Tribune libre de Cora Stephan dans la Neue Zürcher Zeitung du 19 août 2017.
Le pays traverse sa plus grave crise de l’après-guerre, mais il règne un silence sépulcral. Ceux qui osent appeler les problèmes par leur nom sont vite étiquetés d’[extrême] droite.
Certes, les intellectuels s’expriment encore, mais plutôt dans des blogs. Cependant, Maxim Biller, qui n’est pas de gauche, et Wolfgang Streeck, qui n’est pas stupide, ont récemment élevé la voix, dans Die Zeit et dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, pour déplorer qu’au lieu d’examiner sobrement la situation et de peser les opinions, on moralise et on met des tabous.
La crise migratoire remet en question tout ce qui semblait assuré depuis des lustres. Schengen ? Anéanti, comme pas mal d’autres traités. Souveraineté, au sens qu’un Etat doit pouvoir déterminer qui sont ses citoyens ? Finie : personne ne sait au juste qui est venu, pourquoi et où il est passé. Oui, « il », car ce sont surtout de jeunes hommes. Et souvent pas Syriens ni capables de s’intégrer dans un pays industrialisé. Sans parler des différences culturelles : leur relation à la violence, aux femmes, à l’éthique du travail, au respect de la loi. On se rend compte maintenant que l’entretien des migrants, sur les prochaines décennies, pourrait coûter des milliards d’euros.
Au moins, on a maintenant le droit de dire que les frontières ouvertes attirent aussi des gens pour qui l’islam est une invitation au terrorisme. Cela n’aurait-il pas pu être prévu ? Oui, mais les gens qui, passé l’euphorie, ont fini par mettre de l’eau dans leur vin, ne risquent pas d’être félicités pour leur clairvoyance tardive. Les voix critiques sont d’avance placées dans une marge dont, en Allemagne, il est impossible de s’échapper : la droite.
Traduction libre et partielle : Cenator pour LesObservateurs.ch
Suite : en allemand Neue Zürcher Zeitung, en trad. anglaise Gates of Vienna
Effectivement. Sauf que la droite allemande CDU / Merkel est la première à jouer à cela, et les Allemands suivent comme les enfants d’Holderlin
C’est vrai qu’il y a ça et là quelques voix discordantes parmi le flot ininterrompu de bien-pensance dans lequel baigne l’immense majorité. Il semblerait que le train-train quotidien soit suffisant pour maintenir les foules dans l’illusion. On en vient à souhaiter des évènements encore bien plus graves pour réveiller les peuples et les décider à utiliser des moyens autres que la démocratie pour enfin songer à se défendre.