On ne savait pas les Hollandais si frondeurs ! Dès l’annonce du confinement, plusieurs villes du pays ont connu de véritables émeutes : Amsterdam, Rotterdam, La Haye, et même de plus petites villes (voir Présent d’hier). C’est un phénomène inattendu quand on connaît l’apparente placidité de ce petit peuple, au niveau de vie élevé, et dénué de grandes ambitions depuis … Charles Quint (XVIe siècle) ! La Hollande c’est le pays des fleurs et de la démocratie parlementaire, de l’avortement et de la drogue en vente libre, de l’euthanasie et de la prostitution légalisées. Un paradis sur terre à en croire les ultra-libéraux. Mais voici que ce « paradis » génère un ingérable mécontentement, et jette dans la rue des milliers d’émeutiers dans une sorte de jacquerie.

A écouter les mots d’ordre, ce qui provoque cette révolte « populiste », c’est le confinement, tout simplement, qui succède à un couvre-feu. Les regroupements de contestataires n’étaient pas considérables (quelques milliers de personnes sur chaque site) mais les affrontements ont été d’une violence à laquelle les Hollandais sont moins habitués que nous : pillages, incendies de voitures et de bâtiments officiels, échanges de coups. Ce sont « les pires émeutes depuis quarante ans », a déclaré le Premier ministre.

Des grands blonds, des Noirs, des hommes de type méditerranéen

Qui sont les coupables ? « Des mouvements liés à l’extrême droite ». Quand on ne sait pas, le plus simple est en effet de désigner ce coupable-là. C’est d’autant plus commode que personne ne viendra le défendre. A la vérité, en regardant les vidéos des émeutes, on aperçoit des grands blonds, des Noirs, des hommes de type méditerranéen (des Turcs ? Leur population est devenue énorme, ici).

Les revendications des émeutiers ne reposent pas sur la volonté de déboulonner des statues, mais leurs dirigeants. Les exigences sont concrètes : fin du confinement, rétablissement des libertés individuelles, pas d’alignement sur les mesures sanitaires dictées par l’Europe. Pour le gouvernement, le principal coupable serait le député « populiste » Thierry Baudet, qui possède un nom bien français, sa famille étant d’origine wallonne et ayant fui les armées révolutionnaires françaises à la fin du XVIIIe siècle.

Les saccages se sont produits après des mobilisations par les réseaux sociaux, sans structuration, sans autre dessein politique que d’exprimer un fort ras-le-bol.

Au Danemark, des centaines de jeunes gens se sont réunis au cri de « liberté ». Mêmes scènes à Prague et Bratislava, Se recommandaient-ils du mouvement Qanon, comme le soutient un imbécile de la presse française ? Cela paraît fort improbable. La vision complotiste d’une main de l’extrême droite derrière chacun de ces mouvements de colère paraît une thèse difficile à soutenir. Et les explications traditionnelles permettant de diaboliser les mécontents (quand ils ne sont pas encadrés par les syndicats sociaux-démocrates) ne sont pas crédibles non plus. A la vérité c’est tout le paysage politique européen qui semble se modifier sous nos yeux, avec une cassure très nette entre la population et les élites autoproclamées. Le COVID et ses contraintes ne sont probablement que des révélateurs. •

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