Comment l’UE détruit par endroits tout un pan de l’industrie par sa planification soviétique

Comment l’Union européenne détruit l’industrie du sucre dans certains pays.

Exemples de la Hongrie, jadis exportatrice, et de la Suisse, jadis autosuffisante en sucre.

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HONGRIE

https://mfor.hu/cikkek/vallalatok/Az_unios_penzek_okozhattak_a_magyar_cukorgyarak_vesztet.html

29.08.2011

Traduction Cenator

L’appât du gain a probablement causé la perte des sucreries hongroises

Il y a une vingtaine d’années, 12 sucreries étaient exploitées en Hongrie. Aujourd'hui il n’en reste plus qu’une, celle de Kaposvár. Le gouvernement a décidé d'enquêter sur le processus de privatisation et la destruction de la production nationale de sucre.

Après la chute du communisme en Hongrie, en 1990, la superficie consacrée à la betterave à sucre était de 131 000 hectares, produisant près de 600 000 tonnes de sucre par an. Malgré les changements plus ou moins importants dans la région, des signes de déclin marqué n’ont pas été observés avant 1996, qui a vu une diminution des 124 000 hectares à 118 000 en une année, et un an plus tard seulement 98 000. La baisse la plus importante a eu lieu entre 2008, où les 10 000 mille hectares restants n’étaient plus que les 24 % de l'année précédente (41 000 ha).

Les ventes intérieures de sucre cette année [2011] ont été seulement les deux tiers de l'année précédente, tandis que les exportations ont augmenté de 30%. En 2009, où seule l’usine de Kaposvár fonctionnait encore, le volume des ventes a continué de baisser : les ventes intérieures ont chuté de près de la moitié et les exportations n’étaient plus que 74% de l'année précédente.

[…]

Deuxième effet: la réforme sucrière de l’UE

Après 1997, il y a eu presque une fermeture d'usine par année, au nom de la « rationalisation ».

Le 1er juillet 2006, le régime du sucre de l'UE est entré en vigueur, qui promettait un secteur beaucoup plus rentable qu'auparavant. Dans ce cadre, nous avons dû descendre le quota national de 400 000 tonnes de trois quarts (laissant donc un peu plus de 100 000 tonnes), ce qui a conduit à de nouvelles fermetures d’usines.

Cette fois, cependant, les propriétaires des usines étaient également intéressés, car l’Union européenne payait pour l'usine qui voulait réduire sa production. Les entreprises participant au programme dans les deux premières années ont touché de 730 euros par tonne, puis 625 euros la troisième année et 520 euros la quatrième.

Bien sûr, après la cessation de son activité, l'usine devenait également impropre à la transformation ultérieure du sucre et n’était plus bonne qu’à la démolition.

De l’argent touché par les usines, une partie revenait aux producteurs de betterave, auxquels l'Union allouait en outre des contributions directes pour leur reconversion à une autre culture.

Les producteurs ont reçu enviorn 66 000 forints par tonne, auxquels s’ajoutait une compensation de 64,2% de la baisse de revenu due à la baisse du prix du sucre décidée par l’UE.

Selon les informations disponibles, le propriétaire de la sucrerie de Kaba a reçu une compensation de 23 milliards de forints lorsqu’il a fermé son usine fin 2007 et renoncé au reste de son quota, qui était de 109 000 tonnes, en faveur de l'Union Européen.
Finalement, l'usine de Szerencs  a été fermée au printemps 2008. Le gouvernement a bien tenté d'empêcher cette fermeture par une offre faite aux producteurs afin qu’ils poursuivent la culture des betteraves, mais le montant offert par l'UE pour l’abandon de la production était supérieur, et c’est ce que les agriculteurs ont choisi.

Ce n’est pas seulement l'agriculture qui a perdu

La fermeture des usines n’a pas seulement ruiné tout un secteur de l’agriculture nationale, avec pour conséquence que les deux tiers de nos besoins ne peuvent plus être couverts que par les importations. Les autorités locales et la population ont aussi été mis dans des situations difficiles par ces changements imposés. Par exemple, avec la fermeture de l’usine de Szerencs (qui représentait 111 emplois directs), c’est au total 300 à 400 personnes qui se sont retrouvés sans travail, et 200 après la fermeture de l’usine de Kaba. Du même coup, les régions concernées ont perdu près de 700 millions de forints de rentrées fiscales suite à la fermeture de ce qui était les deux plus grandes sucreries du pays.

Székely Sarolta

mfor.hu

 

Notes de Cenator :

Les aides financières de l'UE pour arrêter la production de sucre étaient très supérieures à ce que le gouvernement hongrois aux abois et endetté pouvait offrir.

Il fallait même détruire les usines pour toucher les subsides de l’UE :

Még a gyárépületeket is le kellett rombolni - PestiSrácok (13.02.2018) !

Les Hongrois discutent de ces fermetures et d'autres situations semblables. Ils se demandent si c'est de la faute d'Orban ou de l'UE.

 

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SUISSE

https://www.tdg.ch/suisse/ny-peutetre-sucre-suisse/story/20979640

23/24.02.2018

«Si rien n’est fait, il n’y aura peut-être plus de sucre suisse»

La concurrence européenne fait souffrir l’industrie sucrière helvétique. Les producteurs de betteraves sont sous pression. L’un d’entre eux témoigne.

Tribune de Genève : Benjamin Keller

extraits :

[...] «La betterave n’est pas rétribuée correctement», déplore l’agriculteur dans sa ferme de Penthalaz, dans le Gros-de-Vaud. C’est peu dire que la plante fait partie du paysage local: le canton de Vaud assure à lui seul 25% de la production nationale. Pierre-Alain Épars dépose un gros classeur sur la table du salon et en sort une feuille sur laquelle figure un tableau montrant l’effondrement des prix payés aux producteurs. En 2005, la rémunération de base était de 102 francs la tonne de betteraves. En 2018, elle n’est plus que de 39 francs. Et ce n’est pas fini. La situation s’est aggravée depuis l’automne dernier, lorsque l’Union européenne a fait sauter ses quotas de production.

«Pas supportable»

«Nos voisins ont augmenté leur production de 20% et ont 3 millions de tonnes de sucre en trop à exporter», s’alarme l’exploitant. Or, les tarifs douaniers d’importation de la Suisse ne compensent pas la différence de prix entre le sucre helvétique et européen. La taxe est de 50 francs la tonne et le sucre se monnaie à 400 francs la tonne sur les marchés internationaux. «Nous ne parvenons pas à produire du sucre à moins de 450 francs la tonne. En dessous de 550 voire 500 francs, ce n’est pas viable. Il est donc plus intéressant pour une entreprise basée en Suisse d’importer du sucre plutôt que d’en acheter localement. Ce n’est pas supportable.» Ces chiffres abstraits ont un impact bien réel. L’an dernier, 500 agriculteurs suisses ont abandonné la betterave pour se tourner vers autre chose. Les surfaces cultivées sont passées de 21'000 hectares à moins de 19'000 en deux ans. «Le problème, c’est que plus la production de betteraves diminue, moins les usines sont rentables. Pour pallier cela, les sucreries importent de la betterave d’Allemagne et d’Autriche.» Les producteurs alémaniques sont les plus touchés. «Dans notre région, nous avons la chance d’avoir des betteraves au taux de sucre élevé, ce qui nous permet d’obtenir des bonus à la vente.»

Rationalisation

Face à cette situation, les paysans, comme le reste de l’industrie, redoublent d’efforts pour garder la tête hors de l’eau. Rationalisation et économies sont les maîtres mots. [...]

Une autre épée de Damoclès pèse sur la betterave: le mouvement antipesticides. [...] «Je ne sors pas mon pulvérisateur par plaisir. Mais la betterave est une culture très sensible aux mauvaises herbes et la seule alternative aux herbicides est de les enlever à la main. La main-d’œuvre bon marché, en Suisse, ce n’est pas évident à trouver.»

L’agriculteur, qui travaille 60 heures par semaine, ne se sent pas écouté par Berne. [...]  Derrière, le Conseil fédéral a déclaré qu’il fallait ouvrir les frontières et libéraliser davantage. C’est un coup de couteau dans le dos. Je ne suis pas contre l’industrie agroalimentaire. Mais si on veut absolument la favoriser et abolir la production de sucre suisse, il faut le dire clairement. Peut-être qu’on y arrivera.»

 

En chiffres

50% 
La baisse du prix de vente du sucre en Suisse au cours des dernières années, selon Guido Stäger, directeur de Sucre Suisse SA, qui exploite les deux raffineries sucrières d’Aarberg (BE) et de Frauenfeld (TG) et emploie 240 collaborateurs.

5000 
Le nombre de producteurs de betteraves sucrières en Suisse.

85% La proportion du sucre suisse qui part dans l’agroalimentaire.

1,6 
En million de tonnes, le volume de betteraves produites par an en Suisse, l’équivalent de 266 000 tonnes de sucre.

55% 
Le taux d’auto approvisionnement de la Suisse en sucre.

 

Action politique réclamée

La filière suisse du sucre est menacée par les quantités excédentaires de sucre européen qui inondent le marché helvétique à des prix très bas. Tel est le constat de l’Union suisse des paysans (USP), de Sucre Suisse SA et de la Fédération suisse des betteraviers qui ont uni leur voix vendredi à Berne pour alerter les autorités. «Nous ne nous battons plus à armes égales et l’économie sucrière suisse est soumise à une pression massive autant au niveau des prix que de l’importation», résume le président de l’USP, Markus Ritter. Les prix avaient déjà fortement baissé avant la suppression des quotas. Mais depuis octobre 2017 ils se sont littéralement effondrés. 
[...]

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