Allemagne : crise entre Merkel et son ministre de l’Intérieur qui partagerait « une pleine harmonie de vues » avec Matteo Salvini sur la politique de sécurité et d’immigration

Angela Merkel a affronté mardi de fortes turbulences au sein de son gouvernement sur l'accueil des réfugiés, qui risquent de fragiliser encore son projet de système d'asile européen contesté par bien des membres de l'UE.

Le sujet est politiquement très sensible en Allemagne depuis que la chancelière a ouvert en 2015 et en 2016 les frontières à plus d'un million de migrants, et lui vaut régulièrement les critiques de son propre camp, qui l'accuse de laxisme.

Depuis lundi, sa fragile coalition gouvernementale associant son parti chrétien-démocrate (CDU), son allié bavarois très conservateur (CSU) et les sociaux-démocrates (SPD) connait une poussée de fièvre: la chancelière s'oppose à une réforme de son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer (CSU) visant à restreindre l'accueil des migrants.

Plutôt que de céder, le ministre, qui n'a cessé depuis plus de deux ans de dénoncer l'arrivée des réfugiés, a reporté sine die la présentation prévue mardi de son plan qui incluait le refoulement à la frontière de tout demandeur d'asile ne disposant pas de papiers. Une mesure que la chancelière considère comme une infraction au droit et aux principes européens.

- Pas de "mauvais compromis" -

En retour, M. Seehofer a annulé sa participation à une réunion sur l'intégration des migrants présidée mercredi par Mme Merkel.

Les deux responsables ont toutefois déclaré lors d'une réunion de députés conservateurs vouloir négocier "dans les prochains jours" pour sortir de l'impasse.

Mais M. Seehofer affirme qu'il n'acceptera pas de "mauvais compromis" sur cette question et cherche des alliés en Europe pour faire monter la pression sur la chancelière.

Il a ainsi eu mardi un entretien téléphonique avec son homologue italien, Matteo Salvini, le dirigeant de La Ligue (extrême droite), qui a mis en évidence "une pleine harmonie de vues" entre les deux hommes sur la sécurité et l'immigration, selon un communiqué du ministère italien de l'Intérieur.

Et M. Seehofer a semblé recevoir le soutien du chancelier autrichien Sebastian Kurz, un conservateur allié à l'extrême droite, qui a assuré lors d'une conférence de presse avec Mme Merkel que l'objectif de l'Autriche était "de stopper le flux de migration illégale vers l'Europe".

"Nous devons décider de qui peut venir en Europe, et non pas les passeurs", a martelé M. Kurz.

- Sommet européen -

Cette dispute publique intervient alors que la chancelière tente de négocier en vue du sommet européen du 29 juin une politique d'asile commune à toute l'UE et un partage du fardeau migratoire.

Mais elle fait face à des vents de plus en plus contraires venus de Pologne, de Hongrie ou de République tchèque. Et désormais aussi d'Italie, où un gouvernement réunissant populistes et extrême droite est depuis peu aux affaires.

Elle a promis dimanche de "jeter toutes (ses) forces" dans la bataille.

L'idée d'un refoulement à la frontière des migrants proposée par M. Seehofer fait craindre à la chancelière un effet domino dans l'Union européenne: que chaque pays fasse porter au voisin la charge de l'accueil des demandeurs d'asile.

"Il m'importe que l'Europe décide ensemble et non d'agir unilatéralement", a-t-elle réaffirmé mardi soir.

Elle paraît toutefois assez isolée sur la question dans son propre camp conservateur, échaudé par l'essor de l'extrême droite qui a obtenu un score historique aux législatives de septembre en capitalisant sur les inquiétudes générées par l'arrivée des migrants.

Membre de la CDU de Mme Merkel, le patron de l'Etat régional de Saxe, Michael Kretschmer, a approuvé mardi les mesures préconisées par le ministre de l'Intérieur. "Bien sûr qu'ils doivent être repoussés à la frontière, c'est pour cela qu'on a une police aux frontières", a-t-il estimé.

"On ne cèdera pas!", a aussi prévenu le secrétaire général de la CSU, Markus Blume.

Le climat général dans l'opinion est en outre exacerbé par un sordide fait divers, le viol et l'assassinat d'une adolescente par un jeune demandeur d'asile irakien débouté mais qui n'avait pas encore été expulsé. Il était arrivé en octobre 2015 lors du pic de l'afflux des demandeurs d'asile dans le pays.

Source

Un commentaire

  1. Posté par Antoine le

    Je cite Mme Merkel la bolchévik : “Il m’importe que l’Europe décide ensemble et non d’agir unilatéralement”, a-t-elle réaffirmé mardi soir.”
    – A-t-elle consulté l’Europe AVANT d’ouvrir unilatéralement les frontières de l’Allemagne en 2015 à plus d’un million de migrants/immigrés ? Non bien sûr, maintenant que le mal est fait, il faudrait en discuter ensemble … c’est LAMENTABLE !! Elle est à déboulonner de suite.
    Peuple allemand réveille-toi !

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.