À 75 ans, elle a raconté ce mardi la violente attaque qu'elle a subie avec son mari, décédé l'an passé, à leur domicile de Perpignan en 2013. Terriblement émouvante.
Cette femme de 75 ans, percluse de douleurs, a dû s'asseoir sur une chaise, appuyée sur sa canne mardi matin devant la barre de la cour d'assises des P.-O. pour porter la mémoire de son mari. Celui qui l'épaulait pour avancer quand elle était figée par ses problèmes chroniques de santé. Lui avec qui elle avait toujours tout partagé jusqu'à son dernier souffle à l'automne dernier. Le bonheur comme les coups durs et cette terrible nuit du 11 au 12 juin 2013 où ils avaient été attaqués par des individus armés, chez eux, à Perpignan, jusque dans leur lit conjugal. Une heure d'effroi dont répondent depuis lundi Hedy Haifi et Hakim Falahe, 22 ans, respectivement défendus par Me Philippe Capsié et Me Fabien Large.
- "Il faudra me tuer avant"
"À 5 heures, ils sont arrivés, ils étaient trois, ils m'ont défoncé la porte et direct dans la chambre, raconte-t-elle. Je venais de me coucher, je ne dormais pas encore. Ils ont crié que c'était la PAF ou la police, je ne savais même pas ce que c'était. On ne pouvait pas les reconnaître, ils étaient cagoulés, gantés, habillés en noir. On ne voyait même pas leur bouche. Rien. Même pas le blanc des yeux. Ils ont commencé par mon mari pour savoir où on avait les lingots, notre coffre, l'argent… Mais on n'avait rien. Ils m'ont tout fichu en l'air. Ils ont commencé à taper mon mari avec la crosse du revolver pour le faire parler. Il était à moitié sonné et il a dit ce qu'il avait pour ne pas recevoir d'autres coups."
Pourtant, le calvaire dure, et s'intensifie. "Ils m'ont bousculée. Il y en a un qui a regardé sur moi si je n'avais pas des bijoux, il a même soulevé ma chemise de nuit pour voir. Et puis toujours des coups et des coups sur mon mari. Ils l'ont assommé complètement. Avec le revolver, le plus grand faisait tourner le barillet et il était chargé. Il refermait et crac, sur la tête de mon mari. Ils l'ont ligoté. Ils ont pris le couteau à pain, ils voulaient lui couper les doigts. Pour que ça finisse, je leur ai donné les clés de la voiture. Puis, ils disaient qu'ils allaient nous descendre et mettre le feu à la maison avant de partir. Je ne sais pas comment j'ai pu libérer mon bras."
Poussée par la force du désespoir, elle se jette alors sur le corps de son mari à demi-inconscient pour le protéger et affronte ses agresseurs. "Il faudra me tuer avant", leur lance-t-elle, les suppliant de pouvoir "partir la première".
- "À cause de ça, il a déclaré un cancer"
"Après ça, on ne vivait plus. C'est à cause de ça que mon mari est décédé. Ça lui a déclenché un cancer. Les coups ne sont pas sortis tout de suite, c'est venu après. Il me manque. C'était un homme fort, gentil, il avait toutes les qualités du monde. Je le regretterai toujours mais à eux, je ne pardonnerai jamais ce qu'ils ont fait à mon mari. Surtout un qui manque là, car c'est celui qui lui a fait le plus de mal. Ce n'est pas permis de faire des choses comme ça. Ça lui a fait un traumatisme affreux. Du jour au lendemain, on ne pouvait pas le reconnaître. Moi, si je n'avais pas mes enfants, je ne sais pas où je serais. Plus ça va, plus je me dégrade. Avec ça dans la tête jour et nuit… Je suis dans un tel état que l'on n'arrive pas à me relever. Je dors toujours avec la lumière, je ne peux plus rester dans le noir. Quand je rentre, je regarde partout. Je m'enferme tout le temps. J'ai trop peur même si je sais qu'ils ne peuvent pas revenir. Mais il y en a toujours un à l'extérieur et celui-là, c'était le chef j'en suis sûre. Et j'ai une odeur souvenir, ça me fait comme un viol et je l'ai toujours sous le nez.. Je ne peux pas oublier ."
Réquisitions, plaidoiries de la défense et verdict ce mercredi.
"On les appelait les inséparables"
"Qu'on leur rende un peu de leur dignité" a réclamé mardi Me Lise Peltier. À eux, "ces braves gens qui ont toujours vécu de petits moyens et dignement".Le respect dû à l'histoire simplement bouleversante de ces septuagénaires que "l'on appelait les inséparables". Elle, "née pendant la Seconde Guerre mondiale dans une famille de 11 enfants et 24 fausses couches où l'on vit dans la pauvreté et où l'on se bat pour manger".
Frappée par la polio et ne pouvant bénéficier d'un traitement gratuit que parce qu'une tante se démène pour fréquenter un infirmier. Les hôpitaux, le sanatorium… qu'importe, elle continue d'avancer même en boitillant sur ce chemin qui mène au bal et où elle le rencontre "presque" par hasard. À 18 ans, ils se marient. Lui, "le mouton noir d'une famille extrêmement pauvre, obligé de faire la basse-cour, les tâches ménagères avant de faire les devoirs et se rendre chez la grand-mère capter un peu d'amour". "Pourtant, il ne sombre pas dans la délinquance", pique l'avocate.
Il décroche son premier emploi dans une biscuiterie de Perpignan et prend peu à peu des responsabilités. Un CDI, deux enfants, la construction d'une modeste maison, "leur refuge" de 80 m2 payé avec un crédit sur 30 ans. "Il apprend à danser même si elle ne peut se déplacer et ils sont heureux."
À plus de 50 ans, il est le dernier licencié de son entreprise, devient vigile dans un supermarché, décroche un poste dans une société de pompes funèbres, au bas de l'échelle. Porteur de cercueil, il gravit là encore les échelons jusqu'à devenir maître de cérémonie. "Alors, il lui plante des roses car c'est du bonheur en odeur. Et leur vie est belle." Jusqu'à ce bruit qui craque en bas "qui fait mal au ventre avant même que l'on comprenne ce que c'est". "On leur a même arraché le papier peint pour voir s'il n'y avait pas un coffre-fort. On leur a volé leur sécurité, leur chez-soi, la destination même de chaque pièce. On leur a volé leur joie de vivre. On lui a volé son mari."
Oh, la Cesla Amar- El – Sheik déclarera que cela n’a rien à voir avec l’islam, que ces sources d’émerveillement constant pour l’Occident ont un peu dérapé, et que si leurs peines sont trop sévères, on les accueillera à bras ouverts en Suisse, où ils pourront d’office obtenir le statut de réfugié et tous les jokers qui s’y rattachent.
A C Donal@
Pauvre, pauvre dame…. Qu’en dit Cesla, la belle de coeur et la droite de mœurs ?