Misère des “sciences humaines” : Les vieux schnocks et la relève

Thomas Mazzone
Enseignant, écrivain

“Du pluralisme médiatique au populisme anti-islam, analyse d’un site de ‘réinformation’ suisse et de ses connexions” (http://www.ca-jw.org/doc/AG/Invitation-AG13062017.pdf, Invitation-AG13062017). Quand la conclusion est dans le titre, l’intérêt est parfois dans les raisons qui l’amènent. Nous nous sommes donc rendus à Fribourg et, à notre surprise, ce qui promettait d’être une conférence publique s’est avéré être un huis-clos d’une douzaine et demi de personnes environ.

 

Outre des élucubrations difficiles à tenir sur le fait de ne pas avoir interrogé Uli Windisch (ni invité à venir s’exprimer), on constate que l’absence de dialogue s’avère parfois très dommageable. Ainsi, parmi de nombreux éléments qui auraient pu sans peine et sans secrets être directement transmis par nos soins aux “chercheurs”, figuraient aussi des fausses pistes. En mille: les vraies raisons du départ des journalistes Grivat et Barraud et le lancement des Observateurs annoncé sur la RTS. Une simple demande d’entretien eût pu écarter d’emblée un élément non représentatif, qui empilé à d’autres (plus ou moins pertinents), devait résulter en une thèse élaborée d’avance: lesobservateurs.ch n’a pas de neutralité journalistique, fait du mauvais travail et constitue une dérive nécessaire à analyser et à comprendre.

 

Surprenant tout de même, le conférencier Thomas Jammet, qui a suffisamment consulté notre site, estime que le qualificatif de “facho” n’est pas représentatif et que les articles peuvent varier dans leurs thèmes, leur style et leur teneur. Cependant, il estime que la dimension historique de la Suisse est détournée plus ou moins par les soins du Prof. Windisch, notre “caution scientifique”.

 

Dans la phase de discussion, sans surprise, il fut question des stratégies à employer contre la “réinformation”, aspiration menant dangereusement et quasi-systématiquement à la dérive. Cependant, notre sociologue estime, citant ironiquement un de nos articles mentionnant son collègue également présent P. Gonzales (https://lesobservateurs.ch/2016/12/27/universite-de-lausanne-cest-deja-houellebecq/), incarner une neutralité scientifique, presque en se glorifiant de la nécessité sociologique d’analyser le phénomène d’un œil externe, c’est-à-dire apolitique (Aristote lui aurait sans doute autrefois expliqué l’impossibilité d’une démarche apolitique).

 

Nous sommes ici intervenus, tentant pendant dix bonnes minutes (pour une conférence de 70 minutes, questions comprises) de faire prendre conscience au jeune sociologue d’un engagement qu’il n’avait peut-être ni réalisé ni souhaité et de la nécessité de venir dialoguer avec nous, pour fournir un travail s’approchant davantage de la neutralité et ne s’arrêtant pas à des éléments évidents, parmi lesquels certains sont même mis en avant par nos soins.*

 

Il est vrai que l’Islam est un thème récurrent dans la “réinformation”, il est vrai que l’immigration aussi, il est vrai également que plusieurs thèses circulent sur ces sujets: correspondent-ils à une volonté? à un phénomène? ce phénomène est-il inéluctable ou encouragé par certaines attitudes? quels pourraient être ses effets à terme? etc. ; mais la surreprésentation des thématique de l’Islam et de l’immigration ne constitue ni une ligne éditoriale, ni une dérive. S’il y a une logique de volume, de parts de marché des thèses et des thèmes, et un étouffement du critère de qualité, c’est un phénomène intrinsèque à la possibilité donnée à chacun de s’exprimer. Quand l’obsession se fait ressentir sur un thème, c’est qu’il constitue, si ce n’est une pierre angulaire, au moins le marqueur de quelque chose. C’est sur ceci, en premier lieu, que le sociologue doit s’interroger ; car les observateurs.ch ne sont pas une expérience journalistique, mais une ouverture à des opinions parfois tranchées et divergentes circulant au sein du peuple.

 

Bien évidemment, d’autres facteurs viennent troubler le jeu:

- les critères du journalisme institutionnel - les journaux existant depuis des décennies, touchant fonds, subventions et bénéficiant d’une réputation quasi-étatisée sont véritablement devenus des institutions en eux-mêmes - , tant dans la sélection que dans la façon de présenter l’information, qui est tout sauf neutre et immaculée d’Arbitraire ;

- l’absence de critères qualitatifs rationnels à cause de l’égalitarisme ambiant ; l’immédiateté et l’urgence de l’information ; 

- le trouble qui règne dans les critères pour reconnaître la partie observée de la partie analysée (faits et opinions) - ce n’est pas parce qu’une analyse est seulement induite chez le lecteur par une sélection plus ou moins consciente d’informations qu’il n’y a pas déjà là l’introduction d’éléments analytiques.

 

Cependant, si on ne s’intéresse pas au contenu ni au bien-fondé des catégorisations idéologiques, si on ne considère pas la possibilité que le “populisme” puisse, lui aussi, souligner des problèmes et proposer des voies de résolution avec pertinence, il est alors parfaitement impossible d’analyser le phénomène social là où il se trouve vraiment: on en perd la capacité ; on tombe fatalement dans un ancrage idéologique.

 

Alors, comme pour confirmer ce qui précède, sans comprendre l’invitation (ci-dessus) à avoir regard sur soi, un sociologue quelque peu défraichi, professeur lui aussi, sans doute, trouva bon de s’en prendre à Uli Windisch et à votre serviteur, comme s’il avait eu à faire à un espion venant enregistrer illégalement une conférence publique, pour le compte d’un homme “ne respectant pas la sociologie” et n’osant pas se montrer lui-même… Déjà eût-il été judicieux de le convier à venir réagir, non?

 

Sans doute frustré que nous ayons réussi, dans le calme, à maintenir un échange avec le conférencier pendant dix minutes (et ce, sur des bases courtoises et fondées), le vieux s. s’évertua même à nous intimider: “si vous publiez l’enregistrement, on vous attaque en justice!” Qui est-ce que ce “on”? De quoi devrais-je avoir peur? Si j’ai promis, au préalable, que j’enregistrais la conférence à titre privé, je lui ai tout de même rétorqué que je n’avais qu’une parole, mais que sa tentative d’intimidation n’était guère appréciée et ne m’inspirait aucune peur ; moyennant quoi, les convives devinrent tous blêmes et attendirent que je m’en aille pour recommencer à parler entre eux. Voilà ce qui arrive quand les grands mots et les grands airs des dinosaures qui ont sabordé les acquis de notre patrie ne font plus écho à aucune légitimité.

 

Thomas Mazzone, le 15 juin 2017

 

 

*Si ce jeune sociologue ou mon voisin de conférence désirent prendre contact avec moi, je les y convie par le biais du formulaire de contact des observateurs.ch . Le dialogue n’est ni une plaisanterie, ni un instrument de propagande, mais quelque chose de sincère et d’orienté non vers le fait d’avoir raison, mais vers l’insaisissable réalité des choses.

8 commentaires

  1. Posté par Spipou le

    Bobpholos, n’exagérons rien, il existe aussi des sociologues intéressants et honnêtes ! )))

  2. Posté par Spipou le

    Peut-on, en Suisse, vous attaquer en justice si vous publiez l’enregistrement d’une conférence qui, si j’ai bien compris, était publique ?

    Ca ressemble plus à de l’intimidation qu’à une menace pouvant être réellement appliquée !

  3. Posté par Trebark le

    Aucune méthodologie, aucun garde-fou épistémologique, aucune valeur ajoutée, zéro apport empirique: ces réunions de gauche haineuses ne sont que des défouloirs pour trotskistes narcissiques.

  4. Posté par bobpholos le

    Sociologue et philosophe ,deux beau métiers si vous voulez vous faire une belle vie tranquille mettant le travail en dernière position.Donneurs de leçons inutiles pour la société.

  5. Posté par Maurice le

    C’est marrant, parce que le texte d’introduction à cette conférence (voir le site cité dans l’article) pourrait être exactement appliqué à l’idéologie gauchiste…

  6. Posté par Maurice le

    Grand merci pour cette belle analyse, réfléchie et ouverte !

  7. Posté par Philippe Gonzalez le

    Monsieur, je n’étais pas présent lors de cette soirée, et mon non s’orthographie avec un “z” à la fin.[…]

  8. Posté par John Simpson le

    J’imagine qu’ils ont intérêt à ce que cette petite réunion ne soit pas trop connue du grand public. Tout le monde pourrait constater que Thomas Mazzone a humilié tous ces gens du monde académique en les mettant face à leurs contradictions et à leurs faiblesses argumentatives.

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