De notre correspondant permanent à Varsovie. – Depuis jeudi, jour où le Tribunal constitutionnel a interdit les avortements eugéniques en Pologne, les organisations féministes radicales et autres mouvances d’extrême gauche, parmi lesquelles la mouvance LGBT, manifestent. Pour compenser leur petit nombre – entre quelques dizaines et quelques milliers selon les manifestations –, les partisans du droit de tuer son enfant en période de gestation en cas de maladie incurable ou de handicap cherchent à se faire entendre en faisant preuve d’une agressivité et d’une vulgarité jamais vues jusqu’ici. Ainsi que le font remarquer les commentateurs, même à l’époque de la dictature communiste on n’interrompait pas une messe catholique. Dimanche, il est arrivé dans plusieurs villes que des groupes de militants pro-avortement enragés fassent irruption pendant les messes pour crier leur haine de l’Eglise, du PiS, des partisans du droit à la vie et autres Polonais ne partageant pas leurs vues. Des inscriptions ont été accrochées aux portes d’églises dans le meilleur des cas ou taguées sur des églises à valeur de monuments historiques pour dire aux catholiques que « l’avortement est ok », que les curés doivent laisser les utérus des femmes tranquilles, le tout souvent accompagné de mots vulgaires.
Pas sûr que prendre l’Eglise pour cible pour une décision du Tribunal constitutionnel et interrompre les saintes messes – un délit normalement passible d’une peine de deux ans de prison s’il s’agit d’une interruption intentionnelle pour faire obstacle à un culte religieux – soit le meilleur moyen de rallier une majorité de Polonais à la cause féministe. Des députés de la gauche postcommuniste et LGBT ont été aperçus parmi les auteurs des vulgarités et des actes de vandalisme, et même l’opposition libérale de la Plate-forme civique, qui gouvernait la Pologne de 2007 à 2015, s’est solidarisée avec ces manifestations organisées notamment par Strajk Kobiet, « la grève des femmes », avec comme symbole un éclair de foudre rappelant fort le S des SS de la Seconde Guerre mondiale. Si la ressemblance est probablement involontaire, la coïncidence n’est pas fortuite : les nationaux-socialistes allemands avaient été les premiers dans l’histoire de la Pologne à légaliser l’avortement et même à l’encourager pour les Juives et les Polonaises. Par ailleurs, comme les personnes manifestant contre l’interdiction des avortements eugéniques, ils étaient favorables à l’élimination « humanitaire » des personnes handicapées.
Curieusement, certains leaders de l’opposition appellent le gouvernement à ne pas publier ce jugement du Tribunal constitutionnel qui n’entrera en vigueur qu’une fois paru au Journal officiel. Ainsi, ceux qui prétendaient jusqu’ici défendre une constitution qu’ils accusaient le PiS de ne pas respecter appellent ouvertement à la violer quand cela les arrange. Une porte de sortie se dessine toutefois, jusque dans les rangs du PiS et de ses alliés au sein de la coalition Droite unie : il s’agirait de réécrire le paragraphe de la loi qui autorisait jusqu’ici les avortements en cas de diagnostic prénatal de handicap ou maladie grave et incurable de l’enfant en gestation pour limiter sa portée aux cas de malformations ou anomalies létales confirmées. Dans la plupart des cas en effet, ces avortements concernaient des handicaps qui n’empêchent pas de vivre, telle la trisomie 21 qui a été la cause de 445 avortements sur les 1 110 avortements réalisés en 2019 dans les hôpitaux polonais. •
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