Trump au Congrès : « Financez le mur ou je bloque l’Etat »

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De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. Un coup de gueule présidentiel. Un vrai coup de gueule comme Donald Trump en a déjà offert au monde politique américain lorsque les choses traînent en longueur, lorsque la mauvaise volonté de ses adversaires devient évidente, lorsqu’il étouffe de frustration alors qu’il y a encore tant à faire dans ce pays. Cette fois-ci, c’est pour l’immigration qu’il explose. L’immigration : le problème numéro un, la promesse-phare, le dossier brûlant. L’obsession de tous les instants avec ses trois exigences : verrouiller le périmètre défensif des Etats-Unis, renforcer les immunités naturelles de la nation, structurer le légalisme filtreur des étrangers. Tout un mécanisme à mettre en place. Tout un dispositif à rôder avec ses innovations et ses principes.

Pour cela, Trump a besoin d’un vote du Congrès. Il lui demande 25 milliards de dollars et un minimum de coopération. Or, le Congrès tergiverse, renâcle, traîne les pieds. Il donne l’impression de vouloir exhiber des coquetteries de pouvoir législatif face à l’impatience bouillonnante d’un pouvoir exécutif meurtri dans ses objectifs. Alors Trump, qui déjà fulminait, s’est vu obligé d’entrer brutalement dans le domaine risqué du bras de fer. Il menace en jouant la carte du pourrissement. Tant pis : ça passe ou ça casse.

Guerre des nerfs

Bien dans le style de l’iconoclaste marchand de béton : amener l’adversaire aux limites extrêmes des pressions institutionnelles et lui faire comprendre qu’avec un saut dans l’abîme, il a plus à perdre qu’à gagner. A ce petit jeu qui fait penser à une guerre des nerfs, Trump a, dans le passé, obtenu quelques beaux succès. D’ailleurs, la mise en place d’un protectionnisme américain n’appartient-elle pas à cette catégorie d’affrontement où, à chaque instant, l’audace côtoie la peur et s’en nourrit ? Donc, Trump menace en tançant le Congrès : si vous n’injectez pas dans les rouages gouvernementaux une panoplie législative me permettant de rendre efficace la lutte contre l’invasion et le Grand Remplacement, je bloque l’appareil de l’Etat, je paralyse son bras bureaucratique et je taris la source de tout financement. Plus d’argent, donc plus de crédit. Les caisses étant fermées, plus de salaires. Plus de salaires, donc plus de fonctionnaires. Les milliers de guichets de l’Etat se retrouveraient désertés par les représentants d’une puissance souveraine et momentanément absente. Le cas s’est déjà produit dans le passé. Cela dura quelques jours. De quoi permettre à chaque camp de compter ses cartes et de mesurer l’aventurisme.

Dans cette aventure, Trump dispose de quelques cartes non négligeables. Deux Américains sur trois souhaitent une réforme radicale de la politique d’immigration et soutiennent la Maison Blanche depuis le changement de régime. Cette affaire, dans la perspective d’élections législatives qui auront lieu dans trois mois, augmente la fragilité des élus dont le siège est remis aux voix. Enfin, le Congrès, ses membres, ce qu’ils font et surtout ce qu’ils ne font pas, ne recueillent l’adhésion que de deux Américains sur dix. Trump mise sur cet antiparlementarisme qui devient chronique, sur sa popularité qui semble incontournable et sur la lâcheté des élus qui reste proverbiale.

Pour obtenir quoi ? La construction d’un mur le long de la frontière sud. La suppression des visas offerts par loterie qui naturalisent d’un trait de plume 50 000 étrangers par an. Une voie vers la citoyenneté pour les enfants d’immigrés illégaux. Enfin, l’arrestation et la déportation immédiate pour les violeurs de frontière. Un minimum pour l’Amérique si elle veut endiguer les flots du tiers-monde. Un minimum que les démocrates subversifs rejettent comme une marque de racisme et que la droite molle, selon son habitude, considère avec suspicion.

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Un commentaire

  1. Posté par Pie VII le

    Les Mexicains, eux aussi, souhaitent que l’on sécurise la frontière, car ils en ont marre de l’intrusion de toute la pègre américaine, qui vient profiter du chaos général et trafiquent allègrement dans tous les domaines. Cela a été affirmé tout récemment par le président mexicain.

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