Chine : des expressions religieuses gommées au nom de la « sinisation »

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Dans le cadre de la « sinisation » voulue par Xi Jinping et le parti communiste chinois, les expressions religieuses de certaines œuvres littéraires présentées dans des manuels scolaires ont été censurées. C’est en effet ce que rapporte une dépêche de l’agence d’information liée aux Missions étrangères de Paris, « Eglises d’Asie », qui a été publiée le 2 août dernier. Ainsi, les mots comme « Dieu » ou « Bible » ont été retirés d’un manuel scolaire destiné aux enfants de l’école primaire. La censure aboutit à tronquer significativement des phrases, dont certaines ont pu bercer ou émerveiller le lecteur, surtout quand il a les yeux d’un enfant. Ainsi, dansLa Petite Fille aux allumettes, un des contes d’Andersen les plus connus, la grand-mère défunte avait dit à l’enfant : « Quand on voit filer une étoile, c’est une âme qui monte vers Dieu. » La version édulcorée donne un son de cloche différent, bien moins poétique : « Quand on voit filer une étoile, c’est qu’une personne quitte ce monde. »Un autre exemple est tiré de Robinson Crusoéque les écoliers connaissent bien. Après le naufrage de son navire, Robinson trouve trois bibles qui deviennent après les ciseaux d’Anastasie de Pékin « quelques livres »… Ainsi est minoré l’apport de l’un des plus grands ouvrages qui a marqué l’Europe. Bien des naufragés ont dû leur survie à la conservation de ce précieux livre, qui, dans tous les sens du terme, a été salvateur ! Le scalpel de Pékin est digne des réécritures de 1984, autre roman qui pourrait servir de matrice aux zélés cadres du parti communiste chinois…Le prétexte à la falsification : l’assimilation à la culture chinoise…

Dans d’autres œuvres de la littérature occidentale à connotation encore plus religieuse commeNotre-Dame de Parisde Victor Hugo ou Résurrectionde Léon Tolstoï, le mot « Christ » est – sans surprise – effacé… Dans une nouvelle d’Anton Tchekhov, Vanka, les traducteurs ont dû s’arracher les cheveux car un passage représente une prière dans une église. Bref, un vrai casse-tête (chinois) pour le censeur-traducteur.

Outre le fait d’appliquer les consignes lancées par Xi Jinping en 2015 sommant aux religions de s’assimiler à la culture chinoise, ces pratiques sont un écho à la censure qui sévit dans les différentes strates du système éducatif du pays, que ce soit à l’école primaire ou à l’université. Cette agressivité contre les religions « étrangères » en général et le christianisme en particulier n’est certes pas exceptionnelle en Chine. L’empire du Milieu est malheureusement bien placé dans les persécutions en tout genre contre les croyants. Mais la vraie raison serait aussi la progression du christianisme en Chine. Des sociologues ont prédit la possibilité d’ici à 2030 que la Chine devienne « le pays le plus chrétien au monde ».Le christianisme fait peur. Peut-être est-ce de la part des communistes chinois un hommage du vice à la vertu. Le christianisme ne laisse pas indifférent. En tout cas, sinisation, que de crimes on commet en ton nom ! •

François Hoffman

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