Djihadisme : “Les revenants, en grande majorité, ne sont pas des repentis. La déradicalisation a été un échec.”

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Partie rejoindre les rangs de l'Etat islamique en Syrie en 2015, Sonia B., une jeune femme radicalisée de 23 ans, avait choisi de fuir l'organisation terroriste et de revenir en France. Avant de repartir finalement de nouveau. Il y a un an, elle racontait son histoire au journaliste David Thomson, auteur du livre "Les Revenants". Ce dernier fait le point pour "Marianne" sur ces (allers)-retours.
Marianne : On a appris, ce vendredi 26 janvier, le départ en zone irako-syrienne d’une jeune femme radicalisée de 23 ans, Sonia B., connue pour avoir séjourné une première fois en Syrie début 2015 avant de fuir, d’être arrêtée puis d’être renvoyée en France. Vous avez rencontré Sonia B. à l’occasion de votre dernier livre, Les Revenants*. Ce type d’aller-retour est-il fréquent ? Quel est le profil de cette jeune femme ? 

David Thomson : On n’observe pas si souvent d’allers-retours entre la France et la Syrie ou l’Irak, notamment parce que depuis l’été dernier, depuis que l’Etat islamique (EI) a perdu son contrôle de la frontière turque, les départs se sont tassés. Quant à Sonia. B, elle est restée fidèle idéologiquement aux thèses djihadistes bien qu’elle ait été fait prisonnière par l’EI dans une madafa, (une maison/prison pour femmes ndlr), et qu’elle y ait subi des vexations voire des violences physiques. Quand je l’ai rencontrée, en 2015/2016 elle me disait en effet, lors des entretiens, que le jour des attentats de Charlie Hebdo avait été "le plus beau jour de sa vie"...

Longtemps les femmes gravitant autour de la mouvance djihadiste ont été considérées comme soumises. Aujourd’hui, leurs actions trouvent régulièrement écho dans l’actualité. Qu’est-ce-qui a changé ?

David Thomson : Les autorités ont eu une prise de conscience tardive de la menace. Aujourd’hui encore les femmes bénéficient d’une plus grande clémence alors que les hommes sont systématiquement incarcérés à leur retour. Comme si ces femmes n’étaient pas actrices de leur choix, comme si elles étaient victimes d’une instabilité psychologique liée à leur féminité. Pourtant il est apparu dès le départ qu’elles étaient tout aussi responsables que leurs maris. Dans le couple, elles apparaissent parfois même comme le moteur de la radicalité. Sonia. B par exemple, qui a perdu son mari mort lors de la bataille de Kobané, me disait en entretien : "j’espère que les sœurs vont commettre des attentats."

Il a beaucoup été question de ce qui motivait ces jeunes à partir en Syrie, qu’est ce qui les pousse désormais à revenir ?

David Thomson : Les raisons du retour sont multiples : les combats fratricides entre combattants, les conditions matérielles. Une jeune femme m'a raconté avoir quitté l'EI parce qu'elle était enceinte et qu’elle ne voulait pas accoucher sans péridurale. Comme il n’y en avait pas en Syrie, elle est rentrée en France. La paranoïa de l’EI pousse aussi à présent les jeunes à revenir. Plusieurs Français m’ont raconté avoir été suspectés et emprisonnés pour espionnage ou sorcellerie, des peines passibles de la peine de mort en Syrie. Et puis bien sûr, le vent a tourné militairement.

En France, ce qui attend ces jeunes radicalisés à leur arrivée c’est, entre autres, la prison. Cela n'empêche pas cependant leur retour ?

David Thomson : La prison c’est un peu un passage obligé. Elle fait partie du cursus honorum de tout djihadiste. Ils perçoivent l'incarcération comme une réponse à un discours de vérité. Rappelons aussi que les grands mouvements djihadistes sont nés en prison, ne serait-ce que l’EI dont la plupart des chefs sont passés par les prisons américaines du camp Bucca en Irak ou encore d'Abou Ghraib à Bagdad, la capitale. En détention, les jeunes radicalisés peuvent par ailleurs approfondir leurs connaissances, les livres circulent entre les cellules, ce n’est pas forcément une étape mal perçue. Un des revenants m'a envoyé une video de sa cellule. Il avait diffusé un jour, grâce à une enceinte, des chants djihadistes audibles depuis la cour de promenade. Un autre évoquait le fait qu’il avait quitté l’EI en Syrie mais qu’il l’avait retrouvé à Fleury (Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe située en région parisienne ndlr). Une structuration hiérarchique se remet de fait en place en prison. Certains individus placés en détention apparaissent également davantage radicalisés que ceux partis sur zone. Ce qui engendre parfois des incidents. Cet été par exemple à Fleury, une centaine de détenus paradaient dans la cour de promenade, la moitié habillée en noir, l’autre en blanc aux couleurs de l’EI. Ils refusaient de réintégrer leurs cellules.

Quel bilan dresse-t-on aujourd’hui des programmes de déradicalisation ?

David Thomson : Trois ans après le lancement des premiers dispositifs, il y a un consensus pour dire que ces programmes ont été un échec. Le seul bénéfice a été l’effet d’annonce qui a permis aux autorités de dire : "on fait quelque chose". Mais personne n’a été déradicalisé dans le cadre de ces programmes. Ceux qui sont sortis de leur embrigadement le doivent à leur parcours personnel ou à leurs propres initiatives. Je pense qu’il faut arrêter d’attendre de l’Etat qu’il arrive à déradicaliser ces jeunes. En revanche, il doit les accompagner, évaluer la menace…

Les revenants - ils seraient encore actuellement près de 700 présents sur zone - ne sont donc pas pour autant repentis ? 

David Thomson : Les repentis sont très minoritaires. La grande majorité garde une radicalité religieuse, et/ou violente.

5 commentaires

  1. Posté par Dominique Schwander le

    Pardonner à puis même aimer un ennemi, pardonner à un guerrier musulman sans uniforme revenant en Europe, aimer un immigrant, tendre l’autre joue, peuvent être une intention puis un acte de sanctification personnelle ou de justice individuelle, jamais une règle de droit imposée au peuple Souverain par l’amour de tous les autres, amour imbécile poussé au mépris de soi et des siens de l’idéologie droit de l’hommiste pour qui la rédemption et le rachat des criminels et des violeurs comptent plus que leurs victimes et les innocents. Ne tendons nos joues qu’à un coupable de notre choix parce que le pardon, l’oubli et l’amour manifestés à une multitude de criminels, de violeurs, de pervers sexuels, d’immigrants clandestins et de faux réfugiés créent un enfer pour les innocents et se fait toujours au détriment des autochtones, de leur qualité de vie, des familles et du peuple Souverain. La morale droits de l’homme a été dévoyée en une obsession légale intolérante de non discrimination, une nouvelle « religion » d’Etat. Il s’agit d’obtenir le paradis sur terre en instaurant l’amour des autres jusqu’au mépris de soi et des siens, au nom de la fraternité universelle et mondialiste devenue « sacrée » et soumise à la « justice » de ses juges-prêtres.

  2. Posté par rikiki le

    On va donc s’en prendre plein la g… Merci les bobos.

  3. Posté par Conrad hausmann le

    Non! Les salauds sont nos dirigeants qui acceptent que nous devrons vivre avec ces “bombes humaines -à-retardement”.

  4. Posté par miranda le

    QUE FAIRE DE TOUS CES CRIMINELS ET CRIMINELLES, qui n’auront jamais un seul sentiment de repentance. Et qui ont goûté à une certaine jouissance-violence criminelle, soit en étant témoin complice, soit en tuant vraiment.

    Est-ce que des années de prison peuvent “restaurer de tels individus” qui ne sont plus en décalage avec la société, MAIS QUI SONT DANS UN AUTRE MONDE QU’ILS SE SONT FABRIQUER ET DONT NOUS NE POURRONS PLUS LES DELOGER. CAR ILS CROIENT EN LA BEAUTE ET LA VERITE DE LEUR GESTE CRIMINEL.

  5. Posté par lepère hoquet le

    Les djihadistes sont des salauds. Lepère Hoquet.

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