Attentat islamiste de Nice : le parquet antiterroriste requiert les assises pour neuf personnes

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Le 14 juillet 2016, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien de 31 ans, tuait 86 personnes en quatre minutes sur la promenade des Anglais au volant d'un camion de location, avant d'être abattu. Quatre ans plus tard, le parquet national antiterroriste (Pnat) a demandé le renvoi de neuf personnes aux assises.

Démarches multiples pour louer le camion, repérages sur la partie piétonne de la promenade afin de multiplier les victimes : le Pnat estime dans son réquisitoire, selon des éléments dont a eu connaissance l'AFP ce 23 juin, que cet attentat a été «longuement mûri» et «minutieusement préparé».

Danseur de salsa, bisexuel et drogué : un profil inattendu pour le djihadisme ?

Son mobile, toutefois, reste incertain : l'auteur avait certes manifesté des signes de religiosité, voire d'attrait, pour l'islamisme radical, mais d'autres personnes avaient décrit un bon danseur de salsa, un «dragueur invétéré» aux multiples relations, parmi lesquelles des hommes. «Il ne faisait pas la prière, il ne jeûnait pas, il buvait de l'alcool, il se droguait même», avait dit en 2016 son père à l'AFP.

Après quatre ans d'instruction, le Pnat estime que la préparation de l'attentat s'est faite «dans un contexte de fascination idéologique pour la violence et les thématiques djihadistes».

Lahouaiej-Bouhlel, inconnu des services de renseignement et qui n'a laissé aucun acte d'allégeance, a été «inspiré» par la propagande du groupe Etat islamique mais son geste n'a pas été commandité, selon le parquet. Pour celui-ci, la revendication de Daesh, 48 heures après l'attentat, est «une récupération opportuniste», en l'absence de liens établis.

Abattu par les forces de l'ordre, Lahouaiej-Bouhlel ne sera quoiqu'il en soit pas concerné par un procès éventuel, sur lequel la décision finale revient désormais aux juges d'instruction antiterroristes.

Peut-être pas de «connaissance précise» mais une «conscience de l'existence d'un projet»

Le principal enjeu est dès lors de savoir si les neuf mis en cause avaient une connaissance, a minima partielle, du projet terroriste. Tous le contestent, et l'enquête n'a pas apporté de preuve formelle du contraire.  

Pour les trois principaux suspects, Mohamed G., Ramzi A. et Chokri C., le Pnat requiert l'abandon des poursuites pour «complicité d'assassinats», mais demande à ce qu'ils soient jugés, avec un quatrième suspect, Hamdi Z., pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle». 

Selon le parquet, si ces quatre suspects n'avaient pas une «connaissance précise» des modalités de l'attentat de Lahouaiej-Bouhlel, ils avaient «conscience de l'existence d'un projet» terroriste.

Cette accusation est, selon le Pnat, étayée par la «grande proximité» des quatre suspects avec Lahouaiej-Bouhlel, les «liens avec le camion et sa location», dans lequel ils sont pour certains montés, et le «rôle» de certains «dans la recherche d'arme» de l'auteur de l'attentat ou encore «des échanges révélateurs d'une entente et d'un projet commun».

Pour cinq autres suspects, Artan H., Enkeledja Z., Maksim C., Brahim T. et Endri E., le Pnat requiert aussi le renvoi devant la cour d'assises spécialement composée de Paris pour la fourniture d'une arme à Mohamed Lahoueij-Bouhlel. 

Quatre d'entre eux avaient été mis en examen pour des infractions terroristes, mais «aucun élément n'atteste de leur connaissance, même imprécise, de la destination de ces armes», selon le parquet, qui prône la requalification des faits les concernant en droit commun.

Quatre suspects sont actuellement sous contrôle judiciaire, quatre autres sont en détention provisoire, tandis qu'un neuvième, Endri E., fait l'objet d'un mandat d'arrêt. Un dixième mis en cause s'est suicidé en prison.

«Nous ne comprenons pas que le parquet ait écarté la notion de complicité d'assassinat», déplore un avocat de victimes

L'enquête «a démontré de façon certaine l'absence totale de connaissance par notre client des intentions de Lahouaiej-Bouhlel», ont déploré les avocats de Mohamed G., William Bourdon et Vincent Brengarth, pour qui «un non-lieu s'impose».

«Le Pnat a procédé à une analyse au cas par cas du rôle de chacun des 9 mis en examen et c'est toujours le signe d'une bonne justice», a réagi Eric Morain, avocat de la Fenvac, la principale association de victimes.

«Il est essentiel que ce procès ait lieu et qu'il permette à chacun de faire valoir sa vérité», assure de son côté Gérard Chemla, avocat de nombreuses victimes, mais «nous ne comprenons pas que le parquet ait écarté la notion de complicité d'assassinat», a-t-il ajouté.

Un total de 859 victimes se sont constituées parties civiles auprès de la justice, en plus des associations.

 

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