Rire des djihadistes, le remède? Qu’en pensent les proches des victimes et la population?

Christian Addy
Informaticien, photographe, blogueur

« Jérémy Ferrari fait rire en parlant de la guerre », journal de midi de la radio suisse romande 24. 3. 2016

Radio : Quand une journaliste prend ses fantasmes pour de l’information!

Ce midi j’écoutais sur RSR 1 l’interview de l’humoriste Jérémy Ferrari par Natacha Van Cutsem, et tout se passait bien, j’en étais presque surpris. Le sujet pouvait être délicat, cela aurait-il rendu notre journaliste plus prudente ? Je me posais précisément  cette question lorsque l'ange de la bien-pensance radiophonique apparut subrepticement! Et oui, presque à regret, car je guettais sans m’en rendre compte une béatitude informative rare : l’information, neutre, simple, sans ostracisme ni jugement de valeur ! Que nenni… L’instant magique  apparut suivi de son inévitable instant bisounours. Discrets, presque comme dans un souffle, comme si la pieuse servante de la bien-pensance n’avait pas réussi à cacher son fantasme coupable pendant la Grand-Messe.

Le sujet, pourtant bien amené, était en plus fort intéressant. Un artiste s’y explique de faire rire au détriment des terroristes. Au lendemain des attentats de Bruxelles la démarche peut sembler décalée mais il n’en est rien. L’humoriste y développe qu'il n'est pas un soldat, qu’il ne se voit pas prendre le fusil et tuer des gens mais qu’il n’est pas non plus quelqu’un qui se laisse faire. Pour lui, la dérision est une arme qui peut être efficace. La démarche est évidemment très respectable et l’interview se passait bien… enfin jusqu’à ce que le Démon des journalistes ne s’en mêle et souffle à l'officiante cette pulsion fatidique. En fantasmant à mon tour je l’entends rougir en posant cette question qu'elle sait corruptrice : « …votre spectacle a beaucoup fait parler de lui…" dit-elle en introduction et d’amener sa petite information fantasmagorique et pulsionnelle : «  Il y a des gens qui sont partis au début de vos spectacles ? » Ça y est, elle peut respirer, l’honneur est sauf, le jaillissement convulsif de la servitude à l’idéologie en place a eu lieu, elle peut se détendre, ni vu ni connu, ouf ! Sauf que...

Eclat de rire du comique qui, surpris par le saugrenu de cette question affirmative déclare en se reprenant : « Non, jamais personne n’a jamais quitté le spectacle, et d’ajouter avec délices, les gens restent, ils rient, je n’ai jamais eu de situations de ce genre... Crac ! On sent l’instant de solitude rédactionnelle, alors que le bonhomme explique calmement les raisons de son engagement. On vient de vivre un grand moment de dérision en direct, l'abîme radiophonique absolu, et on se dit se dit qu’elle a dû déglutir avec peine. Il n’en est rien. La parodie d'information continue.

A peine l’auteur de sketch explique-t-il qu’à son avis cela fait partie des façons de combattre,  que la voilà plaçant enfin la couche inattaquable de vernis en graisse de bisounours congelée comme l’enlumineuse placerait la touche finale de couleur à son œuvre : « C’est même la meilleure façon de combattre le terrorisme… », assène-t-elle à notre interviewé qui confirme  mollement, le pauvre. On croit avoir rêvé. Mais en fait pas tant que cela en fait, je viens de me rendre compte qu’il manquait la sauce crème essentielle à cet entremet médiatique : le jugement de valeur ! Evidemment quel idiot je suis, ça ne pouvait que venir, pensais-je à ce moment-là. T’as fantasmé toi aussi, me dis-je encore,  de croire que l’orgasme médiatique programmé pourrait une fois être évité, parce qu’elle s'était  retenue, juste un moment.

Les intellectuels et artistes de Charlie et tous ceux qui ont écrit sur le sujet apprécieront. L'esprit est plus fort que les balles oui, mais seulement une fois que les armes se sont tues... Bref : Un grand moment « d’information », un de plus !

Christian Addy, 25 mars 2016

Lien vers l'émission : Journal de midi de la rts 24 .3. 2016 ici

http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/l-invite-du-12h30/7578197-jeremy-ferrari-fait-rire-en-parlant-de-la-guerre.html

3 commentaires

  1. Posté par Peyhem Veys le

    Quand on a la trouille, on trouve toutes sortes d’excuses pour ne pas se battre. Et celle de se dédouaner en plaisantant en est une belle. De plus, Ferrari n’est pas drôle. Deux cibles manquées. La riposte commence fort…

  2. Posté par Vivi le

    On va voir combien vont garder leur sens de l’humour quand leurs femmes; mère , sœurs et filles seront violées devant leurs yeux, quand la population sera égorgée et décapitée ou enfermée dans des cages et brûlée vive , quand l’islam aura pris l’Europe …

  3. Posté par christian Addy le

    « Rire des djihadistes, le remède? Qu’en pensent les proches des victimes et la population? »
    Ca c’est de la responsabilité de l’éditeur :(… Le sujet est un peu malmené par son titre d’accroche.

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