L’Europe: quel avenir pour nos libertés? 1/2

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Mardi16 avril 2019, 130 personnes ont participé à Paris à un colloque organisé par l'ALEPS, Contribuables Associés et l'IREF, sur le thème:

 

L'Europe: quel avenir pour nos libertés ?

 

Ce thème était lui-même subdivisé en deux parties et quatre panels:

Première partie:

- Pourquoi l'Europe, fondements et raisons d'être?

- L'Europe vue d'ailleurs

Deuxième partie:

- Les institutions européennes sont-elles adaptées?

- Les politiques européennes et leurs limites

 

Chaque panel est composé de trois ou quatre intervenants, qui font chacun un exposé de douze minutes exactement, contrôlées par un modérateur. Ces exposés sont suivis de questions posées par l'assistance.

L'avantage de ce dispositif est son efficacité. Chaque intervenant, compte tenu du temps qui lui est imparti, doit aller à l'essentiel. Ce colloque de quatre heures et demie, avec une pause d'un quart d'heure entre les deux parties, est donc d'une grande densité.

Jean-Philippe Delsol

Jean-Philippe Delsol

 

Première partie

 

I Pourquoi l'Europe, fondements et raisons d'être?

 

Jean-Philippe Delsol, Président de l'IREF, rappelle les Origines et principes européens.

L'ADN de l'Europe, c'est la liberté. Son territoire se situe à l'ouest de l'Hellespont, dixit Hérodote. Elle résulte de la confusion de plusieurs peuples.

Ses origines sont trois villes: Jérusalem, Athènes et Rome. Elle tient d'elles le respect de la personne et des libertés individuelles.

 

C'est à Jérusalem qu'émergent le respect de la liberté et le respect de la personne, dans la lignée des Sumériens et des Assyriens.

Pour le poète grec Hésiode, du VIIIe siècle, la souveraineté juste est celle qui est respectueuse de la dikè, faite comme la justice pour respecter la personne.

Dans les douze tables romaines, de l'an 450 avant Jésus-christ, apparaissent la propriété des personnes et les termes de l'échange.

Érasme dit que la monarchie a pour but de faciliter la vie des hommes libres.

 

La tentation impériale est de ne pas respecter la diversité mais d'imposer à tous les mêmes lois, la même monnaie, la même fiscalité.

La chute de Rome est due à sa centralisation, la durée du Saint Empire romain germanique au fait qu'il s'agissait d'une alliance.

 

Les quatre libertés fondamentales européennes sont:

- la libre circulation des personnes

- la libre circulation des biens

- la libre circulation des services

- la subsidiarité

Pascal Salin

Pascal Salin

 

Pascal Salin , Président de l'Aleps, traite des Fondamentaux économiques et sociaux.

Il y a deux visions:

- la vision d'un super-État

- la vision des libertés

 

La vision des libertés repose sur des principes:

- la liberté des échanges: chacun y trouve son compte

- la concurrence comprise comme la liberté d'entrer sur un marché (quel que soit le nombre d'acteurs)

 

La concurrence ainsi conçue est une incitation à innover, à faire mieux que les autres. C'est le contraire de l'harmonisation, qui mène à la création de monopoles.

Or la France veut exporter ses erreurs avec l'harmonisation fiscale et sociale. En réalité elle ne veut pas plus d'Europe, elle veut plus de France.

 

Les autorités européennes sont-elles à même de choisir les meilleures solutions pour les Européens? Elles veulent l'intégration pour que l'Europe soit un grand pays face aux États-Unis ou à la Chine.

Être ouvert sur le monde, comme le sont la Suisse ou Singapour, n'est-il pas préférable?

 

Alexis de Tocqueville écrivait: S'il n'y avait que de petites nations et point de grandes, l'humanité serait à coup sûr plus libre et plus heureuse... Rien n'est si contraire au bien-être et à la liberté des hommes que les grands empires...

Eudes Baufreton (modérateur de Contribuables associés) et Alexandre Giuglaris

Eudes Baufreton (modérateur de Contribuables associés) et Alexandre Giuglaris

 

Alexandre Giuglaris, Délégué général du Think tank Les Hussards (et collaborateur du député LR Nicolas Forissier excusé), répond à la question: Quel besoin d'Europe aujourd'hui?

 

Il faudrait selon lui moins d'Europe:

- en réduisant la technostructure

- en réduisant les normes

- en prenant des mesures d'économie

Il faudrait aussi moins d'Europe en appliquant le principe de subsidiarité et en se posant la question: quelle est la plus-value de l'Europe?

 

Il faudrait plus d'Europe:

- en réformant la France plutôt que de faire de l'Europe un bouc émissaire

- en conservant l'euro

- en exigeant la réciprocité en matière de normes environnementales

 

Il faudrait mieux d'Europe:

- en permettant à l'Europe de remplir son rôle de régulateur

- en luttant contre le terrorisme

- en luttant contre l'immigration illégale

 

L'Europe doit affirmer sa spécificité et relever, par la coopération inter-étatique, deux défis:

- le défi de l'intelligence artificielle

- le défi de la cybersécurité.

Eudes Baufreton, Victoria Curzon Price et Enrico Colombatto

Eudes Baufreton, Victoria Curzon Price et Enrico Colombatto

 

II L'Europe vue d'ailleurs

 

Enrico Colombatto, Professeur d'économie à l'Université de Turin, traite de La vision italienne et celle des pays dits illibéraux.

Tous les pays européens sont illibéraux selon le professeur, notamment en matière de retraites ou d'éducation.

Partout la productivité ne progresse plus et la croissance est proche de zéro pour cent.

 

En Italie la valeur ajoutée du secteur public est la seule source de croissance (parce que les salaires des fonctionnaires sont inclus dans le PIB...).

L'Europe n'y exige pas de réduction de la dépense publique, a permis que la dette publique y atteigne 132% du PIB... La situation de l'Italie sera bientôt celle du Venezuela...

En attendant 60 000 jeunes diplômés quittent la péninsule chaque année, parmi lesquels ceux qui auraient pu être des entrepreneurs...

Rafik Smati

Rafik Smati

 

Rafik Smati, Président d'Objectif France, répond à la question: Rééquilibrer la France vers le Sud?

Rafik Smati souligne l'importance des liens entre la France et l'Allemagne, colonne vertébrale de l'Europe, mais, comme l'a rappelé Jean-Philippe Delsol, les origines de l'Europe sont des villes du Sud.

C'est pourquoi il pense qu'il ne faut pas tourner le dos au Sud et qu'il est nécessaire pour la France de tisser des liens avec l'Italie, le Portugal et l'Espagne.

 

Il y a toutefois une condition essentielle à cela, que la France soit irréprochable. Or la France est l'homme malade de l'Europe. Il faut donc qu'elle commence par guérir...

Ce n'est évidemment pas les joutes actuelles qui le lui permettront...

Eudes Baufreton, Victoria Curzon Price et Enrico Colombatto

Eudes Baufreton, Victoria Curzon Price et Enrico Colombatto

 

Victoria Curzon Price, Professeur émérite d'économie politique à l'Université de Genève, traite de L'Europe vue du dehors, de la Suisse au Brexit.

La Suisse est un îlot au milieu de l'Europe, qui représente moins de 2% de la population de l'UE.

 

La Suisse est d'accord pour la libre circulation des biens et des services, moyennant le paiement d'une contribution d'un milliard d'euros.

Elle est beaucoup plus réticente pour ce qui concerne la libre circulation des personnes (les salaires en Suisse sont quatre fois ceux de l'Europe...).

Elle est encore plus réticente à l'égard de ce qu'on appelle la reprise dynamique du droit européen (l'Europe est obsédée par l'uniformité du droit européen...).

 

L'Histoire montre que les Suisses ne veulent pas se soumettre à des juges étrangers.

Dans les années 1215-1230, les Uranais ont construit le Pont du Diable sur la Reuss et ont fait payer le passage. L'Empereur a voulu profiter de cette manne.

Les Uranais, en contrepartie ont obtenu leur liberté juridique, l'immédiateté. Seulement l'Empereur a renié sa parole. A ce moment-là, en 1291, ils ont uni leurs forces, à perpétuité, si Dieu y consent, à celles de Schwyz et d'Unterwald contre l'Empereur.

 

L'UE rappelle donc aux Suisses le Saint-Empire... Le Brexit est le même problème posé aux Européens par les Britanniques, qui, comme la Suisse, ne demandent rien d'autre que le libre-échange avec l'UE...

Rafik Smati et Carmen Gerstenmeyer

Rafik Smati et Carmen Gerstenmeyer

 

Carmen Gerstenmeyer, Chargée d'Affaires européennes à la Fondation Friedrich Naumann (liée au Parti libéral-démocrate allemand), traite L'Europe outre-Rhin: la vision allemande.

 

50% des Allemands font confiance à l'Union européenne et 75% d'entre eux trouvent que l'économie est bonne pour eux.

 

Aujourd'hui, d'après les sondages pour les élections européennes, les libéraux allemands ne représentent que 7%, derrière la CDU-CSU (32%), les Verts (19%), les Sociaux-Démocrates (18%), l'extrême-droite de l'AFD (10%).

 

Dans leur programme européen, ils voient des opportunités de réformes en politique étrangère, en politique de défense et en matière d'immigration.

Ils souhaitent:

- que le nombre de commissaires européens soit réduit

- que plus de pouvoir soit donné au Parlement européen

- que l'État de droit soit renforcé

 

Francis Richard

 

Source: Le blog de Francis Richard

et sur LesObservateurs.ch

Un commentaire

  1. Posté par Maurice le

    Grand merci pour ce résumé de deux heures de colloque, qui nous permet d’en prendre connaissance en quelques minutes, bravo !

Et vous, qu'en pensez vous ?

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