Black bloc, zadistes et antifas

Nous avons eu la violence. Nous avons eu l’ultraviolence. Nous avons eu les émeutes. En toute logique, la prochaine étape sera terroriste.

Ne pas nommer l’ennemi est une première faute. Rappelons-nous Copernic en 1980, et cette incapacité générale à imaginer que les assassins puissent ne pas être des extrémistes de droite. C’était l’époque où Jean-Pierre Chevènement évoquait dans Le Monde une « véritable osmose […] entre une partie du personnel dirigeant giscardien et l’extrême droite » (sic !). Après mai 1981, le socialiste Defferre devenu ministre de l’Intérieur va orienter systématiquement cette enquête en ce sens. Les groupuscules droitistes seront alors à peu près tous dissous dans la foulée, alors même que les autorités policières avaient identifié la piste proche-orientale. Aujourd’hui on connaît les noms des coupables, mais des non-lieux ont été prononcés car, près de 40 ans après les faits, il était devenu impossible d’aller au-delà de l’intime conviction.

Bien plus récemment, inutile de rappeler à quel point le terrorisme islamiste a profité d’une incapacité de la présidence Hollande à le désigner. On l’a vu notamment dans l’affaire Merah où, quelques minutes avant que l’on apprenne le nom du tueur, de doctes politologues nous décrivaient, sur des radios d’Etat, les arcanes de cette extrême droite islamophobe évidemment coupable.

Même scénario avec les saccages sur les Champs-Elysées : le site ParisVox cite l’ahurissante déclaration de madame Hidalgo, samedi : « Ce que j’ai vu ce soir, ce sont des groupes d’extrême droite qui veulent fragiliser les démocraties et des groupes de pilleurs. » Le maire de Paris a apparemment besoin de lunettes, confondant le A d’anarchie dans un cercle et la croix celtique, et aussi d’un sonotone, croyant entendre Maurras et Rivarol quand les slogans étaient puisés chez Bakounine et Ravachol.

1 500 nervis mieux entraînés que la police

Cet aveuglement a offert à l’extrême gauche zadiste, antifa et black bloc (les mêmes individus, en fait) une formidable impunité, spécialement choquante dans l’affaire Morillo et Dufour, où on a vu les agressés présentés comme les agresseurs.

Forts de cette impunité, de cette protection inespérée, ce courant a prospéré, capable aujourd’hui d’aligner dans la rue 1 500 nervis, très entraînés, mieux préparés au combat de rue que les policiers et gendarmes eux-mêmes.

Il faut ajouter un second catalyseur : cette culture « républicaine » qui, depuis deux siècles, a érigé la violence révolutionnaire en facteur de progrès. 1789, 1830, 1848, 1871 : ces quatre dates constituent des marqueurs de notre école républicaine, pour lire le passé. Pourquoi seraient-ils périmés, quand il s’agit de façonner l’avenir ?

Les mouvements collectifs qui se radicalisent finissent toujours par le terrorisme. Et c’est le terrorisme qui, seul, ouvre les yeux des politiques et met un terme aux faiblesses : Mai 68 a engendré Action directe, l’autonomisme corse a abouti à l’assassinat du préfet Erignac, le salafisme a donné lieu à la plus grande vague d’attentats terroristes de notre histoire française. Tout laisse penser qu’une partie des black blocs, zadistes, antifas sera aspirée par cette logique terroriste. D’autant qu’un terrorisme qui réussit s’appelle une armée de libération nationale. C’est ce que leur apprennent encore aujourd’hui leurs livres d’histoire.

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