États-Unis : le coup d’État permanent

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par Olivier Bault.

Face aux populistes portés au pouvoir par les électeurs, les élites éclairées. En France, ces élites éclairées ont livré la présidence à Emmanuel Macron. En Pologne et en Hongrie, elles mènent la contre-offensive depuis Bruxelles. En Italie, ce sont des juges et des procureurs militants qui cherchent à stopper Salvini. Aux Etats-Unis, les résistances sont également nombreuses mais il y a notamment, semble-t-il, des gens au sein de l’administration présidentielle qui forment une sorte de présidence parallèle, qui s’efforcent « de faire ce qui est juste même quand Donald Trump ne le veut pas ».

C’est en tout cas ce que prétend un anonyme auquel le très anti-Trump New York Times a ouvert ses colonnes la semaine dernière. Le NYT assure connaître son identité mais protéger son anonymat pour lui éviter de perdre son poste. Il prétend en effet faire partie d’un groupe de hauts fonctionnaires, au sein de l’administration présidentielle, qui font tout ce qu’ils peuvent pour bloquer une partie du programme présidentiel, sur lequel les électeurs s’étaient pourtant prononcés en novembre 2016.

« Je fais partie de la résistance à l’intérieur de l’administration Trump », se vante-t-il dans le titre, avant de dénoncer le comportement instable et immoral du président. « Le plus gros problème, ce n’est pas ce que M. Trump a fait à cette présidence mais plutôt ce que nous, en tant que nation, lui avons permis de faire. » En d’autres termes, l’auteur de cet éditorial, s’il est vraiment ce que lui-même et le NYT prétendent qu’il est, n’est pas d’accord avec le résultat des dernières élections présidentielles.

De curieuses « cellules dormantes »

Le Washington Post, lui aussi très anti-Trump, s’est rapidement enthousiasmé pour ces « cellules dormantes » qui se seraient « réveillées ». Ces derniers temps, on avait plutôt pris l’habitude d’entendre parler de cellules dormantes dans un contexte de terrorisme, mais pour parler d’un coup d’Etat rampant, pourquoi pas ? Plusieurs collaborateurs du président, parmi lesquels le vice-président Mike Pence et le secrétaire d’État Mike Pompeo, ont dû démentir être les auteurs du texte car les spéculations médiatiques vont bon train.

« Coup d’Etat » est le terme employé par l’ancien conseiller spécial de Trump, Steve Bannon, dans une interview publiée dimanche par l’agence Reuters. « C’est très grave », a-t-il affirmé, « c’est une attaque directe contre les institutions ». Pour Bannon, le dernier président a avoir été confronté à une telle situation était le président Lincoln pendant la Guerre de Sécession, quand le général McClellan, nommé à la tête des armées de l’Union, refusait d’obéir au président élu qu’il méprisait. McClellan fut limogé avant de perdre les élections contre ce même Lincoln en tant que candidat du Parti démocrate. C’est aussi ce qui pourrait arriver à la taupe du NYT.

Un sondage national publié lundi montre que 55 % des Américains croient ce qu’a écrit ce haut fonctionnaire anonyme dans le NYT, mais que 51 % désapprouvent son initiative (contre 38 % qui l’approuvent). La cote de popularité du président ne semble pas avoir été affectée de manière significative par ce manifeste de la « résistance » au sein de son administration. Une « résistance » qui se réclame du Parti républicain et qui représente clairement l’aile mondialiste, immigrationniste et anti-démocratique de ce parti. Ce pourrait être l’occasion pour Trump et la vraie droite de faire un peu le ménage autour d’eux.

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