L’Europe des Onze

post_thumb_default

 

 

La remarque est devenue banale qui valorise en même temps qu’elle définit le patriotisme à travers les émotions d’une équipe de football. Nous sommes loin de Maurice Barrès et les ressorts du patriotisme sont à l’image des valeurs de nos sociétés modernes. Hier la France footballistique avait les yeux rivés sur la ligne bleue des Vosges ! Ô tempora ! Ô mores ! Et que n’a-t-on entendu de lieux communs surannés sur la France, l’Allemagne, avec une délicatesse digne de buveurs de bière intempestifs. Puis, le dimanche suivant, on en a entendu bien d’autres sur le Portugal, les Portugais, etc.

Cette incarnation du patriotisme dans le football et ses joueurs notamment, montre bien l’enracinement ancestral charnel à la terre de ses aïeux que représentent les membres de l’équipe de France. Nouvelle définition certes du patriotisme à se demander si les mots ont encore une valeur. Mais de la même manière, combien doit-on aux tirailleurs sénégalais qui sont venus mourir dans les tranchées de 14-18 pour défendre la Patrie ? À la différence que c’est un véritable culte national quasi identitaire qui s’est créé autour de l’équipe de France de football, ce dont n’ont pas bénéficié nos glorieux tirailleurs africains. Au patriotisme émotionnel s’ajoute une sorte de nationalisme vindicatif dont on peut se demander quelles en sont les limites, sous des apparences pacifiques minorées par nos médias.

La troisième réflexion est d’une autre nature. Les réjouissances à peine voilées lors de l’élimination de l’Angleterre juste après le Brexit en disent long sur cette Europe adorée et transnationale de nos élites et de nos intellectuels. Chassez le naturel, il revient au galop ! L’Europe dans tout ça ? Celle qui doit niveler les peuples, qui doit extirper les sentiments nationalistes (« Le nationalisme ? C’est la guerre »), tordre les volontés populaires pour leur bonheur universel, favoriser et développer la mixité internationale, l’accueil au monde, fabriquer la race humaine de demain, comment cette Europe peut-elle supporter ces affrontements sportifs véhiculant autant de pensées inappropriées ? Peut-être considère-t-elle qu’il faut laisser au moins une soupape de défoulement aux peuples anesthésiés par ailleurs ? Mais derrière le foot, ses avatars qu’on appelle hooligans parmi les plus furieux nationalistes en sont les emblèmes symboliques.

Tous les dits et les non-dits attachés au football ont des relents suspects et parfois nauséabonds dans les manipulations des foules qu’ils sous-tendent. Mais qui voudra l’avouer lorsqu’on préfère se cantonner à minimiser la portée des évènements sportifs majeurs dont on sait que, comme pour l’art, ils sont des éléments essentiels de la politique.

D’ailleurs les États valorisent leurs équipes de football parfois à l’excès tant elles sont mobilisatrices des énergies primitives et simplificatrices des nations. En outre, une bonne victoire au football peut faire oublier un taux de chômage en hausse ou même remonter la courbe de popularité d’un dirigeant. Il est curieux qu’à une époque où l’on met le mot « populisme » à toutes les sauces, il ne soit venu à l’idée de personne que tout ce qui entoure le foot est l’expression même du plus méprisant des populismes. Il faut flatter le peuple dans ce qu’il a de plus fragile et l’encourager même à continuer. Pendant ce temps-là, les affaires continuent !

À quand un championnat d’Europe des patries régionales qui permettrait d’éviter les tentations primaires du nationalisme, les manipulations de politiques sans scrupule et surtout de construire un véritable sentiment d’appartenance européen autant qu’un attachement aux véritables patries charnelles. Un autre monde…

Vous avez aimé cet article ?

EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Cet article L’Europe des Onze est apparu en premier sur Eurolibertés.

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

Un commentaire

  1. Posté par Yolande C.H. le

    Encore un qui conspue le patriotisme, tout en souhaitant l’établissement d’une entité identitaire plus large, celle de l’UE, ouverte pourtant à l’afflux de migrants venant d’autres continents.

    -Mais alors, pourquoi les gouvernements (Hollande, Merkel) font-ils appel à l’unité NATIONALE?

    -Pourquoi l’état français refuse-t-il de donner des renseignement à l’état de Genève concernant l’aéroport de Cointrin et sa sécurité? Réponse: “Le spécialiste de la sécurité explique les réserves françaises par l’accès de la partie civile au dossier dans les cas renvoyés devant la justice. Cette situation expose les moyens français en matière de sécurité. Par ailleurs, M. Vautravers estime dangereuse la dépendance à des données étrangères.

    -Pourquoi un ressortissant français ayant commis un assassinat en Suisse peut-il vivre librement dans sa NATION?

    -Pourquoi l’UE exige-t-elle que les pays membres (NATIONS) solutionnent par leur propres moyens les problèmes issus des diktats de l’UE?

    -Pourquoi les socialistes suisses veulent-ils faciliter l’acquisition de la Nationalité suisse par les migrants, puisque la NATION les révulsent?

    -Pourquoi les migrants donnent-ils leur préférence à certaines NATIONS plutôt qu’à d’autres?

    -Pourquoi ces mêmes migrants se regroupent-ils par Nationalité , ou encore, à l’occasion, comme les turcs (inclus ceux qui ont obtenu la Nationalité allemande) défendent leur NATION, chantent leur hymne NATIONAL, célèbrent leur fête NATIONALE, brandissent leur drapeau NATIONAL ?
    -Quand un migrant installé en Suisse utilise le mot “Nous”, c’est à son pays, à sa NATION qu’il se réfère.
    Et la légitimité de l’état, où peut-elle encore se fonder? Quand Erdogan condamne le gouvernement allemand de ne pas autoriser la diffusion par vidéo de son discours lors des manifestations turcs pro-Erdogan, on peut sérieusement craindre la fragilisation des légitimités actuelles et donc la propagation de l’insécurité.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.