-ils pas liés ?
J.T. Ce que dit en effet notre étude, c’est que s’agissant de l’antisémitisme, du sexisme ou encore de l’homophobie, ce sont bien moins les facteurs socioéconomiques que les représentations culturelles et religieuses qui déterminent l’opinion. Il faut souligner que nos données statistiques rejoignent les conclusions de toute une série d’études européennes comparables, comme celles par exemple du sociologue néerlandais Rudd Koopmans, des Français Anne Muxel et Olivier Galland, des Allemands Günther Jikeli, Jürgen Mansel et Viktoria Spaiser et évidemment du Belge Mark Elchardus. Nous arrivons tous aux mêmes conclusions, c’est-à-dire que le facteur religieux prédomine sur les autres, sans pour autant totalement les annuler.
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Nos remerciements à pierrebxl
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