D. Burkhalter, démissionnaire du Gouvernement: “Presque imperceptiblement, il a atterri au ‎Conseil fédéral “, Edito de R. Koeppel, Die Welwtwoche

Éditorial

Presque imperceptiblement, il a atterri au ‎Conseil fédéral

Que se cache-t-il derrière la démission précipitée du ministre des Affaires étrangères? Qu'en est-il de la séance sur l'UE du Conseil fédéral? De la folie: Suisses et requérants d'asile déboutés mis sur un pied d'égalité. Bonne stratégie de Brexit des Britanniques. Spirale de violence contre Trump.

Les thèmes de la semaine par Roger Köppel


  • Roger Köppel

Le conseiller fédéral Didier Burkhalter, 57 ans, dans la fleur de l'âge, orateur adepte des périodes longues, toujours comme il faut, mais un peu amer sur la fin et l’air offensé à l’envi, démissionne, ou plus exactement se défile, s'enfuit avant que son entreprise la plus importante soit conclue, et se retire démoralisé dans une retraite de luxe aux frais de l'État, ce que beaucoup lui accordent volontiers.

Burkhalter n'est pas parti parce qu'il sentait une résistance politique. Il s'en est allé parce qu'à la longue il était trop sensible, trop fragile pour la politique. Cet homme susceptible n'encaissait souvent la contradiction que quand il la formulait lui-même. Presque imperceptiblement, le Neuchâtelois a atterri du Conseil national au Conseil fédéral, en transitant par le Conseil des États. Pas de collision, pas de combat, pas de défaites sévères.

Un nuage de chaleur bienveillant l'a porté au sommet.Les mouvements de fuite caractérisent sa carrière: après seulement deux ans, il quitte le champ de mines de la politique intérieure pour se réaliser dans la stratosphère glamour des Affaires étrangères. Mais il est bientôt rattrapé par le feu croisé des affaires intérieures. Son plan a toujours été de subordonner la Suisse au droit européen et aux juges européens par le biais d'un «accord-cadre». Les différences de Burkhalter avec le Conseil fédéral étaient d'ordre tactique, pas stratégique. Il appuyait sur l'accélérateur, ses collègues le freinaient. Cela lui est devenu pénible.

Qu'en reste-t-il? Une politique européenne à moitié achevée qui conduit au rattachement institutionnel, à l'encadrement; une augmentation des dépenses pour l'aide au développement; une bonne année en tant que représentant de la neutralité suisse dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine; une diplomatie qui a officiellement renoncé au concept d'«intérêts nationaux». Si le PLR est avisé, il proposera à sa succession un candidat opposé à l'encadrement. Il pourrait contester la marque distinctive de l'UDC.

Le leurre de la «consolidation»

L'espoir que le mal-aimé accord-cadre avec l'UE sombre dans le lac de Neuchâtel avec le départ de Burkhalter est prématuré. Le Conseil fédéral joue la montre. Cela s'est vu clairement vendredi dernier. Le gouvernement s'est réuni, mais sans prendre de décisions importantes. Il n'en demeure pas moins que la majorité au Conseil fédéral est favorable à un cadre avec l'UE. Elle veut une «solution institutionnelle» de nos relations.

«Solution institutionnelle» signifie que l'on cherche un mécanisme qui intègre la Suisse dans le développement juridique dynamique de l'UE. Bruxelles veut qu'à l'avenir la Suisse reprenne automatiquement le droit communautaire. En cas de litiges, la Cour de justice de l'Union européenne tranchera. Si la Suisse refuse d'obéir au diktat, elle pourra être sanctionnée. Le Conseil fédéral accepte dans une large mesure ces contraintes. Le point encore en suspens porte sur la dureté des sanctions et sur l'autorité qui les prononcera en dernière instance.

Officiellement, le PDC et le PLR s'opposent à ce cadre. Ils affirment que l'accord est une chimère paranoïaque de l'UDC. Néanmoins, les deux partis ont voté en bloc, la semaine dernière, contre une proposition de l'UDC qui visait à interdire l'accord-cadre et le rattachement à l'UE. Le président du PDC, Gerhard Pfister, soi-disant opposé au rattachement, a voté contre. Il en va de même d'Ignazio Cassis, l'espoir du PLR, dont nous n'avons pas entendu de prises de position radicales à propos de l'Europe.

L'accord-cadre n'est pas mort. Il sera seulement présenté dans un autre emballage, avec de nouvelles couleurs. Depuis quelques semaines, le concept d'«accord de consolidation» hante les couloirs de Berne. Cela fait sympa, moins étouffant. Qui peut-être contre le fait de «consolider» qui, d'après le dictionnaire, signifie «stabiliser, renforcer»? Le chef du groupe parlementaire PS, Roger Nordmann, a eu très souvent recours à ce nouveau vocable lors de la dernière bonne émission «Arena». Initialement, la formule provient du Département des Affaires Étrangères de Didier Burkhalter.

C'est un leurre. L'accord-cadre rebaptisé ne «consolide» pas les relations bilatérales entre la Suisse et l'UE, il les détruirait. «Bilatéral» signifie des deux côtés, égal en droits. «Accord-cadre» signifie que la Suisse doit s'incliner devant le droit européen et les juges européens. Une relation contractuelle de même niveau se transformerait en allégeance. Les personnes favorables à la voie bilatérale devraient combattre l'accord-cadre, qui est un accord de non-consolidation.

«Priorité des nationaux» pour de pseudo-requérants d'asile

Cette information a failli passer inaperçue dans le vacarme autour de la succession de Burkhalter, or elle est explosive. Elle illustre à mes yeux la mentalité fâcheuse d'ouverture des frontières et de bienvenue au sein de notre Département de la justice, dirigé par la conseillère fédérale Sommaruga comme une œuvre caritative.

La semaine dernière, le Conseil fédéral a dévoilé les grandes lignes de la nouvelle loi sur les étrangers dans le sillage de l'initiative contre l'immigration de masse. Vous vous souvenez que le Parlement a refusé la mise en œuvre littérale de l'article constitutionnel avec ses quotas annuels et ses plafonds. En lieu et place, il a été convenu, contre la volonté de l'UDC, d'une mise en œuvre souple et euro-compatible, qui vise à intégrer plus rapidement les chômeurs nationaux dans le marché du travail. Les entreprises seront tenues de déclarer les postes vacants aux offices du travail. Ceux-ci leur enverront ensuite quelques dossiers que les entreprises peuvent, mais ne sont pas obligées d'examiner.

Ils appellent cette mesure à Berne «préférence nationale light», bien que les nationaux n'aient pas la priorité, car les citoyens de l'UE – comme l'UE le souhaite et comme Berne a obtempéré – vont être mis sur un pied d'égalité en matière de recherche d'emploi. Ce qui à l'origine devait être un outil permettant d'endiguer l'immigration s'avère être un article d'ouverture des portes. Cette loi n'offre aucun moyen légal de donner la préférence aux chômeurs suisses ou aux nationaux sur le marché du travail. La «préférence nationale light» est un leurre.

Et maintenant, le Conseil fédéral va encore plus loin. Selon l'annonce faite vendredi, il n'y aurait pas que les Européens en quête d'emploi qui pourraient postuler aux postes vacants des offices du travail suisses. Il veut aussi accorder ce droit à tous les demandeurs d'asile déboutés, autrement dit, temporairement admis. Tous les immigrants illégaux arrivés en Suisse sans droit à l'asile, mais qui pour des raisons quelconques ne peuvent ou ne veulent pas être rapatriés, auront les mêmes droits en matière de recherche d’emploi que les Suisses, grâce à la nouvelle loi. Sommaruga et ses collègues du Conseil fédéral ne se contentent pas de mettre gratuitement à la disposition des migrants illégaux des avocats, mais leur réservent également un traitement préférentiel sur le marché du travail. Est-ce intelligent? Ou stupide? Le Conseil fédéral espère obtenir ainsi une meilleure intégration. Question en retour: pourquoi devrions-nous intégrer des personnes qui n'ont pas le droit d'être ici?

Sortie de May du marché intérieur de l'UE...

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8 commentaires

  1. Posté par leone le

    Faudra-t-il à l’avenir se déguiser pour faire partie des exécutifs en Suisse?
    Burkhalter socialiste déguisé en PLR
    Amarelle extrême gauche déguisée en socialiste
    ou suffira-t-il de s’asseoir sur les décisions sorties des urnes?

  2. Posté par LAMBERT le

    DB a voulu mettre le feu à la Suisse mais y a pas le feu au lac ni à celui de Genève, ni à celui de Neuchâtel ni aux autres lacs suisses puisque DB à renoncé. Moi lyonnaise je serai à Neuchâtel pour le feu d’artifices sur le lac la nuit du 1er août, n’en déplaise à l’UE ou à DB car l’indépendance de la Suisse reste un combat à mener contre la pieuvre UE.

  3. Posté par kandel le

    23.06.2017 Roger Köppel : […] « Le conseiller fédéral Didier Burkhalter, 57 ans, dans la fleur de l’âge, orateur adepte des périodes longues, toujours comme il faut, mais un peu amer sur la fin et l’air offensé à l’envi, démissionne, ou plus exactement se défile, s’enfuit avant que son entreprise la plus importante soit conclue, et se retire démoralisé dans une retraite de luxe aux frais de l’État, ce que beaucoup lui accordent volontiers.
    Burkhalter n’est pas parti parce qu’il sentait une résistance politique. Il s’en est allé parce qu’à la longue il était trop sensible, trop fragile pour la politique. Cet homme susceptible n’encaissait souvent la contradiction que quand il la formulait lui-même. Presque imperceptiblement, le Neuchâtelois a atterri du Conseil national au Conseil fédéral, en transitant par le Conseil des États. Pas de collision, pas de combat, pas de défaites sévères. » […]

  4. Posté par kandel le

    Didier Burkhalter (DB), Études universitaires en économie politique à l’Université de Neuchâtel.

    15.6.2017 A l’UDC, le conseiller national Yves Nidegger (UDC/GE) se montre très sévère sur le bilan européen de Didier Burkhalter : « Il a joué le rôle d’une speakerine météo. Il s’est contenté d’annoncer le temps qu’il fait. »

    15.6.2017 […] le conseiller national Roger Köepel (UDC/GE), ne le (DB) regrettera pas. « C’est un personne agréable avec laquelle il est intéressant de discuter. Mais, avec l’accord institutionnel et les juges étrangers, il a fait tout faux sur le dossier européen. Il représente l’homme qui veut l’adhésion insidieuse à l’UE. J’espère que le PLR lui trouvera un successeur qui se positionne du côté de la Suisse et pas de l’Union européenne. »

    15.6.2017 Judith Mayencourt à propos de DB : « Fini les petits fours et les tapis rouge, l’heure est au repli. […] Avec la nouvelle majorité de droite qui sort des urnes en 2015, Didier Burkhalter voit son champ politique se restreindre jusqu’à la disparition. Au lieu d’essuyer un revers humiliant, Didier Burkhalter s’efface. Il démissionne. Le plus terrible, c’est qu’on croyait qu’il l’avait déjà fait ! »

    15.6.2017 Yves Nidegger à propos de DB : « C’est un vrai gentleman, ouvert, agréable, un homme subtil et qui sait enrober les choses, et très certainement un type honnête. Il est même très glamour sur les tapis rouges. Mais son problème, c’est le hardware. Il lui manque profondément une vision politique. »

    Didier Burkhalter, … un costume vide !

    Didier Burkhalter , … l’homme ayant «le charisme d’une autoroute ».

    Didier Burkhalter, … notre Brejnev !

    DB part en retraite à 57 ans, … retraite à vie d’environ 200’000.- CHF/année.

  5. Posté par Jean B le

    C’est sur ce dossier de l’emploi que la notion de “HAUTE TRAHISON” prend tout son sens.

    “HAUTE TRAHISON” car vous – politiciens gauchistes aux mains sales – êtes en train de mener à l’abattoir les nouvelles générations de Suisses.

    Dont font partie nos enfants……………………………………………

    🙁

    NOUS

    NE

    LAISSERONS

    PAS

    SACRIFIER

    NOS

    ENFANTS

    🙁

    … JAMAIS…

  6. Posté par Fanfouet le

    Mais pourquoi donc toujours publier des photos de Burkhalter aux côtés de son épouse Friedrun Sabine ? Lui seul a été élu au CF, pas Madame ! Elle n’a aucun rôle officiel ni fonction, elle doit rester dans l’ombre, tout comme le mari de Doris Leuthard ou Lukas Hartmann, qui est celui de Simonetta Sommaruga !

  7. Posté par Maurice le

    Cela fait regretter que la Suisse soit neutre, sinon, elle aurait tout intérêt à entrer dans le groupe de Visegrád, qui lui donnerait plus de force pour défendre ses intérêts.

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