« Darbellaygate ». Pour Christophe Darbellay, le respect du droit passe après les intérêts économiques

Pour Christophe Darbellay, le respect du droit passe après les intérêts économiques.

http://canal9.ch/cma-jai-survole-les-cinq-rapports-jai-decouvert-des-pratiques-qui-ne-sont-pas-tres- catholiques-reconnait-christophe-darbellay/

Le conseiller d’Etat ne pourra accuser personne de l’avoir mal compris. Ses déclarations, seul face à la caméra, ne laissent place à aucun doute. A ses yeux, l’argent passe avant le droit, le coup de force avant le dialogue. Le dossier CMA est un nouveau révélateur des errements moraux du ministre valaisan.

Le 2 mai dernier, sur les plateaux de la télévision valaisanne Canal 9, Christophe Darbellay s’est expliqué sur sa méthode pour régler la crise des remontées mécaniques de Crans Montana. Elle se résume d’une simple formule : la fin justifie les moyens, quitte à bafouer le droit et à fouler aux pieds la morale.

Reprenons dans l’ordre. Après la publication de plusieurs rapports qui signalent des agissements potentiellement pénaux (malversations financières) de la part de l’homme d’affaires tchèque Radovan Vitek, Christophe Darbellay est obligé de reconnaître publiquement qu’il s’agit de « pratiques de la part des propriétaires de la société CMA qui ne sont pas des pratiques très catholiques ». On pourrait s’attendre à ce que le conseiller d’Etat s’en offusque et se distancie de telles pratiques. Que neni. Il passe dessus comme chat sur braise et affirme droit dans ses bottes : « le plus important pour moi, c’est quand même que des solutions aient été trouvées ».

Voilà donc la position d’un conseiller d’Etat censé incarner le respect des lois et la morale en politique. Pour les acteurs économiques, dont il est le ministre de tutelle, le message est clair : respectez la loi si vous pouvez, mais si vous ne pouvez pas, tant pis, débrouillez-vous pour trouver des solutions. Et si ça bloque quelque part, comptez sur moi pour intervenir en tant que « médiateur » et régler le problème avant que la justice ne s’en mêle.

En l’occurrence, la méthode Darbellay a connu un raté. La justice est intervenue. Actuellement, le Ministère public enquête.

L’intervention télévisée de Christophe Darbellay révèle une autre faiblesse de l’homme. On se souvient que la « médiation » du conseiller d’Etat a été réalisée sur le dos du président de Crans-Montana qui a tout simplement été écarté des discussions. Eviction bien commode puisqu’elle permettait de ne garder autour de la table que des membres du même parti que Christophe Darbellay. Comment ce dernier justifie-t-il publiquement d’avoir évincé l’un des principaux acteurs du dossier ? Réponse devant la caméra : « Radovan Vitek ne voulait pas. » Le même Radovan Vitek lourdement soupçonné aujourd’hui d’avoir commis des infractions pénales. Comment un conseiller d’Etat peut-il accepter de se soumettre aux volontés d’une telle personne sans décrédibliser sa personne et sa fonction ?

Même si le feu des projecteurs se dirige tout naturellement vers Christophe Darbellay, il ne faut pas oublier dans ce dossier la responsabilité des autres élus politiques locaux, tous membres du PDC. Eux aussi savaient mais se sont accomodés des « pratiques pas très catholiques » de Radovan Vitek. Eux aussi se sont faits complices de tout et portent ainsi une part de responsabilité dans cette affaire. Eux aussi ont accepté que le président de Crans-Montana soit évincé. Eux aussi ont ainsi fait preuve d’un mépris total pour la justice et la démocratie. Et eux aussi, comme Radovan Vitek, ont été sauvés par l’intervention du « médiateur » Christophe Darbellay. Pour l’heure en tout cas, en attendant les résultats de l’enquête pénale du Ministère public confirmée par le Procureur Général Nicolas Dubuis de la famille PDC.

4 commentaires

  1. Posté par Dupraz le

    je suis réaliste, rien ne peut contrôler mes pensées, je dis ce que je pense : que l’économie doive passer avant le droit est une évidence. Un exemple : le Verbiergate tant suivi par un certain Riand sur son site l’1dex démontre on ne peut mieux cette réalité, cette vérité, cette évidence !

  2. Posté par leone le

    Comme Icare Darbellay vole trop haut pour ses très modestes compétences. Quand est-ce que ses ailes vont fondre???

  3. Posté par Zufferey le

    Question d’un naïf : à Verbier, qu’est-ce qui prime, le droit ou les intérêts économiques ?

  4. Posté par Dominique Schwander le

    Les autorités qui manipulent un peuple ne mènent pas une vie exemplaire sur le plan moral, bien au contraire. A force d’être manipulé, tôt ou tard, le peuple laisse un régime autoritaire puis la corruption et une dictature être instaurés. Les supporters de cette dictature manipulent à loisir, profitent de la situation, la corruption se généralise et contamine toute la société, de haut en bas. Ils oublient vite que, dès que la classe dominante cesse d’être un symbole de valeurs éthiques, sa chute devient inévitable, même si cela prend beaucoup trop de temps. Finalement, comme on peut l’observer en Afrique et en Amérique latine, les entrepreneurs et les élus font l’apologie de la corruption en affirmant que grâce à ce moteur de l’économie, l’économie est florissante et le produit national brut augmente chaque année. Déjà en 1714, dans La fable des abeilles, le Hollandais Bernard Mandeville affirmait que ce sont justement les vices, tels que le mensonge, le goût du luxe ou la vanité qui permettent la prospérité publique: « Quittez donc vos plaintes, mortels insensés! En vain vous cherchez à associer la grandeur d’une Nation avec la probité. Il n’y a que des fous qui puissent se flatter de jouir des agréments et des convenances de la terre, d’être renommés dans la guerre, de vivre bien à son aise et d’être en même temps vertueux. » … « Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse. » Tout gouvernement devenant autoritaire non seulement se corrompt à grands pas mais encourage la corruption. Combien de nos élus, tel ce Conseiller d’Etat coureur de jupons et un tel Maudet, pensent comme Hitler: « Quant à mes camarades du parti, ils ont une créance sur moi. Après tout, ils ont lutté pour sortir non seulement de la misère nationale, mais aussi de leur misère personnelle. Il serait grotesque de ne pas le dire ouvertement. C’est mon devoir de bon camarade, de veiller à ce que chacun ait maintenant un revenu convenable. Mes lutteurs des anciens jours l’ont bien mérité. Et si nous contribuerons à la grandeur de l’Allemagne, nous avons aussi le droit de songer un peu à nous. Nous n’avons pas à nous soucier des conceptions bourgeoises d’honneur et de réputation. » Promus dans la caste aux côtés d’oligarques enrichis ou rêvant de le devenir, ces élus et entrepreneurs ne voient plus que, sauf quelques exceptions semblables à eux, la classe moyenne s’appauvrit, le pouvoir d’achat baisse plus que le PIB augmente, les pauvres augmentent, sont prêts à écouter un groupe d’aristocrates de l’esprit, communistes et arrivistes et à les soutenir afin de rompre sciemment avec le démocratisme ploutocrate, corrompu et exploiteur.

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