Lien vers l'article complet de Julie Malaurie, Point 27.6.2019, Extraits :
https://www.lepoint.fr/societe/enquete-fred-vargas-cassandre-ou-faux-prophete-28-06-2019-2321491_23.php
Enquête - Fred Vargas : cassandre ou faux prophète ?
Après la grippe aviaire et la défense de Battisti, la romancière annonce la fin de l'humanité dans un essai à succès. Mais est-ce vraiment scientifique ?
Par Julie Malaure
«C'est atroce, je suis hantée ! » Dans un bureau de sa maison d'édition, place de l'Odéon, Fred Vargas se lève, rallume un bout de mégot, « pour fumer moins », dit-elle, va à la fenêtre, revient pour parler de son dernier livre, « parce que c'est un sujet stressant à traiter ». Stressée, elle l'est, à ressasser la « catastrophe », comme elle dit, le matin quand elle se lève, le soir quand elle s'endort, ou plutôt ne s'endort pas puisque le sommeil l'a fuie de longue date.
Dans ce livre au succès immense, pas un flic, mais une question toute simple, qu'elle résume pour nous par ces mots : « L'humanité va-t-elle s'éteindre ? » La romancière, unanimement saluée pour ses « rompols » (romans policiers), les laisse de côté pour dresser, dans « L'humanité en péril » (Flammarion), la très longue liste de tout ce qui émet des gaz à effet de serre et nous condamne à une fin inéluctable et dramatiquement proche. Dans cette masse de données se côtoient pêle-mêle le soja, l'hydrogène, le plastique, la daurade rose, les panneaux photovoltaïques, le sucre, le glyphosate - bien sûr ! -, les asperges, le chocolat, les orangs-outans et le permafrost. On y apprend que la production d'un kilo de viande d'agneau équivaut à la pollution émise par une voiture roulant pendant 180 kilomètres. On y voit également nos meilleurs efforts réduits à néant - comme la voiture électrique, les éoliennes et les biocarburants - puisque, quoi que nous fassions, « même si on arrête tout », la machine est en marche. « Nous sommes déjà au-dessus du gouffre, dans le mur, on ne pourra pas revenir en arrière », nous assure la romancière.
« Surinterprétation ». Fred Vargas a réalisé cette compilation d'envergure en trois mois seulement - « mais je travaille vite, j'ai vingt ans, facile, d'expérience de chercheur » -, à la suite de la COP24, en décembre 2018, qu'elle juge comme « un échec retentissant », parce qu'il n'y a pas été tenu compte du dernier rapport du Giec, le groupe de huit cents experts sur l'évolution du climat. « [Les dirigeants] ont fait un choix criminel. Si la température monte de 1,5 °C d'ici quinze ans, un quart du globe sera impacté et la moitié de l'humanité crèvera dans quinze à vingt ans. A + 2 °C, c'est les trois quarts de l'humanité et l'extinction en 2080. »
Allons-nous donc tous mourir d'ici cinquante ans ? « Evidemment, c'est faux », nous rassure Jean Jouzel. Membre du Conseil économique, social et environnemental, le climatologue a connu une vingtaine de rapports du Giec durant ses treize années à la vice-présidence du groupe de travail scientifique dont Vargas se réclame. Il prend pour preuve la page 34 de « L'humanité en péril », où elle écrit qu'une « hausse moyenne de 2 °C correspond à + 5 °C sur les continents » et que ce choix revient à accepter le risque « non "volontaire" mais implicite de la mort des trois quarts de l'humanité ». « C'est doublement erroné », assène le scientifique. Primo, parce qu'elle se fonde sur un article de Camilo Mora, « Global risk of deadly heat », qu'elle « surinterprète », nous assure-t-il, ou n'a peut-être « pas lu » dans le texte. « Ce que dit Mora, c'est qu'aujourd'hui 30 % de la population fait face à des coups de chaud. Des canicules exceptionnelles, dont il ne faut pas négliger qu'elles sont potentiellement mortelles. Mais, évidemment, il n'y a pas 2 milliards de morts à cause des canicules. » Secondo, poursuit-il, « Vargas ne peut absolument pas s'appuyer sur le rapport du Giec pour prétendre à une hausse de 5 °C sur les continents ». Il nous explique que la hausse moyenne des températures dans le monde se traduit par « 10 % de plus, au maximum, sur les continents ». Selon ce raisonnement, une hausse moyenne de 2 °C deviendrait donc 2,2 °C, au maximum, et non pas 5 °C. Une petite amplification, « pas énorme », dit-il, contrebalancée par des hausses plus dramatiques en Arctique ou en Chine, « où certaines zones deviendraient invivables »,comme il l'a écrit avec Pierre Larrouturou dans « Pour éviter le chaos climatique et financier » (Odile Jacob, 2017).
« Je sais chercher ». Le climatologue salue à la fois l'intention de Vargas, dans cet ouvrage « intéressant », mais bondit sur les « erreurs d'interprétation » et la lecture « manifestement fausse » des données : « Elle semble s'appuyer sur le rapport du Giec, mais ce qu'elle dit ne correspond pas à la réalité du rapport. » Ce qui, il insiste, nuit à la mission qu'elle se donne d'alerter l'opinion, en « alourdissant constamment le propos ».
Qu'est-ce qui rend alors Fred Vargas si affirmative ? « Je sais chercher », nous dit-elle, en se fondant sur son expérience au CNRS, comme elle le disait aussi au Monde en 2017 : « La rigueur obligée qui tient sans doute à mon expérience scientifique. » La romancière est en effet titulaire d'une thèse d'histoire, « Archéozoologie de La Charité-sur-Loire médiévale », soutenue à Paris-1 sous son nom d'état civil, Frédérique Audouin-Rouzeau, à l'âge de 26 ans. L'historienne se fait remarquer pour la pluridisciplinarité de ses champs. Trois ans plus tard, elle entre au CNRS, bûche sur la question du vecteur de transmission de la peste au Moyen Age, revalide la thèse de la puce du rat, déjà admise en 1928, contestée ensuite. Treize ans après sa thèse, elle reçoit à 39 ans - et non pas « très jeune », comme on a pu le lire aussi - la médaille de bronze de l'institution, qui récompense, sur candidature, une quarantaine de chercheurs par an pour un « premier travail », ou encourage « à poursuivre ». Pour Fred Vargas, sont remarquées ses « passerelles entre l'archéologie et l'histoire ». Voilà ce qui fait que Frédérique Audouin-Rouzeau, devenue la romancière Fred Vargas, s'annonce « chercheuse avant d'être écrivaine »,se revendique « scientifique » et affirme sa méthode comme inattaquable.
« Fille bien ». Cette méthode ? « J'ai croisé et croisé, et croisé les informations, nous dit-elle. C'est toujours à l'intersection des sources que se trouve la vérité. » Ce qu'elle a fait pour la peste et qui justifie le choix des informations retenues, tandis que les autres sources sont vouées à être à la solde des « lobbys », de l'« argent », les grands ennemis du climat. Elle évoque en ce sens notre « désinformation totale », qu'elle qualifie à nouveau de « criminelle ».Dans ces 405 sources, on trouve des articles du CNRS et de l'Inra, mais aussi un peu de Wikipédia, beaucoup de presse généraliste, le site Leroy Merlin et même un blog qui prône l'antinatalisme en réponse au « lapinisme humain », considérant l'Homo sapiens comme l'espèce « la plus invasive »…
Des sources d'une fiabilité inégale, des « erreurs d'interprétation », un travail de synthèse colossal, mais réalisé dans un laps de temps digne du « Guinness des records ». Ces détails pourraient être sans importance, si la prophétie de la fin de l'humanité était moins grave et, surtout, si les propos de la reine du polar n'étaient aussi massivement écoutés et tenus pour vrais. Son livre est repris, par exemple, par l'ex-député européen Yves Cochet, devenu survivaliste, qui appuie ses propres théories sur la fin de notre civilisation notamment parce que « Fred Vargas dit que 75 % de la population va mourir d'ici à 2050 » (Le Parisien du 7 juin).
Sa vérité. Et si l'influenceuse se trompait ? Impossible d'écarter cette piste depuis que Cesare Battisti, ex-activiste italien, condamné par contumace à perpétuité pour quatre meurtres et cinquante braquages, dont elle défendait mordicus l'innocence, est passé aux aveux. Cette autre cause, l'« affaire Battisti », pour mémoire, démarre en 2004. Lorsque l'Italien qui coulait depuis 1990 des jours tranquilles en France, protégé par François Mitterrand, se fait extrader par Chirac. La fête est finie, Battisti s'enfuit. Fred Vargas fait paraître « La vérité sur Cesare Battisti », 230 pages rédigées en seulement douze jours. Vargas est catégorique, sa vérité, c'est que l'affaire Battisti est un « déni de droit, de parole et de vérité, de la "désinformation" [déjà]. Je connais bien le problème, argumente alors la romancière : au Moyen Age, on profitait de la peste pour faire passer des abus de pouvoir. »Vargas agite deux fanions : la menace du chaos et sa caution de chercheuse.
Pour sauver Battisti du « bûcher », elle rallie Philippe Sollers et Bernard-Henri Lévy, lequel avouera au Point, deux ans plus tard, qu'il ne se serait pas « investi de la même façon »si cette « pasionaria » n'avait pas « mis en lumière un certain nombre d'éléments ». Vargas, subitement devenue pamphlétaire à l'influence indéniable, s'en va aussi frapper aux portes des politiques. Celle qui se dit d'« extrême gauche »en 2004, d'une « gauche errante » en 2006, se heurte à celle du PS, voit s'ouvrir la mairie du 9 e arrondissement de Paris et même celle de François Bayrou, qui, président de l'UDF, règle le problème avec des « si j'étais à la tête du gouvernement », tout en louant la démarche de cette « fille bien », ce que nul ne conteste.
En novembre 2004, nouvelle offensive, l'auteur de polars publie une tribune dans Le Monde : « Et si Battisti était vraiment innocent ? » Une démonstration de sa « conviction personnelle », à laquelle répond, un mois plus tard, Armando Spataro, le procureur italien chargé de l'affaire. Celui qui pointait alors du doigt « la liste grave des inexactitudes contenues dans le texte de Mme Vargas », déboulonnant l'« étrange plaidoirie » de « l'archéologue-écrivain Vargas », de« bonne foi », mais « mal informée ».Vargas, dit-il, « utilise » des arguments « qui ne sont pas fondés » et cite des sources sans « aucune vérification critique ».
« Passionnée ». Cesare Battisti, après trente-sept ans de cavale, a finalement lâché des aveux en janvier, et aussi ses amis. « Je me suis moqué de tous ceux qui m'ont aidé, je n'ai même pas eu besoin de mentir à certains d'entre eux »,aurait-il déclaré. Songeait-il à Vargas en particulier ? Au printemps 2019, on entendait les mouches voler dans le rang des soutiens de Battisti. Hormis le romancier-journaliste de Paris Match Gilles Martin-Chauffier, qui assumait son choix dans un article intitulé : « Pourquoi Cesare Battisti reste mon ami ». Vargas, qui a d'abord refusé de s'exprimer, a finalement déclaré à l'AFP : « Je n'ai pas clamé son innocence en me basant sur une conviction, mais sur des recherches scientifiques. Je suis chercheur à la base, avant d'être écrivain. Et je maintiens mes conclusions. » Auprès de nous, elle réitère sa position : « J'ai croisé toutes les pistes, ses aveux ne changent rien à mes conclusions. »
Nous sommes allés demander au « meilleur ami de Fred », l'écrivain Marc Dugain, ce qu'il pensait de cette volte-face de l'Italien. « S'il n'y a pas de gain pour lui, c'est que ce type est vraiment une saloperie », dit-il. Mais celui qui ne dira « jamais mal de Fred » nous explique aussi que, si sa « sœur » a pris la cause de Battisti, c'est une question de « tempérament ». Il la décrit « passionnée », avec une « tendance à exagérer » et « capable de perdre la raison pour une cause ». A l'infini respect qu'il voue à la « scientifique », la « docteure », la « chercheuse », il ajoute toutefois que, « pour la capede la grippe aviaire, elle s'est trompée ».
Ah, la fameuse cape… « J'ai bossé sur la cape pour éviter une panique au cas où la grippe aviaire arriverait, elle n'est pas arrivée, tant mieux. Parce que je sais comment les gens réagissent en cas d'épidémie, ils jettent les autres par les fenêtres », explique aujourd'hui Fred Vargas. « Il y a même eu un article dans Le Quotidien du médecin », nous assure-t-elle. Trois pages en 2006, en effet, sur la cape dite aussi antipanique. « J'ai réalisé que l'épidémie se propage comme un feu de prairie et que, malgré tous les dénis, elle est inéluctable », affirme alors la romancière au journaliste, et prophétise le « grand vent de panique ». Si pandémie il y avait eu, Vargas aurait-elle pu nous sauver avec sa cape ? « Non, ce n'est pas sérieux, réplique Daniel Camus, de l'Institut Pasteur de Lille. Rien qu'un tout petit aspect : vous sortez avec votre cape, vous êtes en contact avec des gens porteurs du virus. Avez-vous les moyens de décontaminer en rentrant chez vous ? Je vous mets au défi de le faire. Si vous n'êtes pas un professionnel, vous ne saurez pas le faire et vous allez au contraire mettre le virus partout ! »
« Scientifique pertinente ». Le Nouvel Observateur ou Libération ont à l'époque consacré de bons papiers à la cape. Le Pointestimait que sa « compétence sur le dossier du virus H5 N1 ne [faisait] aucun doute ». Le patron du service pneumologie et réanimation de la Pitié-Salpêtrière, Jean-Philippe Derenne, la tient alors pour une « scientifique pertinente qui va au fond des choses ». Vargas a été reçue par le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qui annonçait que la cape allait être testée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (aujourd'hui Anses), présidée par le Pr Didier Houssin jusqu'en 2016. Celui-ci, directeur général de la Santé en 2005, déclarait voir en la cape « une idée à creuser, qui mérite qu'on mène des expériences sur son efficacité ». Daniel Camus, lui, dit bien se souvenir de la cape à l'époque, mais dans le cénacle « des réunions à l'OMS, tous les pays du monde ont envoyé des experts et cette idée-là n'a, ni de près ni de loin, jamais été effleurée ni avancée. Au pis, on a eu un sourire poli. Ce n'est pas comme ça qu'on règle un problème aussi complexe ». Comment expliquer alors l'impression de caution scientifique partagée, de bonne foi, par l'intéressée elle-même ? « Je crois qu'il faut être clair, répond Daniel Camus, Mme Vargas a un certain nombre d'entrées intellectuello-politiques. Ce qu'elle a pu utiliser comme tremplin. »
Il fallait quitter l'Hexagone pour trouver un regard critique sur nos complaisances nationales. Le médecin Jean-Yves Nau, pourtant français, contributeur à La Revue médicale suisse, écrivait en 2006 : « L'une des caractéristiques remarquables des grandes menaces épidémiques est qu'elles déchaînent de manière presque systématique les imaginations. »Et de poursuivre : « La raison recule alors aisément devant l'irrationnel. »
Fred Vargas est-elle une cassandre lucide ou un nouveau Pr Philippulus, le savant fou de « L'étoile mystérieuse » ? Rendez-vous en 2080, si on fait partie du quart survivant de l'humanité§
Vargas… Elle a un incontestable talent littéraire, ses personnages un peu désaxés comme son commissaire Adamsberg sont intéressants. Malheureusement, il y a toujours là un gauchisme latent. Quant à ses idées politiques et escrolos, il ne faut pas pousser grand-mère dans les orties, c’est de la daube pure et simple. Si elle est aussi hantée par le catastrophisme, comme la Greta, cela n’a rien d’étonnant. Quelque chose de dévissé, du jeu dans la boite de vitesses cérébrale.
LE CHANT DU CATASTROPHISME va finir par paralyser toutes les initiatives et surtout démoraliser les plus jeunes au point de semer le désespoir en eux. On dirait qu’on assiste “dernier chant du cygne”.
On a une piste pour cette fumeuse désespérée : LES ARBRES NOUS SAUVERONT si on se met en action dès maintenant, partout, dans les villes, villages et même les abords des déserts (mais ça le sénégal a su le prouver avec le projet IRRIGASC) des milliers et des milliers d’hectares ont été reboisés au Sénégal. Cela n’aurait pas été nécessaire si les gens n’avaient pas déboisé en oubliant de planter un bébé arbre chaque fois. On répare sans cesse les dégâts des inconscients, de ceux qui n’observent pas, qui se conduisent en prédateurs ordinaires.
OUEST-FRANCE d’aujourd’hui y consacrait une large place. Mais le journal de Christine Tasin en parlait bien avant :
http://resistancerepublicaine.eu/2019/07/06/rechauffement-climatique-et-si-la-solution-etait-donnee-par-la-nature/
Si ça peut consoler Dame VARGAS qui a dû passer des heures et des heures à faire atteindre la perfection à son ouvrage alors qu’elle n’aurait pas perdu de temps à aller consulter les gens de terrain qui eux, savent comment on peut réparer. Notamment au Sénégal et aussi faire connaissance avec le Monsieur qui a créé le procédé POLYTER. (qui permet à la plante ou l’arbrisseau de s’approvisionner régulièrement en eau). C’est tellement plus valorisant de devenir une ruminante de l’écriture mortifère.
A sa place, j’écrirais un roman sur les méfaits d’un SOROS, le plus pervers parmi les déstabilisateurs du monde.Ce serait bien utile pour qu’on puisse avertir les autres du danger que représente cet homme qui représente les mondialistes déconstructeurs ou plutôt destructeurs des nations. Elle est sûrement pas au courant.
Elle a raison pour le “lapinisme humain », considérant l’Homo sapiens comme l’espèce « la plus invasive”, par contre, elle pourrait commencer par arrêter de fumer, des centaines de millions d’humains étant à chaque minute sur cette terre en train de griller une cigarette n’améliorant certainement pas la qualité de l’air de la planète !