« Tentative de coup d’Etat » en Arménie

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Conspué par l’opposition, qui multiplie depuis plusieurs jours les manifestations pour réclamer son départ, et contesté par l’armée, qui lui reproche sa gestion de la guerre contre l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a atteint jeudi le point de rupture avec l’état-major arménien qui a, pour la première fois, réclamé officiellement sa démission, en expliquant qu’il n’était « plus en mesure de prendre les décisions qui s’imposent ».

Le traumatisme de la défaite

Jugé responsable de la défaite militaire de l’automne dernier dans le Haut-Karabakh, et même qualifié par certains de « traître » pour avoir accepté les conditions du cessez-le-feu négocié par Poutine impliquant d’importantes pertes territoriales pour l’Arménie, Pachinian est depuis deux mois en très grande difficulté. Une position qui s’est encore aggravée cette semaine, lorsqu’il est entré ouvertement en conflit avec l’armée, qui était jusque-là restée plutôt silencieuse. Le détonateur ? Un entretien accordé mardi par Pachinian à la chaîne Lin.am, au cours duquel celui-ci a ouvertement critiqué les systèmes de missiles tactiques « Iskander », fleuron de l’industrie militaire russe, qui, selon lui, auraient été largement défectueux pendant la guerre contre les Azéris. Une affirmation qui lui a bien sûr immédiatement valu une pluie de critiques, non seulement de la part du ministère de la Défense russe, mais aussi de l’adjoint du général en chef Onik Gasparian, Tigran Khatchatrian, qui l’a accusé de vouloir se défausser de sa responsabilité. Piqué au vif, Pachinian l’avait alors limogé dès le lendemain, provoquant la colère de l’état-major et de l’armée en général.

L’opposition campe devant le Parlement

C’est ainsi que jeudi matin, quittant la réserve qu’ils avaient jusque-là observée, l’état-major général et son chef, Onik Gasparian, ont réclamé la démission du Premier ministre, en expliquant que celui-ci, non seulement n’était plus en mesure de prendre des décisions adéquates, mais qu’en outre il tentait de discréditer les forces armées en les rendant responsables de la défaite. Une initiative immédiatement dénoncée comme « une tentative de coup d’Etat militaire » par Nikol Pachinian, qui a aussitôt appelé ses partisans à « se rassembler place de la République » à Erevan, avant d’annoncer dans la foulée le limogeage du général Gasparian. S’exprimant un peu plus tard devant quelque 20 000 sympathisants, le Premier ministre arménien a cependant tenté de faire redescendre un peu la tension, en qualifiant notamment l’appel des militaires de « réaction sous le coup de l’émotion » et en déclarant que l’Arménie avait « besoin de dialogue plutôt que de confrontation ». Une main tendue dont n’ont toutefois pas voulu les membres de l’opposition qui, le même jour, ont installé des tentes près du bâtiment de l’Assemblée nationale à Erevan, en avertissant le gouvernement qu’ils étaient prêts à occuper les lieux jusqu’à ce que le Premier ministre démissionne… •

 

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