Il est libre, Farouk. Condamné à quatre ans de prison mais libre tant que sa peine, qui peut être frappée d’appel, ne sera pas mise à exécution ni définitive. Et pourtant…
Farouk Ben Abbes, belgo-tunisien de 32 ans, ex-assigné à Toulouse en 2015 et qui continuait de percevoir le RSA, avait pourtant été reconnu coupable du délit d’association de malfaiteurs terroristes, tout comme trois hommes âgés de 32 à 35 ans, comme lui administrateur du site (aujourd’hui fermé) djihadiste francophone Ansar Al-Haqq – « Les partisans de la vérité » – qui appelait au djihad à la fin des années 2000, époque où le djihad armé se menait notamment en Afghanistan et au Pakistan. Un site qui « incitait » au djihad, avec « une vocation de recrutement » pour le combat armé « dans la lignée de ce qu’Al-Qaïda recherchait, mener le “djihad médiatique” », selon le tribunal correctionnel de Paris.
Site du genre cyber-djihadisme affichant son soutien aux « moudjahidines » et appelant les musulmans à soutenir « le combat contre les mécréants », abreuvé quotidiennement en communiqués, revendications, traductions et autres informations pratiques pour candidats au djihad, le tout accompagné du slogan « Le djihad médiatique est la moitié du combat », Ansar Al-Haqq était « un outil mis à la disposition d’organisations terroristes pour recruter, voire pour communiquer », avait estimé le procureur. De quoi envoyer derrière les barreaux – tout comme la fondatrice du forum, la Française Marion Tailleumier, condamnée l’an dernier à six ans de prison – Farouk Ben Abbes, par ailleurs considéré comme un proche du djihadiste toulousain Fabien Clain, mêlé aux attentats de Paris.
Jusqu’à présent, le prévenu avait nié tout recrutement pour le djihad et assuré, comme ses coprévenus, n’avoir diffusé cette propagande que pour « informer ». Explication qualifiée de « véritable tartufferie » par le procureur qui, vendredi lors du procès, avait réclamé une peine de six ans de prison assortis d’une incarcération immédiate et d’une interdiction définitive du territoire français. A noter que les deux autres comparses, Nordine Z. et David R. ont été condamnés à respectivement quatre et trois ans de prison.
Pour les avocats de la défense, il n’y avait dans tout ça aucun élément « matériel » pour étayer des poursuites pour association de malfaiteurs terroriste. Par ailleurs, dénonçant une justice rendue trop tard dans un contexte de sécurité accrue face aux récents attentats terroristes islamistes, ils avaient plaidé la relaxe de leur client.
Vendredi, au terme du procès, Farouk Ben Abbes, figure de l’islam radical qui comparaissait libre, a toutefois été reconnu coupable d’association de malfaiteurs terroriste et condamné à quatre ans de prison ferme… avant de repartir, incroyable mais vrai, libre du tribunal. Il sera convoqué ultérieurement pour purger ces quatre ans en prison, est-il précisé. Ses avocats disposent de dix jours pour faire appel. Décidément, la France est devenue le pays où la justice passe… mais à côté. Sauf lorsqu’il s’agit d’abattre le Rassemblement national.
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Toujours ce blanc-seing qu’on leur délivre servilement.