La voix du libéralisme européen était-elle liée au Royaume-Uni ?

Par Alexandre Massaux.

Les élections européennes de 2019 ont amené au pouvoir une gouvernance profondément anti-libérale semblant s’orienter vers plus d’interventionnisme étatique. Dans le même temps, ces élections ont réaffirmé l’importance des partisans du Brexit au Royaume-Uni avec la victoire du parti de Nigel Farage, avec comme conséquence la mise à l’écart de ce pays dans les discussions pour les nominations à la tête de l’UE. L’orientation interventionniste de la nouvelle direction de l’UE et l’affaiblissement du rôle du Royaume-Uni dans les affaires européennes ne sont pas sans lien. Le premier phénomène étant la conclusion du second.

Un rapprochement initial avec le Royaume-Uni sous les auspices d’une Europe de la coopération

Initialement, la France avait, de façon unilatérale, refusé l’adhésion du Royaume-Uni au sein de la Communauté économique européenne. En cause, non seulement son lien avec les États-Unis mais aussi et surtout la zone de libre-échange entre le Royaume-Uni et le Commonwealth. Le général De Gaulle craignait que par son adhésion, Londres transforme le projet européen en espace de libre-échange. Le refus du président français s’inscrivait ainsi dans une doctrine protectionniste que l’on tend à retrouver de nos jours.

Néanmoins, cette situation change avec l’arrivée au pouvoir du président Pompidou qui accepte l’adhésion du Royaume-Uni. Plus souple que Charles De Gaulle et plus proche des Anglais, il prône une Europe basée sur la coopération plutôt que sur un système fédéral et supranational. Vision qui se rapproche fortement de celle que développera Margaret Thatcher une décennie plus tard : des institutions supranationales trop puissantes et trop présentes dans les affaires des États risquaient de mettre en péril le projet de la construction européenne. Ainsi, l’adhésion du Royaume-Uni a obligé la France à assouplir sa politique internationale pour une approche plus coopérative et moins étatique et inversement la politique française plus libérale-compatible du président Pompidou a offert aux Britanniques l’opportunité d’intégrer le projet européen.

L’Acte Unique européen : le moment libéral du projet européen impulsé par Margaret Thatcher

S’il y a bien un traité européen qui peut être considéré comme libéral, c’est l’acte unique européen. Ce traité parachève le marché commun en garantissant quatre libertés fondamentales : la libre circulation des biens, la libre circulation des capitaux, la libre circulation des services, et la libre circulation des personnes. Ce traité a été fortement impulsé par le Royaume-Uni de Margaret Thatcher et avec le soutien de Jacques Delors alors président de la Commission et fédéraliste convaincu. Le Royaume-Uni a contribué à adoucir les positions des dirigeants français en arrivant à introduire une dose de libéralisme dans des projets pouvant tourner au constructivisme.

L’Acte Unique européen fut ainsi l’élément clé qui a permis l’aboutissement d’une Europe pouvant se réclamer du libéralisme. Si le Royaume-Uni n’a pas réussi à bloquer le développement des pouvoirs des institutions européennes et ne s’y est pas toujours opposé, il a toutefois gardé un rôle de contrepoids face aux ardeurs des autres membres.

Un rôle de contrepoids à l’étatisme pour le Royaume-Uni désormais révolu

Les Britanniques sont connus pour leur capacité de blocage des projets européens, grâce à leurs poids politique, économique et militaire, qui ont justement permis de ralentir certaines frénésies régulatrices (souvent d’origines françaises). De plus, les pays du nord plus libéraux économiquement profitaient du poids politique du Royaume-Uni pour défendre leur vision identique.

Désormais, avec le Brexit, ces États qui se rangeaient derrière le Royaume-Uni ont davantage de difficultés à émettre une opinion à l’encontre de décisions franco-allemandes. De même, le parti conservateur anglais a été à l’origine, fin des années 2000, du groupe parlementaire européen ECR alors troisième groupe européen en nombre d’élus. Avec les élections de 2019, ce groupe se voit ramener à la sixième et avant dernière place et est désormais gouverné par les conservateurs polonais bien plus étatistes que leurs homologues britanniques.

Aussi, depuis le Brexit, l’UE est passée d’un triumvirat entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni à un duopole franco-allemand orienté, de par l’affaiblissement d’Angela Merkel, vers un contrôle de la « France Macron »

Par Alexandre Massaux

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Un commentaire

  1. Posté par Jean-Francois Morf le

    Il vaudrait mieux ne plus utiliser du tout le mot “libéral”, qui veut dire extrême gauche en anglais et extrême droite en français…
    La communiste Clinton est une “libérale” aux USA, alors qu’en Europe, “libéral”, c’est la droite qui laisse les gens libres de ne pas obéir aux islamo-communistes verts!

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