L’illibéralisme

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L’« illibéralisme » ou la notion de démocratie illibérale est une construction développée dans les années 1990 par le syndicaliste, sociologue et homme « de gauche » financé par le grand capital, Pierre Rosanvallon. Il plongerait ses racines dans le vieux courant de la droite bonapartiste, sans aucune aménité comme on peut le comprendre.

Pierre Rosanvallon.

Pierre Rosanvallon.

Il s’agirait d’un mouvement assez large, de fronde anti-système assez confus, plutôt autoritaire, à tendance nationaliste, partisan d’un État fortement centralisé et critique de « l’État-de-droit », formule incertaine censée garantir toutes les libertés individuelles… ou en réalité individualistes, ce qui est très différent dans nos nouvelles sociétés post-modernes.

La théorisation négative de l’illibéralisme renaît dans les années 2010 lors de l’arrivée de pouvoirs eurosceptiques en Hongrie et en Pologne. En 2014, Viktor Orban s’approprie l’expression pour définir le pouvoir qu’il incarne. L’illibéralisme devient peu à peu la marque des nouveaux régimes ou mouvements montants en Europe, opposés à l’Union européenne actuelle, anti-immigrationnistes, et défenseurs de leurs identités nationales.

Consciente des dangers de séduction potentielle d’une telle définition des nouvelles « démocraties illibérales », la Grande Presse Officielle va tenter d’imposer le terme de « Populistes », beaucoup plus négatif pour décrédibiliser ces gouvernements ou partis en ascension. D’autres adversaires, universitaires ou intellectuels référents, dénoncent le rejet de l’« État de droit » des illibéraux et les rapprochent des thèses de Poutine sur la « verticale du pouvoir » ou de Carl Schmitt sur la primauté du politique par rapport à l’État de droit et aux droits fondamentaux. D’autres encore tentent de discréditer la formule en l’appliquant à la politique de Trump aux USA… sans grande pertinence sur le fond.

Pour susciter des échanges encore discrets entre intellectuels, l’illibéralisme n’en est pas moins une réalité politique qui forge ses valeurs dans une Europe en recomposition. L’« illibéralisme » affiche sans conteste son rejet du libéralisme tel qu’il est compris dans les démocraties post-modernes, un libéralisme devenu libertarisme avec le triomphe de l’individualisme et l’effacement de l’État et des attributs de sa souveraineté. Il affirme la reconnaissance de valeurs identitaires évacuées par un libéralisme mondialisé valorisant toutes les mixités.

Il s’agit donc principalement d’un illibéralisme politique plus qu’économique, ce qu’on pourrait par ailleurs critiquer ou contester sur ses incertitudes de cohérence et son manque de profondeur de réflexion sur ce point.

Pourtant à son prétendu rejet de l’« État de droit », fondement inviolable des démocraties libérales et gage de ses valeurs, l’illibéralisme lui préfère l’idée d’« État de Justice ». Le droit n’est qu’un principe lorsque la justice est un fait qui concerne les citoyens dans leur vie quotidienne. Qu’est-ce que le droit si la justice n’est plus rendue ?

Appliquer par exemple le « principe de précaution » à la justice, c’est-à-dire protéger les personnes et les biens avant qu’il n’y soit porté atteinte est probablement contraire à l’« État de droit » qui préfère intervenir après que les délits et les crimes ont été commis, au nom du respect des droits individuels… des voyous, mais contre les droits à la sécurité des honnêtes gens (mais les « honnêtes gens », autrement appelés « victimes », n’existent pas dans un État de droit). Ainsi un État de Justice ne serait simplement qu’un État (d’un autre) droit, mais effectivement protecteur.

Mais l’État de Justice, c’est aussi garantir la justice sociale, la justice au travail, la justice du sens commun, celle du « bon et du juste » des Anciens qui assure une réelle équité pour un vivre-ensemble réhabilité.

L’illibéralisme, un nouvel étendard pour demain pour tous ceux qui rêvent d’une démocratie affermie, juste pour les victimes, protectrice des citoyens, fière de son identité culturelle et de ses legs civilisationnels ? Cette démocratie populaire de la justice remplacerait avec bonheur le « populisme » méprisant de ses adversaires acharnés.

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Histoire et formation de la pensée politique, Richard Dessens  (éditions Dualpha).

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2 commentaires

  1. Posté par Jean-Francois Morf le

    Libéral signifie “de gauche” aux USA et “de droite” en Europe, il faut donc éviter ce mot!
    “Illibéral” signifie “de droite” aux USA, et “de gauche” en Europe, il faut donc éviter ce mot!
    “Populiste” signifie “démocratique” et “élitiste” signifie “dictatorial”, mais je peux me tromper.

  2. Posté par miranda le

    “Ainsi un “état de justice” ne serait pas qu’un état (d’un autre) droit MAIS EFFECTIVE-MENT PROTECTEUR”.

    Evidemment, bon nombre de citoyens adhéreraient à cette idée de voir “appliquer le principe de précaution”, protéger les personnes et les biens AVANT qu’il n’y soit porté atteinte, au lieu d’intervenir APRES que les crimes n’aient été commis AU NOM DU RESPECT DES DROITS INDIVIDUELS ……des voyous par exemple”.

    Cela suppose que se développe AUSSI une société de responsabilité et d’honnêteté, deux directions qui demandent que soient faits beaucoup d’efforts dans les milieux éducatifs et dès le plus jeune âge et surtout à l’école. L’école ne doit pas seulement instruire, elle doit aussi éduquer tout en y intéressant les parents. Afin que les parents coopèrent eux aussi, dans le but du retour à une société de justice. LE DROIT NE PEUT PAS TOUT FAIRE.

    Un retour de la “morale” (morale non oppressante – qui reste à définir avec le concours des citoyens) diffusée intelligemment au sein de la société, permettrait alors à la justice de n’avoir que les cas extrêmes à juger et d’intervenir plus rapidement pour les citoyens avant qu’ils ne soient victimes. Car “le mal” existera toujours.

    Mais notre époque chavire vers un totalitarisme “soft” qui aime à diffuser ce désordre “libéral et laxiste”.

    Avant d’accéder à ce type d’état de justice, nous aurons à mener tant et tant de batailles. Car une minorité puissante n’a pas l’intention pour le moment de se voir priver de son pouvoir, pouvoir obtenu grâce à sa puissance financière mais aussi au désordre qu’elle aime semer pour mieux régner.

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