Journal Le Temps : “ce qu’on peut faire et ce qu’on ne peut pas faire”, Yvan Perrin sur FB, 25.11.2020

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national
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Le Temps, ce qu'on peut faire et ce qu'on ne peut pas faire

Mettre de l'huile sur le feu, mauvais secret, magouille, ton agressif, intrusion, surmédiatisation, rumeur, venin. Les mots sont forts dans l'article que Le Temps consacre à la décision prise par l'Autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération d'enquêter quant à la façon dont ce dernier organe a travaillé dans l'affaire Berset. Décidément, le quotidien en a gros sur la patate. Déjà hier, on pouvait lire à quel point notre journal était chagrin, aujourd'hui, il est plutôt colère. C'est vrai, qu'est-ce que cette autorité de surveillance a à surveiller ? Que chacun s'occupe de ses affaires et les vaches seront bien gardées. Manifestement, les transactions d'alcôves font le bonheur du Temps qui s'interroge quant au fait qu'une enquête est lancée. On trouve donc une phrase historique au sujet de l'ordonnance pénale qui "caviarde les passages qui pourraient nuire à Alain Berset justement parce qu’il est Conseiller fédéral et que cette fonction l’expose à une surmédiatisation de ses mésaventures ?"

Vous avez bien lu ! Le fait pour un homme d'être Conseiller fédéral lui vaut une justice particulière justement parce qu'il est Conseiller fédéral. Remarquable nostalgie de l'Ancien Régime déjà dénoncée par La Fontaine dans les Animaux malades de la peste : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir". A l'appui de son propos, Le Temps fait donner le Conseiller national Christian Lüscher qui "trouve intolérable que cette autorité veuille se déterminer sur un cas particulier qui a été instruit à la satisfaction des parties." En lui donnant la parole, le journal savait ce qu'il faisait. On se souvient des propos encomiastiques que le parlementaire avait tenus à l'occasion de la réélection du Procureur général de la Confédération. Ayant professionnellement affaire avec le personnage déchu, le Conseiller national n'allait pas se le mettre à dos.

Mardi 13 septembre 2016 à 10h37, sur son site internet, Le Temps évoquait l'affaire Darbellay. On pouvait ainsi lire les passages suivants :

"un bébé après un coup d’un soir, quand même, belle efficacité !" Elégant !

"c’est là que la cabriole devient incompatible avec les hautes fonctions. Le trompeur n’est pas un pécheur, c’est un individu surmené."

"très compliqué d’assurer la bonne marche de l’Etat lorsque son agenda et son esprit sont parasités par des soucis de lit. Lutiner ou gouverner, il faut trancher."

Selon que vous serez Berset ou Darbellay, les jugements du Temps vous rendront blanc ou noir. Au sein de leur rédaction, les journalistes devraient placarder en gros l'article 8 de la Constitution fédérale

"Tous les êtres humains sont égaux devant la loi".

Yvan Perrin, 25.11.2020

 

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